mercredi 29 décembre 2010

Côte d’Ivoire : que faire là où le dialogue a échoué ?

(L'Observateur Paalga 29/12/2010)
« En attendant les émissaires de la CEDEAO », titrions-nous dans notre précédente édition pour un peu camper le grand suspense autour de l’attitude qu’adoptera Laurent Gbagbo devant les trois chefs d’Etat dépêchés par la CEDEAO.
C’étaient les présidents Pedro Pires du Cap-Vert, Yayi Thomas Boni du Bénin et Ernest Baï Koroma de la Sierra Leone. A leur arrivée, hier à Abidjan, les trois émissaires ont d’abord rencontré Choï Young-jin, le patron de l`Opération des Nations unies en Côte d`Ivoire (l’Onuci avec 9 000 hommes) dans un grand hôtel de la capitale économique ivoirienne. Au palais présidentiel, Laurent Gbagbo les attendait à la sortie de leurs véhicules et a donné l`accolade à chacun d`eux, avant de les faire entrer dans un salon de la présidence.
Au moment où nous bouclions, rien n’avait encore filtré. La seule nouvelle d’importance, c’est peut-être la décision de Blé Goudé, homme-lige de Gbagbo, qui a décidé, mardi en fin de matinée, de surseoir à la manifestation monstre qui était programmée pour se tenir aujourd’hui. « Pour donner une chance à la diplomatie », a annoncé le jeune ministre de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l’Emploi du gouvernement Gbagbo, qui s’essaie au langage policé.
Selon toute vraisemblance, l’option militaire est désormais l’ultime solution face aux positions tranchées. Une solution extrême pour des positions extrêmes, peut-on dire. Et elle sera, sauf tremblement de terre, adoptée. Le fait pour la CEDEAO d’avoir choisi le Premier ministre kényan, Raila Odinga, comme médiateur chargé d’assurer le suivi de la situation en Côte d’Ivoire et de renforcer les chances de succès en cours est symptomatique de l’état d’esprit des membres de la Communauté.
Mais quel genre d’intervention pour ce pays déjà exsangue après près de dix ans de crise ? A cette évocation, certains ne peuvent s’empêcher de penser à l’opération menée par l’Union Africaine (UA) en 2008 pour destituer Mohamed Bacar, président autoproclamé de l’Île d’Anjouan. L’institution dont le siège est à Addis-Abeba y voyait une leçon pour ceux qui pourraient être tentés de banaliser et contourner les voies démocratiques d’accession au pouvoir.
Le débarquement a lieu le 25 mars 2008 ; la capitale tombe dans la journée et le colonel Bacar prend la fuite. Arrivé avec quelques soldats sur l’île de Mayotte, il demande l’asile politique à la France, qui ayant étudié le dossier, rejette sa demande en décembre ; il obtient finalement l’asile politique au Bénin.
Mais n’allons pas vite en besogne. La Côte d’Ivoire, ce n’est pas Anjouan (424 km2), encore moins une île. En plus compliqué, elle est un vaste Etat (322 462 km2) et est entourée par cinq pays qui y comptent de nombreux ressortissants. Que faire pour que le sang ne coule pas pour la énième fois ? Alors, bien des questions devraient se bousculer dans la tête de tout observateur épris de paix. Combien de temps faudra-t-il pour monter cette force ? De quels pays sera-t-elle composée et qui va en prendre le commandement ? Qui la financera, quel sera le mode opératoire ?
Terrestre, aérien, infiltration ou opération-commando ? Il n’y a que les états-majors des pays membres de la CEDEAO qui puissent répondre à ces questions. Malheureusement, comme les voies du Seigneur, les leurs sont aussi insondables.

Issa K. Barry
L’Observateur Paalga
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