(Le Pays 28/12/2010)
Le général président malien, Amadou Toumani Touré, veut faire donner l’artillerie à AQMI (Al-Qaïda au Magreb islamique). En effet, il a procédé le 26 décembre dernier à un changement quasi général dans le commandement militaire du Nord du Mali pour renforcer la présence de l’armée dans cette zone devenue un terreau fertile pour les terroristes.
Le Nord Mali, selon toute vraisemblance, est devenu un véritable pandémonium qui échappe apparemment à tout contrôle, si fait que les terroristes, une fois avoir opéré dans d’autres pays, s’y réfugient sereinement. C’est d’ailleurs pourquoi, le Mali a longtemps été, à tort ou à raison, accusé d’être le ventre mou de la lutte contre AQMI d’autant qu’il donnait l’impression d’être complaisant avec les terroristes. Difficile pour le vulgum pecus, d’imaginer un Etat où l’autorité centrale n’a pas de réelle mainmise sur l’ensemble du territoire.
Cela, on le sait bien, donnait de l’urticaire au général ATT qui traîne AQMI comme un boulet au rutilant tableau de son bilan au sommet du pays de Soundjata Kéita. La présence d’AQMI a considérablement entamé l’image du Mali, pas plus qu’elle n’a fait du pays une passoire où s’opèrent les contrebandes de tout genre. En donnant une nouvelle configuration au commandement militaire du Nord de son pays, ATT veut, en plus d’apporter du sang neuf, adopter une nouvelle stratégie de lutte. N’est-ce donc pas aussi un aveu d’impéritie d’autant qu’un tel changement laisse aussi entrevoir un manque d’efficacité ou de compétence ? Rien n’est moins sûr.
En tout cas, tout le mal que l’on peut souhaiter à ATT, c’est qu’avec sa nouvelle stratégie, il puisse venir à bout de la nébuleuse terroriste qui s’emploie à faire de la sous-région une nouvelle "Somalie land". Après avoir combattu triomphalement la rébellion touarègue, ATT jette maintenant son dévolu sur AQMI. La lutte sera serrée, au regard de la taille et de la férocité de l’adversaire. Mais il faut vaille que vaille aller au charbon, si tant est qu’il souhaite redorer l’image de son pays dont le nom, depuis plusieurs mois, rime avec insécurité. La paix et la sécurité nationales sont à ce prix. C’est aussi l’occasion d’interpeller à nouveau tous les pays de la sous-région, qui traînent encore les pieds, sur l’impérieuse nécessité de mutualiser les efforts dans la lutte contre AQMI.
Faute de quoi, les mesures unilatérales, quelque décisives qu’elles soient, ne seront qu’un coup d’épée dans l’eau, au grand bonheur de cette bande crapuleuse et sans scrupules, qui sème à tout vent terreur et désolation sur leur passage et ce, sous le couvert d’une peste idéologique.
Le jeu en vaut la chandelle, puisque les sept otages enlevés en septembre dernier, à Arlit au Niger, viennent de commémorer dans la douleur leur 100e jour dans les mains de la pieuvre.
Boundi OUOBA
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