vendredi 31 décembre 2010

Niger - Corruption au Niger: les étrennes de la 7e République

(L'Observateur Paalga 31/12/2010)
En cette fin d’année, le Niger se trouve à un mois jour pour jour de la présidentielle qui désignera le premier président élu de la Septième République. Une élection d’autant plus ouverte que l’actuel homme fort de Niamey, le général Salou Djibo, n’est pas candidat. Pour cette compétition au suffrage universel et populaire, dix partants, parmi lesquels quelques-uns des plus gros poids lourds de la vie publique nigérienne, sont en lice pour conquérir le fauteuil présidentiel.
Mais avant de tourner définitivement la page de la transition et de céder la place au nouveau chef de l’Etat, le chef suprême de la junte entend bien tenir toutes ses promesses et en particulier celles concernant les délinquants à cols blancs. En effet, bien décidé à secouer le dattier planté par son prédécesseur Mamadou Tandja, renversé le 18 février dernier, le président de la transition s’est fermement engagé à assainir les finances publiques et à revoir la gestion des affaires publiques par le régime déchu.
Et pour remplir cette délicate mission, une « Commission de lutte contre la délinquance économique et financière » a été créée. Véritable bras armé de la lutte contre la corruption, elle a fauché sur son passage quelque 2069 personnes soupçonnées de malversations diverses. Autant d’ex-ministres, de députés, de militaires, de hauts fonctionnaires et de membres de l’ancienne famille régnante ont dû faire les frais de ces investigations commanditées par la junte.
On estime ainsi que le total des fraudes s’élève à environ 64 milliards de francs CFA, dont 57 milliards ont été dissipés dans la seule période allant de 2000 à 2010. On peut comprendre alors pourquoi, parvenu au terme de son ultime mandat, l’ex-président tenait mordicus à parachever ses chantiers, ou plutôt ses prédations en cours. Mardi soir, dans une déclaration à la télévision d’Etat, le président de la Commission a affirmé avoir reçu 50 dossiers relatifs à des malversations ; un travail de fourmi qui aura permis de récupérer 5,626 milliards de francs CFA, soit près d’un dixième de l’argent détourné.
La besogne de la Commission reste donc colossale, mais avec l’engagement et le soutien du chef du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), nul ne doute qu’une bonne partie de l’argent détourné sera retrouvé. Pour l’heure, on imagine que les deniers publics ainsi récupérés réintégreront les caisses de l’Etat avant d’être réinvestis dans différents projets sociaux, notamment dans la construction d’un grand hôpital à Niamey, comme l’avait promis le général Djibo Salou.
Des étrennes gracieusement offertes par la Septième République et que l’écrasante majorité des contribuables nigériens accueilleront avec la plus grande joie, eux qui, des années durant, ont contribué à enrichir les quelques oligarques du régime Tandja. La voie du changement est désormais tracée, et les moyens d’action disponibles. Reste seulement à espérer que le président qui prêtera serment en avril prochain, à l’instar de son militaire de prédécesseur, s’engagera dans la voie de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption endémique.

Par H. Marie Ouédraogo
© Copyright L'Observateur Paalga

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