Plusieurs attaques ont causé la mort d’une quarantaine de personnes dans la région de Jos, où les tensions sont récurrentes entres chrétiens et musulmans
Plusieurs communautés chrétiennes ont été victimes d’attentats en ce week-end de Noël. Aux Philippines, six personnes ont été blessées samedi lors de l’explosion d’une bombe dans une église située dans une base de la police, sur l’île de Jolo. Mais c’est au Nigeria que les chrétiens ont été le plus dramatiquement touchés ces derniers jours.
Vendredi 24 décembre, des membres présumés du groupe islamiste Boko Haram, qui affirme vouloir instaurer un État islamiste « pur », ont attaqué trois églises de la ville de Maiduguguri, dans le nord du pays, incendiant l’une d’elle. L’attaque a fait six morts, dont un pasteur.
Le même jour, une série de sept explosions a causé la mort de 32 personnes et blessé 74 autres, dans la ville de Jos, capitale de l’État du Plateau. Aucun lien n’a été dans un premier temps établi entre ces différentes attaques.
Le but des attentats : «dresser les chrétiens contre les musulmans»
À Jos, la plupart des victimes faisaient des courses la veille de Noël. La ville se situe au centre du pays, à la limite entre le Nord, à majorité musulman, et le Sud, principalement chrétien. Le président nigérian, Goodluck Jonathan, a promis de traduire en justice les responsables d’attentats « qui ont tué de nombreux Nigérians innocents, tant chrétiens que musulmans ».
Selon le chef d’état-major de l’armée, le général Azubuike Ihejirika, ces événements constitueraient un tournant dans la région, le recours à des bombes ajoutant « une dimension terroriste » dans les relations déjà tendues entre les deux communautés.
Pour le gouverneur de l’État du Plateau, Jonah David, le but des instigateurs des attentats est d’ailleurs « de dresser les chrétiens contre les musulmans et de déclencher un nouveau cycle de violences qui culmineraient dans le sabotage des activités préélectorales ». L’élection présidentielle doit en effet se dérouler en avril et cette échéance exacerbe les tensions.
Patrouilles de l'armée dans les rues de Jos
Depuis le début des années 2000, le Nigeria connaît une alternance d’attaques et de représailles, qui a entraîné la mort de plus de 2000 personnes, tantôt musulmanes, tantôt chrétiennes. Ces massacres, présentés comme religieux, ont aussi des causes ethniques, économiques et sociales. Ils reposent notamment sur une opposition entre les nomades (musulmans) et les agriculteurs sédentaires (chrétiens).
Dimanche, l’armée nigériane patrouillait dans les rues de Jos afin d’empêcher une nouvelle explosion de violence. Des soldats arrêtaient et fouillaient les voitures. Cela n’a pas empêché quelques échauffourées, qui ont fait un mort de plus en milieu d’après-midi.
Michel WAINTROP (avec AFP)
la-croix.com
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