(Le Pays 27/12/2010) Le Nigeria est de nouveau en proie aux démons de la violence. Foyer de haine et d’intolérance ethnico-religieuses, ce géant, ou plus exactement ce mât de cocagne de la sous-région ouest-africaine, est constamment en proie à des agitations sociales intenables et singulières. Chaque jour qui naît apporte avec lui son lot de misères, mettant ainsi à mal l’équilibre social dans ce pays où tout fonctionne à rebours. Les violences y sont légion et sont en passe de devenir irréversibles.
En effet, à la veille de Noël, le pays a encore connu une série d’attentats à la bombe et d’attaques d’églises, sans précédent. Des membres présumés d’une secte islamiste ont attaqué trois églises, brûlant l’une d’elles et faisant six morts. Dans le centre du pays, à Jos qui marque la limite entre le nord majoritairement musulman et le sud principalement chrétien, une cinquantaine de personnes auraient été assassinées et soixante-dix autres blessées. Basta ! Pas plus tard que le 1er octobre dernier, le jour même où le pays célébrait le cinquantenaire de son indépendance, deux attaques terroristes, de grande envergure, avaient été perpétrées, contraignant ainsi les distingués hôtes à rejoindre illico presto leurs pays respectifs, et ce, sans les traditionnels gestes d’adieu. En réaction à ce psychodrame, les autorités nigérianes avaient organisé une vaste opération de ratissage, allant jusqu’à chasser certains étrangers, notamment des Camerounais, des Tchadiens et des Nigériens, accusés à tort d’être de connivence avec les fondamentalistes de la secte Boko Haram. Quel saupoudrage ! En réalité, les dirigeants nigérians ont l’art de régler superficiellement ou de façon palliative les problèmes. Ils ne prennent pas des mesures efficaces et durables face au problème de l’intégrisme qui, il est une lapalissade de le dire, a bien assis ses tentacules. La preuve est que l’on assiste de plus en plus à des formes d’attaques diverses, itératives et spécialisées. Il est temps que les autorités nigérianes aillent au charbon pour mettre à jamais hors d’état de nuire cette crapule qui s’emploie instamment à affecter, outre mesure, l’unité et la cohésion nationales. Le fanatisme est une peste qui mérite d’être combattue avec des mesures énergiques. Un homme qui tue son semblable sous le couvert d’une religion est un impie qui s’ignore et mieux, un misanthrope, de loin plus nuisible que toutes les épidémies de l’histoire de l’humanité. Aucune religion, de par le monde, pour autant qu’elle soit digne de ce nom, ne peut enseigner la haine et l’intolérance. D’ailleurs, la paix et l’amour du prochain sont des valeurs théologales professées par la Bible et le Coran.
En tout état de cause, il ne doit guère exister, dans un Etat de droit, une loi du talion qui confine à un cycle infernal de vengeance. Les dirigeants nigérians doivent prendre la mesure de la situation, si tant est qu’ils souhaitent donner à leur pays, son lustre d’antan. Pour ce faire, il faudra, si besoin est, envisager un processus de réconciliation nationale afin d’asseoir une nation unie et prospère.
Boundi OUOBA
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