(L'Observateur Paalga 29/12/2010)
L’actualité politique de la semaine écoulée nous conduit au Nigéria où la région de Joss a connu un Noël des plus sanglants.
Voici un pays qui s’arroge volontiers la vocation de jouer le rôle de locomotive sur le continent africain mais qui, paradoxalement, peine à instaurer la paix religieuse minimale au sein de sa propre population. Des émeutes interconfessionnelles, le Nigéria est plus que coutumier des faits. Et ce, depuis de longues années.
Des émeutes à répétition et qui, à chaque fois qu’elles se produisent, font des dizaines, des centaines de victimes. La quarantaine de victimes du Noel sanglant de cette fin d’année ne font qu’allonger une liste déjà vertigineuse d’une intolérance religieuse à la vérité sauvage, barbare et qui, en réalité, n’aurait rien à voir avec la foi.
Car, enfin, même dans les guerres les plus sanglantes, il est de bon ton de respecter la trêve de Noel. Mais dans la région de Joss, l’aveuglement religieux a atteint son paroxysme, au point que plus rien ne possède aucune valeur : ni l’humain, ni le divin. Seule importe la haine ravageuse et dévastatrice qui sème larmes, douleur, destruction. Mais pour assouvir quel désir ? La question reste pleine et entière.
Et une fois de plus, on se voit dans l’obligation de se demander ce que fait le gouvernement central nigérian. Goodluck Jonathan a bien promis que tout serait entrepris pour débusquer les commanditaires de ces tueries aux fins de les déférer devant la justice. Dont acte. Mais fort malheureusement il s’agit-là de propos déjà tenus et de promesses déjà entendues.
Quelle sera la nouveauté qu’il introduira et qui contribuera à résoudre véritablement et efficacement ce problème de violences récurrentes dont le Nigéria a fini par se faire une bien triste réputation et pour lequel rien ne se profile à l’horizon indiquant qu’on en approche de la fin ?
Dans la quasi-totalité des pays africains, cohabitent des adeptes de religions différentes. Nulle part, des tueries de l’ampleur de celles que l’on connaît au Nigéria n’auront jamais été constatées. Dans des régions où on a quelquefois pressenti des escarmouches en préparation, les autorités en place ont pris à temps les décisions qui s’imposaient. Et la lucidité des leaders religieux aidant, les affrontements ont été évités.
Malheureusement, ce sont là autant d’éléments qui semblent manquer au géant nigérian. Des leaders religieux très fanatiques et radicaux trouvent en la faiblesse de l’Etat fédéral une source de vigueur qui alimente leur intolérance et leur passion et leur permet d’instrumentaliser une jeunesse désœuvrée en quête de quelque gourou qui lui donne le sentiment de servir à quelque chose.
Le résultat, on le voit, malheureux, déplorable, désastreux. Le gouvernement nigérian a tout intérêt à trouver les solutions adéquates qui servent à éradiquer un tel fléau. Refuser de le faire expose le pays tout entier à de futures explosions de représailles de plus en plus récurrentes, dévastatrices et meurtrières.
Des guerres de religion, l’Histoire en regorge. A profusion. Mais toutes n’auront fait la démonstration que d’une chose : une religion mal comprise se conjuguant avec un fanatisme incontrôlable va à l’encontre de la foi. L’homme en arrive alors à détruire son semblable pour plaire au divin. La chose est d’un ridicule incommensurable car elle s’identifie à l’absurde.
On attendra de voir le gouvernement de Goodluck Jonathan à la tâche. Elle sera sans doute rude, mais il leur revient de la réussir. Pour redorer le blason terni du géant d’Afrique et pourquoi pas, lui consentir le rôle qu’il s’emploie à se voir accorder à l’échelle continentale.
Ashley Mathilda
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