jeudi 30 décembre 2010

Côte d'Ivoire - L'ambassadeur ivoirien à l'ONU craint "un génocide"

(Le Monde 30/12/2010)
Youssouf Bamba, ambassadeur de Côte d'Ivoire à l'ONU désigné par Alassane Ouattara, le président ivoirien reconnu par la communauté internationale, a demandé mercredi 29 décembre à l'organisation d'agir pour empêcher un "génocide" dans son pays.
"Nous sommes à deux doigts d'un génocide, il faut faire quelque chose", a-t-il averti. Il a ajouté que qu'Alassane Ouattara était "vraiment inquiet" des attaques perpétrées contre ses partisans. Des personnes ont été tuées uniquement "parce qu'elles voulaient manifester, se faire entendre, défendre la volonté du peuple", a-t-il indiqué à des journalistes, expliquant que dans certaines zones les maisons avaient été marquées en fonction de l'appartenance tribale de leurs propriétaires.
"Qu'est-ce qui va se passer après ? La situation est très grave et c'est le message que j'ai transmis au cours des rencontres que j'ai eues, y compris avec le secrétaire général" de l'ONU, Ban Ki-moon, a ajouté M. Bamba. "La protection des civils est au cœur de (l'opération) de maintien de la paix (de l'ONU) et nous attendons des Nations unies qu'elles remplissent leur mission", a-t-il ajouté.
APPELS AU COMBAT
La force des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) est composée de 9 105 hommes et femmes représentant 42 pays. Elle prévoit entre autres mesures le recours à la force en cas de menace contre la paix. Le président sortant Laurent Gbagbo a exigé son départ, l'accusant de soutenir l'ex-rébellion alliée à Alassane Ouattara.
Dans un entretien au Monde, lundi, M. Gbagbo n'a pas hésité à parler de risques de guerre civile en cas d'intervention étrangère. "Il y aura peut-être un désordre intérieur, une guerre civile en Côte d'Ivoire, parce que nous n'allons pas nous laisser piétiner notre droit et nos institutions", a-t-il prévenu.
Charles Blé Goudé, chef de file des Jeunes patriotes, mouvement favorable au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, a quant à lui menacé de donner l'assaut samedi à l'Hôtel du Golf, où Alassane Ouattara et son premier ministre, Guillaume Soro, sont retranchés sous la protection de l'ONU. "Je demande aux jeunes de Côte d'Ivoire de s'apprêter. Que les troupes aux mains nues s'apprêtent à récupérer Soro au Golf", a-t-il lancé mercredi à ses partisans, fixant l'échéance au 1er janvier.
Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara se disputent la présidence depuis un mois. Le second a été déclaré vainqueur du second tour de la présidentielle par la commission électorale indépendante, un résultat reconnu par la quasi-totalité de la communauté internationale, mais contesté par le président sortant. Les violences post-électorales ont fait au moins 173 morts selon l'ONU et provoqué l'exode d'environ 19 000 Ivoiriens.

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters
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