Togo - Lettres Ouvertes à Faure Gnassingbé et à Gilchrist Olympio

(APPA 02/08/2010)
Des collectifs de la diaspora patriotique, CMAF-Togo et MoLiTo s'adressent à Faure Gnassingbé et à Gilchrist Olympio.
Par deux lettres ouvertes envoyées à Faure Gnassingbé et à Gilchrist Olympio au mois de juillet 2010, deux collectifs de la diaspora patriotique, CMAF-Togo et MoLiTo s'adressent aux deux protagonistes de la crise togolaise et les mettent devant les choix historiques cruciaux pour la libération du Peuple Togolais.

Appel patriotique à Monsieur Faure GNASSINGBE
chef de l’Etat Togolais.
- Lettre Ouverte -
Objet : Proposition de sortie de crise.
Monsieur Faure GNASSINGBE,
Nous, collectifs d’organisations de la diaspora patriotique ci-dessous cités, domiciliés en Amérique du Nord et en Europe, gravement interpellés par l’enlisement sans précédent de la crise politique dans notre pays et l’état de délabrement dans lequel celui-ci se trouve, vous lançons cet appel urgent.
Comme le monde entier peut le constater, vous et nous avec, le Togo, notre cher pays à tous va mal, très mal et de plus en plus mal. Un véritable gâchis pour un peuple pourtant réputé sérieux et très travailleur.
A votre intronisation à la tête de l’Etat en 2005, malgré la désapprobation unanime, quelques togolais avaient cru que cela allait peut-être pouvoir contribuer à enrayer l’asphyxie politique, économique et sociale du peuple Togolais. Bien au contraire, à présent, aucun Togolais ne doute que le système au demeurant transnational dont vous avez hérité, a encore plus gravement resserré son étau sur le pays.
Vous pouvez aujourd’hui prendre l’initiative courageuse de renoncer à ce pouvoir et de mettre notre pays dans la liste des pays démocratiques d’Afrique.
Oui, le plus grand service que vous pourriez rendre à ce cher pays à nous tous est de prendre du recul et de négocier votre départ. Nous vous le demandons par amour pour ces 6 millions d’âmes fraternelles et pacifiques, qui ne demandent qu’à s’épanouir librement dans un Etat de droit, et en harmonie dans leur riche diversité culturelle.
La fuite perpétuelle en avant dans la ruse et la violence pour échapper au peuple et à l’opposition, par peur d’avoir à subir les règlements de comptes, ne fait qu’allonger la liste des victimes de votre régime et gonfler par conséquent celle des personnes hostiles et radicales. En rapport avec ceci, la facture du changement risque d’être encore plus explosive à chaque fois qu’un pas supplémentaire est franchi dans cette vieille logique. Et ce n’est pas un tel processus de changement que nous souhaitons.
Pour tout cela, nous vous exhortons, au minimum, à inviter toutes les forces politiques à une table de discussion pour négocier votre départ.
Nous pensons que prendre volontairement du recul sera à votre honneur, honneur que vous pourrez toujours capitaliser pour un retour aux affaires quelques mandats plus tard, si le peuple le souhaite. Nous prenons à témoins les cas de Mathieu Kérékou au Bénin et de Toumani Touré au Mali. Le peuple Togolais vous en sera reconnaissant et vous pardonnera tous les errements, y compris les plus sanguinaires. Le précédent Sud africain de sortie du régime d’apartheid en témoigne encore de la capacité de l’être humain en général et de l’Africain en particulier à se dépasser pour se libérer de ses chaînes. Notre pays peut également, dès aujourd’hui, se sortir de l’ornière par une voie aussi élégante pour tous.
La dictature et l’oppression des peuples à travers l’histoire n’ont jamais été éternelles. Depuis la période de Pharaon jusqu'à très récemment au Niger, en passant par les régimes d’Hitler, Mussolini, Franco, Mobutu, la dictature s’est toujours montrée éphémère et catastrophique à la fin. Malheureusement, ces hommes, pour la plupart, ne sont plus du monde des vivants pour que vous puissiez prendre des conseils directement auprès d’eux.
Vous n’avez pas à craindre pour votre vie, car le peuple Togolais est aujourd’hui suffisamment mature politiquement pour ne pas prendre un quelconque risque de chasse aux sorcières.
Vous n’avez pas à craindre non plus pour vos biens, car le peuple Togolais est suffisamment intelligent, courageux et travailleur ; le sol et le sous-sol suffisamment féconds pour reconstruire le Togo, même en repartant de zéro.
Comme vous, nous sommes bien conscients des malentendus sociaux et politiques qui ont empoisonné le pays depuis des décennies.
En tant que patriotes togolais, attachés à la valeur et à la force africaines de la parole donnée, nous nous engageons à participer activement à l’accompagnement du peuple dans un tel processus pacifique et exaltant de sortie de crise. Vous pouvez rassurer ceux autour de vous qui ont peur des représailles, que nous nous engageons à ne rien laisser au hasard qui puisse compromettre une transition pacifique, qui préserve l’intégrité physique et les biens de tous ceux qui, comme nous, se seront engagés sincèrement dans le processus. Vous pouvez aussi rassurer les militaires et les officiers proches de vous que la démocratie ne les enverra ni au chômage ni dans les prisons s’ils acceptent de s’engager sans aucune arrière pensée dans cette construction d’une nouvelle ère.
Monsieur Faure Gnassingbé, ne vous fiez pas yeux et oreilles fermés aux acteurs étrangers, déclarés ou dans l’ombre, car ils seront les premiers à vous lâcher à tout moment, afin de préserver leur image et leurs intérêts. La preuve est que certains parmi eux veulent de plus en plus sympathiser avec nous pour garder leur chance dans le futur car ils sont convaincus que tôt ou tard, le changement aura lieu. Aucun peuple n’est resté éternellement dans la soumission et aucune lutte n’a été éternellement infructueuse. Si les élections continuent à être ainsi vidées de leur sens, sans qu’aucune solution ne soit trouvée pour assurer, n’est-ce que transitoirement, une gouvernance légitime ou tout au moins équitable, nous ne pouvons avoir peur que de ce que le peuple peut entreprendre pour se libérer.
C’est un devoir pour tout citoyen de se soumettre à la volonté du peuple et de se fier à lui d’abord avant les réseaux d’intérêts étrangers. Il vous revient de préférer la protection du peuple plutôt que celle de quelques intéressés extérieurs comme intérieurs, fussent-ils puissants, car aucune puissance n’égalera celle du peuple à terme.
Notre bonne foi commune ne peut que nous mettre d’accord. Tout pas supplémentaire qui pourrait encore être franchi dans la vieille logique d’affrontement sera un pas à chaque fois de trop.
Monsieur Faure Gnassingbé, les effets du dernier gouvernement que vous avez récemment formé doivent vous prouver que la lutte du peuple togolais est comme celle des abeilles. Vous vous débarrassez de deux et voila dix qui surgissent.
Pour toutes ces raisons, nous vous appelons à méditer et mûrir la réflexion afin de prendre la décision capitale pour un nouvel avenir plein de promesses au Togo.
Nous souhaitons vivement que cette lettre puisse contribuer à votre inspiration pour que vous décidiez enfin d’agir.
Que notre amour commun pour le pays prenne le pas sur nos peurs et nos intérêts éphémères, afin que nous aboutissions ensemble à la mise en œuvre salvatrice du présent appel.
Restant à l’écoute dans cet esprit de patriotisme rénové, nous vous adressons nos meilleures salutations.

- Le 16 Juillet 2010 -
Les organisations signataires :
§ Committee for Motivation and Action for Freedom in Togo (CMAF-Togo), Farouk BANNA
P.O. Box 40 154 - Raleigh, NC, 27629 - Etats Unis d’Amérique
E-mail: contact@dontvotefaure.com
§ Mouvement du 4 mars pour la Libération du Togo (MoLiTo), Assimesso Kofi ALOUDA 
8, rue du Faubourg Poissonnière, 75010 Paris – France
E-mail: contact@molito.org

Appel ultime à Monsieur Gilchrist OLYMPIO
- Lettre ouverte -
Objet : Vos rapports à la lutte de libération du Peuple Togolais.
Monsieur,
Nous, collectifs d’organisations de la diaspora patriotique ci-dessous cités, domiciliés en Amérique du Nord et en Europe, gravement interpellés par l’enlisement sans précédent de la crise politique dans notre pays, vous lançons cet ultime appel.
Depuis 2005, nous assistons avec émoi à un changement d’attitude de votre part dans la lutte de libération du Peuple Togolais.
Des voix se sont élevées ci et là pour crier à la haute trahison tandis que d’autres espéraient encore, croyant à un simple malentendu.
Monsieur, les derniers actes que vous avez posés son plus que troublants. A commencer par votre caution au dernier gouvernement néocolonial de Faure Gnassingbé et Gilbert Houngbo, en participant à sa mise en place.
Vous constatez par vous-même à quel point le Peuple Togolais se sent bafoué et floué ! Votre acte vous a semblé, vous-même, si fort que vous avez décidé de mettre dans la balance, le symbole le plus grand qui reste à la nation togolaise, celui de votre père Sylvanus, en faisant votre conférence de presse de ralliement officiel au régime du RPT-Françafrique dans son bureau.
Comme si cela n’était pas suffisant, vous semblez désormais chercher à saborder l’un des instruments politiques de lutte qu’est le parti UFC. Vous le savez bien, ce n’est pas parce que vous ne vous sentez plus en mesure de continuer la lutte jusqu’au dénouement attendu, que vos suivants ne pourraient pas achever le travail entamé. Les obstacles dressés sur le chemin du Peuple Togolais font de cette lutte une course de relais. Pourquoi compliquer la tâche à la relève en détruisant les acquis ? Cette relève–là qui a si longtemps cru en vous ? Un dicton africain bien connu ne dit-il pas que « c’est au bout de l’ancienne corde que l’on tisse la nouvelle » ?
Il n’y a pourtant pas de honte à ne pas avoir pu conduire vous-même le combat jusqu’à sa conclusion attendue par le Peuple. Ce n’est pas ce qui vous enlèverait le mérite, celui de la construction avec le Peuple, des leviers de la lutte. Voilà que c’est vous-même qui piétinez ce mérite en posant des actes de nature à dresser des obstacles supplémentaires au moment fatidique où le Peuple est enfin prêt à se libérer.
Monsieur, c’est à croire que votre volonté est aussi de confirmer, coûte que coûte et sans complexe, les bruits qui ont couru depuis 2005 au sujet d’accords secrets que vous auriez conclus avec le pouvoir protégé de l’hydre françafricain incrusté au Togo, sous l’égide des parrains transnationaux de cette Françafrique à Ouagadougou et à Abuja. Abuja d’où résonne encore dans nos oreilles, le « … You are not a gentleman » d’Obasanjo. Sans compter les institutions mi-occultes, mi-religieuses comme celle de Sant Egidio…
Tout de même, nous nous demandons encore quels seraient ces accords qui puissent être au dessus de la survie du Peuple Togolais? Sachant que le pouvoir RPT-Françafrique n’a quant à lui jamais tenu parole dès que ses intérêts étaient menacés ? Un comportement bien résumé par l’ancien mentor général de cette Françafrique, Jacques Chirac, dans son célèbre « …les promesses n’engagent que ceux qui les croient » !
Dans ces conditions, comment s’empêcher de vous classer désormais, vous aussi, dans ce système prédateur néocolonial, ennemi du Peuple Togolais et plus largement, des Peuples Africains ?
Monsieur, vous semblez avoir découvert, seulement maintenant, l’ampleur des obstacles auxquels notre Peuple est confronté depuis la confiscation de son indépendance en 1963 par la pieuvre françafricaine.
Nous avons encore plus de mal à croire que votre combat était dirigé uniquement contre une personne, Eyadèma. Il nous est difficile d’imaginer que ce combat ne visait pas le système ruineux qui transcende les personnes. Car il a suffi que le premier représentant de ce système au Togo, à savoir Eyadèma, soit mort en 2005 pour que vous trouviez des arrangements avec.
Comment voulez vous que les Togolais vous reconnaissent encore ?
Quant aux justifications que vous donnez, à savoir les changements institutionnels, l’apaisement des souffrances du Peuple, etc. nous ne pouvons imaginer que vous y croyiez vous-même. Depuis les expériences malheureuses de Kokou Koffigoh à Yawovi Agboyibo, en passant par Edem Kodjo, plus personne n’est dupe. La preuve a été abondamment faite que le système en place détruit et digère systématiquement tout ce qui collabore avec. Il n’échappe à aucun citoyen togolais que ce sont ces collaborations qui ont consolidé et pérennisé le régime pour nous conduire à une situation aussi catastrophique aujourd’hui. Pire, sans la primature ni aucun portefeuille ministériel de poids conséquent, il est clair pour tous que les conditions de votre allégeance au régime sont encore plus critiques que celles de vos prédécesseurs.
Monsieur, avez-vous songé un seul instant que l’intronisation de Faure Gnassingbé et son maintien à tout prix à la tête de l’Etat Togolais par cette hydre de Françafrique, puisse être dans un plan global de transformation des régimes africains en monarchies ? Vous êtes-vous bien demandé à quelles fins et si c’est bien ce que vous voulez pour le Togo et pour le continent ? Vous qui êtes sensé être un des éclaireurs en pointe de nos Peuples, nous ne devrions pas avoir à nous interroger autant sur les enseignements que vous tirez de l’histoire des relations de l’Afrique avec le reste du monde.
De la prise en compte de tous ces sujets fondamentaux à leurs justes mesures dépendraient, naturellement, vos prochains actes : l’arrêt ou la poursuite des coups contre l’UFC et les membres du Bureau ; le refus ou l’acceptation d’autoriser le régime à aller déterrer feu le Président Sylvanus Olympio, sous le couvert de rapatriement des restes du père de l’indépendance dans un Togo qui serait enfin réconcilié sous le règne des Gnassingbé ; etc.
Monsieur, malgré tout ce qui est arrivé, nous sommes convaincus que ce Peuple est encore disposé à dépasser ses rancoeurs à votre égard pour aller de l’avant, car nul n’est infaillible. Pour cela, il vous suffirait de ne plus entraver, par quelque autre acte que ce soit, la lutte en cours avec le Front Républicain pour l’Alternance et le Changement (FRAC) et l’UFC, bâti avec l’engagement et les sacrifices du Peuple, pour le Peuple.
Après tout ce long parcours, à quoi bon de finir par être classé parmi les pires ennemis du Peuple Togolais et être, à ce titre, combattu comme tel ?
C’est pourtant ce gouffre abyssal qui s’est creusé et qui continue de s’étendre entre le Peuple et vous, à chaque nouvel acte malheureux que vous posez. Sauf sursaut ultime de votre part qui vous amène à cette retenue salvatrice.
Quoi qu’il en soit et comme le monde entier s’en aperçoit, vous et nous avec, rien n’arrêtera le Peuple Togolais dans sa volonté de se libérer.
Veuillez recevoir, Monsieur, nos salutations plus engagées que jamais dans cette lutte de libération de notre Peuple.

- Le 16 juillet 2010 - Par APPA - Dimanche 1 août 2010 7 01 /08 /2010 23:54
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