mardi 31 août 2010

Côte d'Ivoire, Ghana -Industrie cacaoyère: IVOIRIENS ET GHANEENS VEULENT PESER SUR LE MARCHÉ DU CACAO

(Fraternite-Matin 31/08/2010)
La Côte d’Ivoire et le Ghana ensemble pour une économie cacaoyère durable. C’est autour de ce thème qu’une délégation de producteurs, des experts de la filière café-cacao conduite par le ministre du Commerce, Yapo Yapo Calice, et des Ghanéens du monde de la recherche et du milieu paysan ont décidé de réfléchir, à l’initiative de l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Ghana. Pour arrêter une stratégie commune afin de peser véritablement sur le marché avec leur part de 60 % dans la production mondiale du cacao. Dr Franck Amoa, directeur du centre de recherche agronomique du Ghana et Dr Adiko, directeur des programmes au Centre national de recherche agronomique de Côte d’Ivoire ont, dans leurs exposés, indiqué l’importance du cacao dans l’économie de leurs pays respectifs. Plus d’un million de paysans cultivent le cacao qui représente entre 17 à 20 % des revenus des petits exploitants et 5,5 % du produit intérieur brut du Ghana.
Les menaces sur la production
Depuis 2003, cette culture, note Dr Amoa, a connu une croissance de plus de 30 % et son poids a constitué 37 % des recettes en devises du budget national en 2004. En Côte d’Ivoire, ce sont 600 producteurs qui font vivre directement ou indirectement 6 millions de personnes avec une production annuelle de 1.200.000 tonnes, équivalant à 40 % des recettes et à 15 % du produit intérieur brut. Mais pour combien de temps encore cette denrée continuera-t-elle de demeurer la source de prospérité de l’économie des deux pays et notamment de la Côte d’Ivoire ? Les deux panélistes ont énuméré les différentes menaces sur le cacao telles que les punaises, les mirides, le phytophtora megakaria, le swollen shoot qui occasionnent des pertes de production allant de 30 à 40 % et parfois même à la destruction totale des productions. Si bien que les plantations de cacao servent de bois de chauffe comme dans la région de Bouaflé en Côte d’Ivoire. Ils ont fait partager à l’assistance les résultats des recherches dans les deux pays. Pour maintenir puis accroître les productions, ils ont, grâce au matériel végétal introduit depuis 1978 et des pratiques culturelles modernes initiées , permis aux producteurs d’avoir le cacao baptisé par ces derniers, cacao Mercedes en l’espace de 18 mois. Devant les nouvelles exigences de la qualité, les chercheurs ivoiriens ont proposé comme réponses, avec le financement de la filière café cacao, l’amélioration génétique, la sélection d’hybrides aux producteurs qui sont résistants aux insectes et aux maladies puis la réhabilitation et la création de champs semenciers.
Mettre fin au pillage de l’économie cacaoyère
L’autre point, pour gagner le pari d’une économie cacaoyère durable est, à défaut de l’éradiquer, de contenir dans des proportions acceptables le fléau de la contrebande. Le second panel de la journée du vendredi 27 août en a stigmatisé les effets néfastes. Alhaddji Dramani Egara du Ghana et Atta du Cgfcc ont fait des études comparatives, relevé les causes de la contrebande, situé les régions où elle sévit et les voies qu’elle emprunte, avant d’en dénoncer les répercussions politiques avec des pays qui, comme le Togo, le Burkina, le Liberia, du fait de la guerre, sont devenus de gros producteurs de cacao. Une situation qui affecte sérieusement les économies du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Le Ghana reconnaît avoir perdu 100. 000 tonnes de cacao en 2009, soit 300. 000.000 de Fcfa, 180.000 tonnes en 2005, soit 200.000.000 de Fcfa puis 30.000 tonnes en 2001, soit 70.000 dollars américains. Comment endiguer ce fléau? Dans les discussions, les participants à cette conférence ont souhaité, à défaut d’avoir un seul et même système de commercialisation et de fixation de prix- car au Ghana les prix sont stabilisés alos qu’ils sont libéralisés en Côte d’Ivoire- que l’écart entre les prix soit réduit, que les deux gouvernements se saisissent de cette question et qu’ils prennent des mesures appropriées. Il a été recommandé que les systèmes de sécurité soient restructurés et que des patrouilles mixtes composées des éléments des Forces de défense et de sécurité des deux pays surveillent les frontières, que ceux des Fds qui se sont rendus coupables de complicité avec les contrebandiers subissent comme eux la rigueur de la loi. Mais la conférence a surtout reconnu l’urgence et la nécessité pour les chefs d’Etat des deux pays dont l’économie cacaoyère est pillée par des pays de la sous-région, de convoquer un sommet, comme l’a fait en 2007 Obasanjo, pour trouver une solution globale à cette question.
Franck A. Zagbayou
Envoyé spécial à Accra

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