(Afriscoop 23/08/2010)
(AfriSCOOP Abidjan) — En plus de ce qu’elle constitue une réelle préoccupation, la question financière a mué en un véritable boulet aux pieds des gouvernants dans la résolution de la crise ivoirienne. L’argent passe ainsi pour être le nerf de la … paix, puisqu’il est brandi comme la condition sine qua non au succès de l’encasernement : un volet en cours de réalisation des plus importants du processus de paix.
L’on n’en est pas encore à une formule catégorique dans le genre argent ou rien. Mais la propension des Forces Nouvelles, ex-rébellion, à rester coller à l’exigence qu’il faut, coûte-que-coûte, verser la prime de cinq cent mille francs Fcfa à ses ex-combattants Volontaires à l’Armée nouvelle (VAN) inquiète sérieusement.
« L’accord politique de Ouagadougou (Apo) et les accords complémentaires disent qu’il faut payer 500.000 FCFA à chaque combattant. Ce n’est pas le ministre de la Défense (Michel Amani N’Guessan, Ndlr) qui va venir dire qu’il n’a pas l’argent pour payer qui que ce soit », dénonçait, samedi, en tournée à l’ouest du pays, A. Djohoré, un membre influent des FN.
Cette revendication à relent d’imposition ne vient pas comme un cheveu sous la soupe. Un consensus lie, en effet, les ex-belligérants (le camp présidentiel et les Forces Nouvelles) pour le paiement du pécule réclamé.
L’accord a été passé, signé le 22 décembre 2008. Alors, il n’est pas surprenant que l’ex-rébellion s’approprie une formule de contentieux bien cocasse propre aux Ivoiriens, en claironnant : « ce qui est dit est dit ».
Ce contentieux est à la réalité clairement écrit noir sur blanc à l’article 4 de l’Apo complémentaire IV : « Afin d’accélérer la démobilisation des Ex-combattants des Forces Nouvelles, les Parties invitent le Gouvernement à verser au Ex-combattants démobilisés une prime ou aide directe de démobilisation d’un montant de cinq cent mille (500.000) francs CFA pour solde de tout compte. En tout état de cause, la démobilisation des ex-combattants des Forces armées des forces nouvelles (Fafn) devra être achevée au plus tard deux mois avant la date fixée pour l’élection présidentielle ».
5.000 ex-combattants FN sont concernés par l’indemnisation. 493 ont été encasernés au Groupement d’instruction Nord de Korhogo, en juin. 1.110 doivent l’être, progressivement, au Groupement d’instruction Ouest de Séguéla après le démarrage, sous de bons auspices, de l’opération dans cette partie du pays.
Mais l’argent faisant défaut, il faut craindre que l’encasernement ne constitue le ventre mou de l’APO. La hiérarchie militaire des FN ne manque pas, elle, la moindre occasion de montrer à la communauté internationale un horizon tristement sombre du désarmement, qui doit pourtant prendre fin « deux mois avant », selon l’APO, la tenue des élections présidentielles.
« L’encasernement et la démobilisation doivent être l’une des premières priorités de l’Etat. Jusqu’à l’instant où je m’adresse à vous, le budget pour l’encasernement et la démobilisation des éléments des FAFN (Forces Armées des Forces Nouvelles) n’a pas connu un début d’exécution. Comment peut-on encaserner des soldats si ni leur alimentation, ni leur santé ne sont pas pris en compte ? » a tonné, jeudi, le général de brigade Soumaïla Bakayoko, chef d’état-major de l’ex-rébellion.
Le même montant du demi-million doit être versé aux 5.000 ex-miliciens proches du camp présidentiel. C’est du moins la recommandation que fait l’APO IV. Il y a moins de gorges chaudes côté camp présidentiel, où la démobilisation est aussi attendues de pieds fermes.
Argent d’accord, mais désarmement d’abord, semble dire le gouvernement. En tout cas le ministre de la Défense, Michel Amani N’Guessan (en photo ci-contre), qui avait proposé, en mai, de « faire l’encasernement à crédit », craint que la paix ne soit rien sans le dépôt définitif des armes.
« Mais que vaut l’argent le silence des armes si elles ne sont pas définitivement déposées et si par là même occasion, elles constituent une source de méfiance et d’affrontement potentiel », réplique-t-il.
Cependant l’argent est disponible, à en croire le ministre qui rassure qu’ « environ 1 milliard de Fcfa se trouve dans le compte de l’encasernement ». Si le décaissement d’un pan a été adopté », il n’a pas encore ramené la sérénité chez les FN. Qui, ont visiblement la pression d’aller au désarmement dans les délais prescrits par Ouaga IV.
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