jeudi 26 août 2010

Burundi - Investiture de Pierre Nkurunziza

(Afrique Actu 26/08/2010)
Aujourd’hui 26 août 2010, le Burundi procédera à l’investiture de son président fraîchement élu à l’issue du scrutin du 28 juin dernier. Après une course esseulée à la présidence, Pierre Nkurunziza a été largement élu. Pouvait-il en être autrement, l’ancien maquisard ayant instauré un climat d’insécurité tel que le défier aurait été suicidaire ? L’opposition, la vraie, faute d’un cadre transparent d’expression démocratique, était donc aux abonnés absents.
La volonté de Pierre Nkurunziza est donc faite et pendant cinq ans, il va présider aux destinées de ce pays qu’il a lui-même contribué à libérer de la domination de la minorité tutsi, lorsqu’il était chef rebelle dans le maquis. Après treize années de retour à une vie « démocratique », alors que les institutions de la République se mettaient progressivement en place, le pays est secoué par une crise politique inquiétante depuis l’élection communale du 24 avril. Des communales contestées par les opposants qui ont dû renoncer à se présenter au scrutin. Le rouleau compresseur du parti au pouvoir CNDD-FDD a tout laminé sur son passage. En remportant dans les conditions que l’on sait, les législatives et les sénatoriales, le CNDD-FDD contrôle désormais absolument le pays. Il a même poussé l’outrecuidance jusqu’à organiser l’éviction de la figure de proue de l’opposition, Agathon Rwasa de son propre parti, les FNL (Forces nationales de libération). Ce dernier , tout comme deux autres personnalités de l’opposition, sont désormais en exil. C’est donc un homme fort, qui a fait le vide autour de lui, qui s’apprête à rempiler à la tête de ce pays. Reste à savoir si celui qui a su conquérir le pouvoir par la ruse et la force, pourra être le président de tous les Burundais. Car, il faut le dire, ce qui s’est passé lors des dernières élections n’est ni plus ni moins qu’un gigantesque hold-up électoral.
Une démocratie de façade donc. Et aucune opposition digne de ce nom ne peut cautionner une telle mascarade. Comme il en existe beaucoup sur le continent, Nkurunziza s’inscrit dans la série des fossoyeurs africains de la démocratie, qui n’ont d’yeux que pour leurs intérêts, en l’occurence leur maintien au pouvoir. Il ne faudrait donc pas s’étonner qu’à force de ne plus supporter cette parodie de démocratie sur fond de candidature unique, des opposants n’aient plus pour seule et unique voie, pour se faire entendre ou opérer le changement, que la violence. Les attaques à la grenade dont Bujumbura, la capitale, a été victime, sonnent comme un exutoire. Mais comme déterminées à tuer dans l’œuf l’expression du ras-le-bol de l’opposition, les forces de sécurité utilisent tous les moyens pour la réprimer. Et voilà le Burundi dans le viseur de Amnesty international qui a répertorié des cas de tortures sur douze opposants tombés entre les griffes des hommes du pouvoir ! Tortures, tentatives d’assassinats d’opposants, tout cela rappelle les régimes de parti unique d’antan. L’apprentissage de la démocratie est décidément difficile dans certains pays d’Afrique dont le Burundi.
Abdoulaye TAO par Le Pays
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