(Xinhuanet 24/08/2010)
DAKAR-- Depuis une semaine, les délestages d'électricité sont moins longs et moins fréquents au Sénégal, mais la situation n'est pas encore totalement stable en dépit des mesures d'urgence prises par les autorités.
La situation s'est améliorée par rapport à celle des deux mois précédents, où des coupures pouvaient durer plus de huit heures par jour à cause, explique-t-on à la société nationale d' électricité, SENELEC, de pannes provoquées par l'utilisation de fuel de mauvaise qualité dans les centrales.
Ces coupures avaient provoqué une levée de boucliers des consommateurs, des hommes politiques et des artisans du secteur informel, ainsi que des manifestations parfois violentes de populations excédées par le manque d'électricité.
Fait inédit : des imams de la banlieue dakaroise avaient édicté le non-paiement des factures d'électricité jusqu'au retour à la normale annoncé pour le 15 août par le ministre de l'Energie, Samuel Sarr. Les religieux ont depuis levé leur mot d'ordre de boycott.
Entretemps, la SENELEC s'est attachée à faire face à l'une des ses plus graves crises en expliquant ses causes et en annonçant des mesures d'urgence. « Nous avons eu un incident d'exploitation, il y a eu un combustible que nous avons reçu dans les centrales et qui a provoqué des baisses de puissance jusqu'à l'arrêt total de 13 machines », explique le directeur général de la SENELEC, Seydina Kane. Aujourd'hui, rassure-t-il « sur les 13 machines endommagées, 10 sont réparées. C'est-à-dire que de 140 mégawatt de déficit, nous sommes arrivés à 50 mégawatt (de déficit). Toutes les actions ont été prise pour la sécurisation du combustible, pour accélérer les commandes, respecter le planning de recouvrement de la puissance. Ce qui fait que nous allons retrouver la situation d'avant l'incident. Ces actions d'urgence devront être suivies de mesures plus durables.
La SENELEC s'engage à faire revenir deux turbines à gaz d'ici la fin de l'année. Aussi, des « instructions ont été reçues du président de la République pour finaliser et signer l'arrivée de 80 mégawatt avec Jacobsen et de 50 mégawatt avec les Chinois. Cela va nous amener à la sécurité, à la fin des délestages en février 2011 » assure le ministre de l'Energie.
Malgré ces assurances, certains spécialistes et hommes politiques émettent des réserves. Selon Djibril Thiongane, ingénieur chimiste et consultant en économie pétrolière, le problème que connaît la SENELEC provient plutôt d'une absence de politique énergétique.
« Il y a une gestion de l'énergie au quotidien au Sénégal. Or, on ne peut pas s'occuper d'un secteur aussi sensible, qui constitue la base de l'économie et ne pas avoir de programme prévisionnel, surtout d'importation sur un, deux ou trois ans comme on le fait dans tous les pays du monde », analyse M. Thiongane.
Pour l'ancien ministre de l'Energie, Abdoulaye Bathily secrétaire général de la Ligue démocratique (opposition), le problème de la SENELEC ne peut être réglé dans le court terme. Car, dit-il, « c'est à la fois des problèmes techniques, de production, de réseau et des problèmes de gestion qui se posent ».
Les autorités sénégalaises ont déposé une plainte contre X auprès du procureur général pour situer les responsabilités dans l' utilisation du mauvais combustible. Rien n'a encore filtré de l' enquête menée par la police.
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