(Camer.be 31/08/2010)
En sollicitant le retour au Cameroun de l’équipe de chercheurs américains de CDC Atlanta, Philemon Yang et son staff reconnaissent les erreurs faites en novembre 2009 dans la gestion de la dernière épidémie survenue dans l’Extrême Nord du pays. «Lorsque j’avais dit dans cette même salle que l’on devait circonscrire l’épidémie de l’année dernière, mes confrères avait prétendu que je suis allé chercher mes amis américains pour qu’ils viennent croquer l’argent du Cameroun».
Ces propos tenus par le Pr François Xavier Mbopi Kéou, directeur de l’unité nationale d’Hygiène Mobile ont été entendus au cours d’une conversation avec des confrères. C’était le mercredi 26 août 2010 dernier peu avant la tenue de la réunion du comité de crise mis sur pied par le Premier Ministre, Philepmon Yang, sur instructions du Chef de l’Etat Paul Biya.
Ces spécialistes de la santé commentaient l’évolution de la crise cholérique qui court depuis plus d’un trimestre (mai 2010) dans deux régions du septentrion. Pour dire qu’«on n'en serait pas là aujourd’hui, si les recommandations faites par des chercheurs américains de CDC Atlanta avaient été prises en compte». Car ils avaient sillonné le pays, les trois régions du grand Nord, (Amdamaoua, Nord) et l'Extrême nord (EN) en particulier où sévissait la maladie en novembre 2009. Nos sources révèlent que ces scientifiques suggéraient l’élargissement de la définition des cas de choléra, allusion faite à la formation des cliniciens dans la mesure où la plupart des cas avaient été et sont encore identifiés dans la communauté.
Ils conseillaient également une meilleure communication entre le niveau central et périphérique, le Nord s’étant caractérisé par le non reporting des cas inventoriés, a-t-on appris. Et bien plus, «la répartition des cas, la mise en place d’une banque de données de l’épidémie, l’examen d’une selle au moins par semaine pour vérifier s’il y a eu circulation des souches du vibrion, l’établissement d’un comité de choléra susceptible de coordonner la réponse, la coordination des initiatives des agences partenaires, le test du degré de chlore dans l’eau, l’analyse des points d’eau dans les écoles et les centres de santé, et la prise en charge des malades».
Dans le même volet, il était question aussi de l’élaboration d’un plan d’étude pour comprendre l’attitude des gens. Actuellement, et selon des informations officielles, depuis le 23 novembre 2010, 200 nouveaux cas sont notifiés chaque jour dans le Nord et l’EN. Ce 23 août, 90 nouvelles infections ont été enregistrées exclusivement dans l’EN. Entre le 04 et le 22 août, près de 2000 nouvelles infections ont été recensées. Au 22 août, 3.502 cas avaient été répertoriés, avec 263 personnes qui sont décédées, dont 165 dans les communautés «parce qu’ils n’ont pas pu accéder aux centres de soins». 147 étaient encore hospitalisés, selon Angwafo III.
Le 25 Août, les statistiques affichaient une population de 3.952 malades, dont 200 nouvelles infections tous les jours durant les 48 dernières heures. Le nombre de décédés a également accru, passant de 165 au 22 août à 284 personnes mortes de choléra le 25 du mois. A l’heure actuelle, 24 Districts de santé sont touchés, dont 19 dans l’EN, 5 dans le Nord. De 7,4 % au 22 août, le taux de létalité est passé à 7,19%. Pour autant, fait savoir Angwafo III, ce décompte «est le résultat de l’efficacité de la riposte, puisque que le taux de guérison culmine à 86,6%». Un aveu d’échec, selon un spécialiste en épidémiologie, qui croit savoir qu’un seul cas de choléra déclaré dans un pays est suffisamment grave pour que les pouvoirs publics agissent, dit-il.
C’est dans ce contexte que le Comité a souhaité le retour des chercheurs américains au Cameroun. En attendant leur arrivée qui est annoncée au début du mois de septembre, la cellule de crise a déjà sollicité auprès de l’Oms, une copie du rapport de leurs investigations réalisées au cours de leur périple vers la fin de l’année dernière. Une mission conjointe va descendre dans ces régions, dans le but de mener diverses enquêtes en vue d'un meilleur contrôle de cet événement. Un Plan d’urgence a été mis sur pied, qui est actuellement mis en œuvre localement. Etalé sur une période d’un an, il sera étendu à l’échelle nationale à condition que les ressources nécessaires soient réunies.
Au total, 2,5 milliards de Fcfa requis pour le contrôle de la crise. Un peu plus d’un demi milliards, soit 563 millions sont promis. Le gouvernement a annoncé une enveloppe de 263 millions, contre 600.000 dollars, environ 300.000 millions de cfa du Fonds des Nations Unies. Simultanément, des nouveaux cas sont annoncés par diverses sources relayées par la presse dans la région de l’Adamaoua. Mais cette information a été démentie par le président du Comité de crise. Lequel reconnaît tout de même, que les mouvements des hommes constituent des vecteurs importants de maladie.
Le Dr Yao, Inspecteur général du ministère de la santé et membre de la cellule de crise a révélé au cours de cette rencontre que des cas importés avaient été notifiés dans l’EN, en l’occurrence à Kolofata, l’un des foyers de l'épidémie. La découverte a été faite par des personnels de santé qui ont constaté que des Nigérians étaient venus se soigner dans leur centre de santé. D’ailleurs, le plus grand voisin du Cameroun a annoncé l’existence de l’épidémie sur son sol, avec des chiffres avoisinant les siens.»
© http://jumelles-blog.africaciel.com : Ndjabun Irène Sidonie journaliste
Paru le Mardi 31-08-2010
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Pourquoi toujours cultiver l’esprit polémique, face à des situations de crise. Il ne me semble pas judicieux de qualifier de négligence les actions du gouvernement Cameroun, face à l’épidémie de choléra qui sévit actuellement au pays. Il faut reconnaître le travail effectué afin de circonscrire l’épidémie et les moyens tant matériels qu’humains déployés sur le terrain. Sachons parfois, un temps soit peu, taire nos frustrations et nos divergences, pour regarder vers la même direction.
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