mardi 22 mars 2011

Le président ougandais dénonce l'intervention internationale en Libye

(Romandie.com 22/03/2011)

KAMPALA - Le président ougandais Yoweri Museveni a dénoncé l'intervention de la force multinationale en Libye contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi, "un vrai nationaliste" selon lui, appelant cependant le leader libyen à négocier avec les insurgés.
"Les pays occidentaux font toujours deux poids deux mesures", affirme le président Museveni, dans une longue tribune publiée mardi par le quotidien pro-gouvernemental New Vision.
"En Libye, ils ont voulu absolument imposer une zone d'exclusion aérienne (...). A Bahreïn, comme dans d'autres pays pro-occidentaux, ils détournent pudiquement le regard alors que la situation est identique, voire pire", accuse le chef de l'Etat ougandais.
M. Museveni pointe aussi du doigt la "tendance du colonel Kadhafi d'interférer dans les affaires internes de nombreux pays africains avec son argent" et lui reproche également "ne pas avoir pris assez de distance avec le terrorisme".
Mais "quelles que soient ses fautes, Kadhafi est un vrai nationaliste. Je préfère les nationalistes aux marionnettes agissant dans l'intérêt des étrangers", souligne le président ougandais.
Les Nations unies ont ignoré les appels ougandais à mettre en place une zone d'exclusion aérienne en Somalie, où des troupes ougandaises sont déployées en soutien au gouvernement de transition face aux insurgés islamistes shebab dans le cadre d'une force de l'Union africaine (Amisom), rappelle M. Museveni.
"Ce ne sont pas des être humains en Somalie, comme à Benghazi (ville libyenne tenue par la rébellion) ?", s'étonne-t-il, "ou est-ce parce que la Somalie n'a pas de pétrole ?"
M. Museveni est membre du comité de l'Union africaine (UA) sur la Libye, composé de cinq chefs d'Etat africains, opposé aux frappes de la coalition et qui a appelé dimanche à "la cessation immédiate de toutes les hostilités" dans le pays.
"Il y a apparemment aujourd'hui un nombre significatif de Libyens qui pensent qu'il y a un problème de gouvernance en Libye. (...) Nous ne savons pas si cela est vrai ou faux. Le dialogue est donc la seule solution", explique le président ougandais.
"Le colonel Kadhafi doit être prêt à s'asseoir avec l'opposition, via la médiation de l'UA (...)", ajoute-t-il, demandant la convocation d'un "sommet extraordinaire de l'UA à Addis Abeba pour discuter de cette grave situation".
"Si les groupes d'opposition sont des patriotes, ils devraient mener leur guerre eux-mêmes", estime encore le chef de l'Etat ougandais.

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