(Le Pays 23/03/2011)
Le premier président démocratiquement élu de la Guinée, Alpha Condé , a entamé, le 21 mars dernier, une visite officielle en France. Depuis son accession au pouvoir le 7 novembre 2010, le professeur-président , après sa première visite hors de Guinée au Burkina Faso, pays des Hommes intègres, a choisi de séjourner au pays des droits de l’Homme pour, dit-on, inviter les investisseurs français à venir dans son pays.
C’est un événement exceptionnel qui mérite qu’on y accorde de l’attention, si l’on sait que, depuis un demi-siècle, les relations entre l’ex-puissance et son ancienne colonie n’étaient pas au beau fixe et cela à cause des dérives tribunitiennes des régimes dictatoriaux qui se sont succédé en Guinée. Du despote Sékou Touré au rodomont capitaine Moussa Dadis Camara, en passant par le casanier potentat Lansana Conté, le peuple guinéen a longtemps été victime de l’incurie de ses hommes politiques avec en prime la répression dont il a été l’objet.
Si fait que, à chaque changement de régime, on avait l’impression que ce peuple médusé et désenchanté, tombait, groggy, de Charybde en Scylla. Comment comprendre en effet, que la Guinée, en dépit de ses énormes potentialités agricoles et minières, halieutiques et énergétiques, figure sur la triste liste des pays qui sont à la traîne du développement, et que l’on désigne sous l’euphémisme pour le moins expressif de "pays les moins avancés" ? La Guinée, pour tout dire, est d’une richesse insultante si l’on pense qu’elle nourrit à peine ses propres fils.
Reste donc à espérer que le président Condé, ce vieux pourfendeur invétéré de la malgouvernance, saura redonner espoir au peuple guinéen qui n’avait que trop souffert, et qui, au final, s’en était remis aux bons soins de la Providence. Pour ce faire, il doit tout faire pour que la normalisation des rapports entre l’ancienne puissance coloniale et son pays ne profite pas à un cercle de magouilleurs de la pire espèce, qui se tiennent par la barbichette, mais plutôt et surtout au pauvre cultivateur qui vit reclus dans la Guinée forestière.
Et pour y parvenir, Condé dont on sait bien qu’il est familier du landerneau politique français, doit refuser toute forme de compromission qui ravalerait son peuple en arrière-plan. Le peuple, dit-on, doit être, l’Alpha et l’Oméga de toute politique, pour autant qu’on la veuille altruiste et philanthropique. En tout cas, la nouvelle ère qui s’ouvre entre la France et la Guinée doit constituer un palier tangible vers un développement endogène et participatif, qui exclurait toute forme d’hypocrisie aux relents impérialistes.
Et Condé le sait, d’autant qu’il sera, tel un maçon au pied du mur, jugé au terme de son premier mandat. Il doit donc, à cet effet, utiliser à bon escient son carnet d’adresses dont on sait qu’il est bien fourni. En un mot comme en mille, la stratégie de l’à-plat- ventrisme qui confine généralement à l’assujettissement des peuples à une coterie, doit plus que jamais être bannie au profit d’une politique constructive.
Boundi OUOBA
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