mercredi 30 mars 2011

Côte d'Ivoire : les forces pro-Ouattara contrôlent Yamoussoukro

(Le Monde 30/03/2011)

Les forces du président ivoirien reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, auraient pris mercredi 30 mars le contrôle de la capitale politique, Yamoussoukro, selon des habitants et des sources militaires.
"[Les forces pro-Ouattara] parcourent la ville (de Yamoussoukro). Les jeunes les suivent", a déclaré une source militaire dans le camp de Laurent Gbagbo. "Tout est OK, la gare routière, la gendarmerie sont occupées par les Forces républicaines (pro-Ouattara). On ne voit plus de FDS", les Forces de défense et de sécurité fidèles au président sortant, Laurent Gbagbo, a aussi déclaré un habitant joint par l'AFP par téléphone. D'autres habitants ont confirmé le contrôle de la capitale politique, qui compte environ 150 000 habitants, faisant état de scènes de liesse dans les rues.
Au troisième jour de leur offensive contre les forces favorables au président sortant Laurent Gbagbo, le camp Ouattara a demandé à son rival de déposer les armes
L'OFFENSIVE PROGRESSE VERS LE SUD
Les forces pro-Ouattara, qui contrôlent depuis 2002 le nord du pays, ont pris plus tôt dans la journée le contrôle de la ville de Tiébissou, située à 40 km au nord de Yamoussoukro et de Soubré, située à 130 km au nord de San Pedro, plus important port d'exportation de cacao du monde.
Lundi et mardi, les villes de Duékoué, Daloa, Bondoukou, et Abengourou étaient successivement tombées, ouvrant la voie à une progression vers le sud et Abidjan, la capitale économique. "Les trois quarts du territoire ivoirien sont aujourd'hui entre les mains des Forces républicaines, ce sont des forces de libération", a déclaré sur RTL l'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France nommé par Alassane Ouattara, Ally Coulibaly. "Les Forces républicaines (...) mettront tout en œuvre pour qu'il n'y ait pas de guerre civile", a-t-il assuré.
Quatre mois après le début d'une crise post-électorale, les combats ont fait, selon l'ONU, au moins 460 morts et déplacé près de un million de personnes. Alors que toutes les tentatives de médiation internationales ont pour l'instant échoué, le pape Benoît XVI a annoncé sa décision d'envoyer le cardinal ghanéen Peter Kodwo Turkson en Côte d'Ivoire, pour y encourager "la réconciliation et la paix". Certaines missions catholiques, comme à Duékoué, servent de refuge aux civils qui fuient les violences.
"C'EST À GBAGBO DE DÉPOSER LES ARMES"
Le camp d'Alassane Ouattara a demandé mercredi aux partisans de son rival de rendre les armes. "C'est à Gbagbo de déposer les armes, c'est à [Charles] Blé Goudé [leader des Jeunes Patriotes, partisans du président sortant] d'arrêter de manipuler la jeunesse", a déclaré la porte-parole de M. Ouattara, Anna Ouloto.
Le chef des Jeunes Patriotes avait appelé il y a une dizaine de jours les jeunes à s'enrôler dans l'armée de M. Gbagbo. Les opérations d'enrôlement ont débuté mercredi matin. La porte-parole a qualifié de "diversion" l'appel au "cessez-le-feu immédiat" et au dialogue lancé mardi soir par le camp Gbagbo. "Les Forces républicaines [pro-Ouattara] jouent leur rôle de sécurisation dans tout le pays", a-t-elle ajouté.
Mardi soir, le porte-parole du gouvernement Gbagbo avait affirmé que son camp était prêt "à l'ouverture du dialogue". "Nous avons reçu un courrier de l'UA nous invitant à une négociation dans le cadre de l'UA, du 4 au 6 avril à Addis-Abeba. On n'a pas encore répondu mais il n'y a pas de raison de refuser une occasion de dialoguer", avait-il ajouté. Concernant cette invitation, la porte-parole d'Alassane Ouattara a répondu : "Il appartient au président Ouattara d'apprécier." Depuis le lancement de l'offensive par les forces ouattaristes, l'UA, qui reconnaît la victoire de M. Ouattara, ne s'est pas exprimée.

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters
30.03.11
17h13 • Mis à jour le 30.03.11
19h59
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