vendredi 25 mars 2011

Guinée -Passe d'arme entre Richard Talbot et le premier ministre, Saïd Fofana

(Les Afriques 25/03/2011)

L'affaire du Port de Conakry qui oppose l'Etat guinéen au groupe Getma International depuis quelques semaines prend décidément une nouvelle tournure. Un des hauts responsables du groupe, Richard Talbot monte au front dans une correspondance officielle dont Les Afriques détient copie datée du 22 mars adressée au chef du gouvernement, Mohamed Saïd Fofana. Décryptage
La déclaration de politique générale du 18 mars dernier- qui consacre un chapitre au dossier Getma- du premier ministre, Saïd Fofana n'a pas du tout l'heur de plaire aux autorités de l'armateur français, Getma. Aux allures d'un réquisitoire, le chef du gouvernement s'est exprimé pour la première fois sur les motifs de la résiliation du contrat de concession détenu par Getma depuis le 22 septembre 2008. Officiellement, Conakry qui a toujours soufflé le chaud et le froid et gardé dans le secret ses intentions "occultes" a décidé finalement de franchir le Rubicond. Aux allures d'un réquisitoire, la déclaration de politique générale a été un prétexte d'éventrer le dossier Getma de long en large.
Le Premier ministre guinéen, est revenu aussi sur la signature de l'Etat avec le groupe Bolloré d'un contrat de gré à gré qui englobe la dite concession. Du côté de Paris, c'est la goutte de trop. Richard Talbot l'a fait savoir au chef du gouvernement . Sans gants, le magnat français, a dit son étonnement et sa grande surprise d'entendre des supposés manquements graves aux obligations contractantes.
Extraits : "Permettez moi donc d’exprimer ici, Monsieur le Premier Ministre, toute ma surprise , mon étonnement et ma réprobation de voir que des décisions aussi graves ont pu être prises sur la base d’éléments complètement erronés.
Au moment où M. Alpha Condé, le nouveau Président de la République de Guinée vient en visite officielle en France et prévoit d’y rencontrer les entreprises susceptibles d’investir dans son pays, de telles décisions ne sont pas de nature à rassurer les milieux d’affaires français".
Apparement, un gros malaise sur fond de manoeuvre et de divergence de position règne au sein des principaux services relevant de l'administration portuaire. Alliant l'acte à la parole, Richard Talbot révéle deux correspondances officielles opposées envoyées à Getma. Une véritable guerre en sourdine sur le port de Conakry. L'une estampillée des mains du Directeur national de la Marine Marchande qui faisait état dans son courrier du 25 janvier 2011 des pas de géant du groupe. Tandis qu'une seconde, sortie des tiroirs du DG du Port en date du 8 février 2011 adressée au groupe évoque entre autres "une résiliation pure et simple" du contrat de concession.
L'existence de « manquements » de Getma International à ses obligations comme l'évoque Conakry n'est pas une thèse recevable. Car dixit Richard Talbot qui confirme que son groupe a investi la bagatelle de 30 millions d'Euros entre la période 2008-2011 :"Ces prétendus « manquements » simplement évoqués dans le décret du 8/03/11 relatif à la résiliation, s’ils existent, ils n’ont jamais été portés à notre connaissance Contrairement à ce que vous avez déclaré devant la nation, Getma International n’est pas et n’a jamais été exonéré de tout impôt".
Entre Paris et Conakry, urbi orbi, c'est oeil pour oeil dent pour dent. Le groupe Getma, loin de digérer la pilule rappelle que lorsque tous les investisseurs avaient dû tourner le dosla Guinée, il était le seul à y croire et y rester et investi à coups de millions d'Euros. Cela s'appelle presque une haute trahison.

© Copyright Les Afriques

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire