mardi 29 mars 2011

Camair-Co : un important marché à conquérir

(Mutations 29/03/2011)

La compagnie camerounaise ne manque pas d’atouts, malgré la concurrence.
22h 45. Les 210 passagers du vol QC 038 de Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co) à destination de Roissy Charles De Gaule (Paris – France) retiennent leur souffle. Le Boeing 767-300 ER exhibe sa joliesse sur le tarmac de l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen. C’est l’heure du décollage. L’avion effectue un dernier tour de piste avant de prendre progressivement de l’altitude.
Au terme d’une liaison nocturne directe supposée durer 6 heures, Camair-Co a, en principe, atterri à l’aéroport Roissy Charles De Gaule de Paris aux premières heures de ce mardi, 29 mars 2011. La capitale française devient ainsi la toute première destination étrangère inaugurée par la nouvelle compagnie camerounaise. Une ligne qui, depuis toujours, est très prisée par les opérateurs économiques locaux souhaitant développer leurs affaires en Hexagone.
Comme annoncé par les autorités camerounaises en charge des transports, Camair-Co a donc bel et bien démarré ses activités hier. Avant de rallier Paris, l’aéronef de Camair-Co a appareillé à Douala vers les coups de 10h 50, à destination de Yaoundé où un parterre de personnalités constitué notamment de membres du gouvernement et de chefs de missions diplomatiques accréditées au Cameroun, l’y attendait dans un air de fête. Mais davantage pour se féliciter du renouveau camerounais en matière de transport aérien, trois ans après l’arrêt total des activités de Cameroon Airlines (Camair).
A travers le lancement de Camair-Co, il apparaît en effet clairement que le gouvernement du Cameroun a décidé de se repositionner dans ce secteur qu’il avait quasiment abandonné aux opérateurs privés locaux et étrangers. Dès lors, les dirigeants de la compagnie nourrissent un rêve ; celui de «réussir à se hisser dans l’espace aéronautique africain et hexagonal par une présence forte sur le terrain».
En d’autres termes, il s’agit de «mettre sur pied une compagnie aérienne de nouvelle génération, qui offre un service de meilleure qualité grâce à une organisation hautement performante…». Pour réussir ce pari, ce ne sont pas les atouts qui manquent à Camair-Co, en tout cas. La compagnie démarre en effet ses activités avec une flotte composée d’un Boeing 767 baptisé Le Dja ; ainsi que de deux Boeing 737 exploités en leasing (location).
A en croire Alex Van Elk, directeur général de Camair-Co, la compagnie devrait, à court terme, doubler le nombre d’aéronefs de sa flotte.
Contexte favorable
D’où, selon le ministre des Transports, l’immense espoir suscité au sein de la communauté nationale et parmi les Camerounais de la diaspora. Surtout que, ajoute Maïgari Bello Bouba, le processus amorcé le 11 septembre 2006 avec la signature du décret présidentiel portant création de Camair-Co, aura été particulièrement long. Le temps pour l’Etat camerounais de prendre toutes les dispositions pour s’assurer de la viabilité de son projet. Lequel sort finalement de l’œuf dans un contexte économique plutôt favorable.
Camair-Co, jubilent les autorités camerounaises, va en effet se déployer dans un marché local et régional quasi en friche. Mieux, selon les chiffres de l’Association internationale du transport aérien (Iata), le marché du transport aérien en Afrique connaît une croissance permanente de 6 % par an ; pendant que le potentiel de la sous région de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) est estimé, selon la même source, à 100 millions de voyageurs environ !
Dès ses premiers mois d’activité, Camair-Co a donc intérêt à conquérir rapidement ses parts de marché, malgré la forte concurrence. La compagnie aura l’avantage d’évoluer sur un terrain déjà balisé par la Décision de Yamoussoukro du 19 mai 2005, qui crée un espace unique en Afrique, avec comme dispositions novatrices : le principe du libre accès des transporteurs aériens (éligibles) aux liaisons intra africaines.
Cette Décision offre par ailleurs des conditions pour l’émergence d’un transport aérien africain fiable et de qualité, répondant aux impératifs d’intégration du continent. Avec la mise en place de ses organes sociaux ; l’acquisition de son patrimoine immobilier et de ses équipements techniques ; en plus de la certification de la compagnie aux standards internationaux, tous les signaux semblent donc au vert pour un décollage harmonieux de Camair-Co vers la rentabilité et la pérennisation de l’entreprise. Parce que, aujourd’hui plus qu’hier, «Camair-Co doit être un outil de notre souveraineté économique» ; «une étoile appelée à briller longtemps, d’un grand éclat, dans les cieux camerounais, africain et au-delà», tel que souhaité par le ministre des Transports.

Eugène Dipanda
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