jeudi 24 mars 2011

L'Afrique du Sud sommée de se tourner vers des énergies plus propres

(Romandie.com 24/03/2011)

JOHANNESBURG - La politique énergétique de l'Afrique du Sud, très dépendante du charbon, est remise en cause par les défenseurs de l'environnement, alors que le pays doit accueillir une conférence de l'ONU sur les changements climatiques à la fin de l'année.
Confrontée à des pénuries qui ont failli la paralyser en 2008, la première économie du continent est prête à se donner les moyens : elle prévoit quelque 90 milliards d'euros d'investissements sur 20 ans pour doubler la production d'électricité, en injectant environ 50.000 mégawatts supplémentaires dans le circuit.
Les écologistes critiquent cet ambitieux programme qui ne règlera pas le problème, selon eux, de la très forte dépendance du pays envers les énergies fossiles. Les centrales au charbon, particulièrement polluantes, produisent actuellement plus de 90% de l'électricité sud-africaine.
Ces critiques s'intensifient alors que l'Afrique du Sud se prépare à accueillir la prochaine grande messe internationale sur le réchauffement climatique, du 28 novembre au 9 décembre à Durban (est).
Cette conférence de l'ONU, après celles de Copenhague et Cancun (Mexique), doit décider de la suite à donner au protocole de Kyoto en matière de limitation d'émissions de gaz à effet de serre.
"Qu'est-ce que le président sud-africain Jacob Zuma va faire" à Durban?, interroge Richard Worthington, responsable des questions climatiques à l'association de défense de l'environnement WWF en Afrique du Sud.
"Dira-t-il: +Nous voulons jouer un rôle majeur sur la question climatique. Mais excusez-nous, nous n'allons pas faire ce que nous avions promis à Copenhague et Cancun.+? Je ne pense pas qu'il souhaite se retrouver dans cette position."
L'Afrique du Sud --qui produit à elle seule 38% des émissions de dioxyde de carbone du continent-- s'est engagée à Copenhague, fin 2009, à les réduire de 42% d'ici 2025. Mais la première version du programme énergétique présentée l'an dernier par le gouvernement ne prévoyait qu'une baisse de 30% des émissions d'ici 2030.
Une version révisée de ce plan approuvée la semaine dernière est plus "verte": les énergies renouvelables devront représenter 42% de la capacité de production supplémentaire, contre 23% au nucléaire et seulement 15% au charbon --dont le gouvernement veut rendre la filière plus propre.
Mais la copie finale ne sera publiée que fin mars, et la répartition globale des sources d'énergie n'est pas connue.
"Le ministère de l'Energie veut se donner une image beaucoup plus verte qu'il ne l'est vraiment", accuse M. Worthington.
L'Afrique du Sud a certes annoncé son intention de construire le plus grand parc solaire au monde, d'une capacité de 5.000 MW, dans le désert du Cap septentrional (nord-ouest).
Mais dans le même temps, Pretoria entend construire une centrale au charbon géante, d'une capacité de 4.800 MW dans le Limpopo (nord-est).
"Il n'y a pas de charbon propre", tance Fiona Musana, porte-parole de Greenpeace Africa. Et de mettre en garde: "A Durban, nous allons surveiller si l'Afrique du Sud suit ses engagements."
Il serait injuste et économiquement risqué de demander au pays d'abandonner le charbon, estime toutefois Latsoucabe Fall, directeur pour l'Afrique du Conseil mondial de l'énergie (représentant des industriels).
"L'Afrique du Sud est riche en charbon. Elle ne peut pas l'abandonner. La Chine n'abandonne pas le charbon. L'Inde n'abandonne pas le charbon", estime-t-il. "On doit faire un effort sur l'énergie propre en Afrique, mais cela ne doit pas compromettre le développement du continent."

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