(L'Express 22/03/2011)
Les Nations unies ont accusé mardi les forces fidèles à Laurent Gbagbo d'avoir recours à des armes lourdes contre des civils à Abidjan et elles ont mis en garde contre de possibles crimes contre l'humanité.
Cette accusation survient au lendemain des reproches adressés par le camp d'Alassane Ouattara à l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), accusée de ne pas protéger suffisamment les civils.
Alassane Ouattara a été déclaré vainqueur du second tour de l'élection présidentielle il y a quatre mois par une commission indépendante ivoirienne dont les résultats ont été certifiés par l'Onu. Laurent Gbagbo, désigné vainqueur du scrutin par le Conseil constitutionnel, refuse de céder le pouvoir.
Cette lutte a dégénéré en violences sur le terrain depuis l'élection du 28 novembre, notamment à Abidjan.
"(...) l'Onuci est extrêmement préoccupée par l'utilisation croissante d'armes lourdes, dont des mitrailleuses, des lance-roquettes et des mortiers, par les forces spéciales du président Laurent Gbagbo contre les populations civiles à Abidjan", écrit la mission onusienne dans un communiqué.
"Récemment, la mission a observé que le camp du président Gbagbo réparait un hélicoptère armé MI 24 à l'aile militaire de l'aéroport d'Abidjan, et qu'il apprêtait des BM 21 lance-roquettes multiples à Abidjan", ajoute-t-elle.
Le camp Ouattara a reproché lundi soir à l'Onu de ne pas protéger suffisamment les civils, affirmant que 832 personnes avaient été tuées. L'Onuci établit pour sa part le bilan des violences postélectorales à environ 400 morts.
"Le gouvernement regrette que l'aide humanitaire et la protection de la population attendues de la part de l'Onuci ne se soient pas matérialisées sur le terrain", a déclaré le camp Ouattara.
L'Onuci a rejeté cette accusation. Elle a prévenu mardi qu'elle prendrait toutes les mesures nécessaires dans le cadre de son mandat pour empêcher l'utilisation des armes lourdes dont disposeraient le camp Gbagbo, qui constituent une "grave menace pour les populations civiles".
Le mandat de l'Onuci l'autorise à employer la force pour défendre les populations civiles.
La mission onusienne souligne en outre qu'elle va poursuivre ses enquêtes "sur tous les cas de violations des droits de l'homme pour s'assurer que leurs instigateurs et leurs auteurs répondent de leurs actes, en particulier ceux qui ont recours à l'utilisation d'armes lourdes contre les populations civiles, pour de possibles crimes contre l'humanité".
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