dimanche 22 août 2010

Cameroun - Opération épervier, le procès de Forjindam, une énigme

(Africa Info 21/08/2010)
Ai-Douala - C’est depuis le 17 août dernier que le procès de Zacchaeus Mungwe Forjindam, ex-directeur général du Chantier naval et industriel du Cameroun (Cnic), arrêté depuis le 7 mai 2008, à la suite d’un rapport d’audit réalisé à ladite structure à la demande de la SNH entre le 17 et le 27 février 2006.
Le rapport concluait alors au détournement présumé de plus de 900 millions de Fcfa. D’où la procédure pour détournement de deniers publics sera engagée par la suite contre l’ex directeur du Cnic et certains de ses collaborateurs.
Le procès est donc entré dans une nouvelle phase au tribunal de grande instance du Wouri à Bonanjo avec les témoignages de trois inspecteurs du ministère délégué à la présidence de la République chargé du Contrôle supérieur de l’Etat, ayant effectué une mission de contrôle de septembre à décembre 2006 au Cnic, pour évaluer la gestion sur la période 2003-2006. appelés à faire leur déposition.
D’abord Guillaume Enama, 57 ans. Inspecteur principal des impôts, qui soutient avec assurance que « La mission de contrôle n’a pas eu à relever des dépenses sans pièces justificatives. Nous avons pris connaissance des différentes pièces des dépenses qui nous ont été produites. Nous les avons examinées et validées en vérifiant le bon de commande, la facture du fournisseur, le bordereau de livraison, le procès verbal de réception et le bon d’engagement ». Pour lui, les 652 millions de Fcfa qui représentaient les règlements par chèque non justifiés selon l’accusation ont été justifiés. Il en est de même pour les 232 millions de Fcfa portant sur des décaissements effectués à la banque et comptabilisés en dépenses sans pour autant avoir été relevés à la caisse. Sans mâcher les mots, il affirme également que « les rapports d’audit effectués par le cabinet CAC et le commissaire aux comptes du Cnic n’étaient pas des audits. Les rédacteurs n’ayant pas cru devoir respecter la norme d’objectivité, et ayant bafoué notamment la norme relative au respect du principe du contradictoire».
Pour l’accusation portant sur le paiement de 104 millions de Fcfa à la société Jan Gray, il est noté que les factures ne comportent ni date de leur réception, ni mention de leur traitement au Cnic, et se demande si ces factures peuvent être considérées comme régulières. Guillaume Enama répond clairement que « ce sont des détails qui ne sauraient remettre en cause l’effectivité de la dépense ». Pour son dernier, l’inspecteur des impôts reste toujours sur sa soif de comprendre « Madame le président, je ne comprends pas comment un commissaire aux comptes approuve et certifies des comptes qui passent devant toutes les instances d’une entreprise, 4 années après, il vient lui-même dénoncer son propre travail. Je cherche le mot qu’il faut utiliser… Il y a une énigme et je fais confiance à notre justice», a-t-il conclu son témoignage.
Dieudonné Tchana, un autre témoin, le deuxième qui a fait partie de la mission du contrôle supérieur de l’état au Cnic de septembre à décembre 2006. Expert comptable et enseignant de comptabilité, ce dernier a donné presque les réponses aux questions identiquement posées par le collège des magistrats. « Le rapport de Monsieur Kooh II n’a pad respecté les normes de la vérification. Nous l’avons convoqué pour une confrontation sans suite…» et d’ajouter «Le rapport du contrôle supérieur de l’Etat est au dessus de tout. Après lui, plus rien… ». Fondant son témoignage sur les arguments purement techniques, l’expert comptable a dit devant le tribunal que « l’incohésion entre les écritures et les montants libellés ne constituent pas une entrave pour la société dès lors que toutes les pièces justificatives sont produites. Ce qui compte pour une entreprise comme le Chantier Naval, c’est le résultat »
En attendant le troisième témoin présenté comme le chef de mission du contrôle supérieur de l’Etat, qui peut pourra confirmer la véracité des propos tenus par ces prédécesseurs, l’affaire est renvoyée au 31 août 2010.

Alphonse Jènè, Ai Douala
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