jeudi 2 septembre 2010

Burkina Faso, Guinée -CELLOU DALEIN DIALLO ET ALPHA CONDE A OUAGA: les dernières consignes du facilitateur

(Le Pays 02/09/2010)
Sauf changement de dernière minute, Blaise Compaoré, facilitateur dans la crise guinéenne, va recevoir aujourd’hui même les deux candidats du second tour de l’élection présidentielle en Guinée, prévue pour le 19 septembre prochain. Le pays de Sékou Touré est certainement à un tournant décisif de son histoire.
S’il est incontestable que la Guinée a connu bien des tourments, des décennies durant, il reste encore que les altercations et échauffourées issues du premier tour donnent raison de croire qu’une stabilité politique post-électorale n’est pas complètement garantie dans ce pays. Mais le facilitateur Compaoré semble avoir choisi le bon moment pour rencontrer les deux poids lourds de la scène politique guinéenne afin de leur donner les dernières consignes avant le duel ; aux fins de le faciliter.
Toutefois, le président du Faso, il faut en convenir, a une tâche des plus difficiles. En effet, comment compte-t-il s’y prendre pour raisonner ses deux hôtes qui se regardent en chiens de faïence ? Comment parviendra-t-il à faire accepter au vaincu sa défaite au soir du 19 septembre prochain ? Des questions d’autant plus à propos que les militants de chaque camp croient dur comme fer que c’est leur champion qui sortira vainqueur de l’élection.
Alpha Condé, opposant historique, qui court désormais le risque d’être frappé par la limite d’âge fixée par la Constitution de son pays pour être candidat, joue sa dernière carte. Venu débarrasser, comme il ne cesse de le répéter, la Guinée du régime mafieux de feu Lassana Conté, incarné aujourd’hui par Cellou Dalein Diallo, selon lui, quelle sera sa réaction en cas de défaite ? Quelle sera celle de Diallo si le ciel lui tombait sur la tête ? Bref, on croise les doigts. Lors de cette rencontre décisive, le facilitateur devrait interpeller les deux candidats sur la nécessité pour chacun d’eux d’accepter le verdict des urnes. Il devrait également les rappeler à leurs responsabilités. Mais, pour peu que Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo le veuillent vraiment, la Guinée n’a plus qu’un pas à franchir pour sortir du bourbier dans lequel sa classe politique l’a, jusque-là, maintenue. Et elle doit le faire. L’avenir de toute la Guinée est entre leurs mains. En aucun cas, ils ne doivent faillir à cette responsabilité historique. Pain et liberté, ce pays en a le plus besoin. Il faudra éviter de lui donner tout le contraire de ce qu’il attend.
Pour ce qui est du facilitateur, il ne peut que donner ce qu’il peut. Il appartient donc à Diallo et à Condé de faire leur, cet adage qui dit que si l’on vous lave le dos, le minimum qu’on attende de vous est que vous vous laviez le ventre. Et tout le mal que l’on puisse souhaiter aux deux candidats est que ce soit la dernière fois qu’ils foulent le sol burkinabè dans le cadre d’une négociation de la paix. Salus populi suprema lex esto, diront les Latins*.
Boulkindi COULDIATI

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