(Xinhuanet 30/09/2010)
Avec pour objectif de relancer avec plus d'efficacité sa filière qui se remet lentement de longues années de mauvaises productions en raison d'une baisse d'intérêt des producteurs consécutive à la chute des cours mondiaux, le Cameroun projette d'adopter les indications géographiques pour le cacao et le café.
Premier produit d'exportation hors pétrole, le cacao représente environ 25% de la valeur totale des exportations du Cameroun. Cultivé dans 7 des 10 régions du pays, il couvre une superficie d'environ 400.000 hectares, pour un total de 600.000 producteurs. Plus de 205.000 tonnes en 2008-2009 contre près de 185.000 t en 2007-2008, les exportations ont replongé cette année à moins de 195.000 t.
Autre produit de rente, le café vit une conjoncture plus difficile. La saison écoulée, la production s'établissait à quelque 43.000 tonnes. C'est la plus mauvaise des 10 dernières années, justifiée par une désaffection des planteurs à cause d'un marché morose dû à une chute des prix. Pour la campagne en cours, l'objectif de 125.000 tonnes n'est pas près d'être atteint.
"Aujourd'hui au Cameroun, on est dans une situation où la qualité du café et du cacao a diminué depuis un certain nombre d'années. Ce qui se passe est que le prix payé aux planteurs diminue. Sans compter le fait que notamment la volatilité du prix sur le marché mondial rend le producteur assez vulnérable, a observé à Xinhua Vincent Fautrel, spécialiste des indications géographiques.
Pourtant, le Cameroun dispose de sols volcaniques et un climat propices à la culture du café et du cacao, reconnaissent les autorités à travers l'Office national de café et de cacao (ONCC) basé à Douala, la métropole économique du pays. De même, le marché international des deux produits s'illustre à l'heure actuelle par une envolée record des prix qui devraient normalement entraîner une augmentation de production.
Après l'adoption en octobre 2009 d'une stratégie de développement de la filière café pour la période 2010-2015, la signature en mai d'une convention de relance de la filière cacao avec World Cocoa Foundation et la validation en juin d'un système d'information visant la transparence dans les deux secteurs, les autorités camerounaises s'intéressent à l'appropriation des démarches de différenciation par les critères de qualité et d'origine.
Parmi les expériences dont le Cameroun voudrait s'inspirer, figure celle de la Colombie, l'un des rares pays en développement ayant pu enregistrer son café comme "le café de Colombie" sur le sol européen avec une indication géographique. Un exemple qualifié de "frappant" par Vincent Fautrel, coordonnateur du programme du commerce agricole au CTA, organisme financé par le Fonds européen de développement (FED).
Pour Didier Chabrol, l'indication géographique veut dire protéger le nom d'un produit qui a des qualités qui sont liées à son origine géographique. "L'intérêt, dit-il, c'est que quand un produit a des qualités spécifiques et qu'il réussit sur le marché, en général il y a des concurrents qui essaient de copier plus ou bien et de voler le nom. Aux yeux des clients du marché, ça diminue la réputation du produit, puisque que l'on trouve sous le même nom des produits qui ont des qualités différentes".
Selon le "Guide des Indications géographiques 2010", il a été calculé que l'IG de Jamaïque génère une majoration de prix de 43%. Au Kenya, les producteurs organisés autour de Coffee Board of Kdenya visent eux aussi la création de l'IG "Coffee of Kenya".
Par Raphaël MVOGO
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