jeudi 23 septembre 2010

Mali : Cinquante ans d'indépendance, un demi-siècle de musique

La célébration du cinquantième anniversaire de l'indépendance de notre pays sera l'occasion de nous imprégner davantage des significations profondes de notre héritage politique, culturel, artistique et sportif, mais aussi de prendre la mesure des sacrifices et des efforts considérables consentis de génération en génération. "
C'est par ces mots que le Président Moussa Traoré a invité les Maliennes et les Maliens à faire de 2010 " une année riche de cet immense héritage à transmettre à la nouvelle génération ". Histoire que les petits frères n'oublient pas les rénovations opérées en leur temps par les vieux pères. Celles qui ont permis au Mali de devenir l'un des passages obligés pour tout érudit, qu'il vienne du rock, du jazz ou de l'électronique, qu'il se nomme Damon Albarn, M, Ry Cooder ou Björk.
Tout a commencé le 22 septembre 1960. Premier ministre de l'éphémère Fédération du Mali alors que Senghor en dirige l'assemblée fédérale, Modibo Keita prend les rênes du pays du mythique Sundjata. C'est le début d'une révolution des mentalités : le Mali choisit la voie de l'Internationale socialiste. Sur le modèle de la Guinée de Sékou Touré, celui qui sera renversé par un coup d'État militaire en novembre 1968 va promouvoir l'émancipation face au modèle colonial français, symbolisée par une politique d'exaltation de la culture locale.
L'heure est à l'authenticité, une valeur de cohésion nationale qui prend tout son sens en musique. Il s'agit de composer un répertoire original, inscrit dans la modernité tout en labourant le champ fertile de la tradition. Connu dans tout le Mali sous le nom de Tonton, Mbaye Boubacar Diarra, réalisateur pendant des lustres de Top Etoiles sur la RTM, se souvient de ses années de jeunesse : " J'étais dans le mouvement des Pionniers, les scouts communistes qui encadraient les quartiers. Les disques et orchestres étaient assez encadrés : il fallait chanter les indépendances, galvaniser la nation, parler de l'apartheid… C'était très politique. Mais cela a aussi permis l'éclosion de toute une génération de musiciens. "
Dans chaque quartier, des groupes naissent : le Darr Band, le Pionnier Jazz, l'Askia Jazz… De toutes les régions, des formations apparaissent tout autant. En 1964, dix jeunes musiciens originaires de tout le Mali sont même recrutés pour aller suivre une formation à La Havane : ce sera l'aventure des Las Maravillas qui vont faire danser toutes les familles au début des années 70 avec leur chanson Rendez-vous ce soir chez Fatimata.
C'est d'ailleurs l'ancien leader de cette formation mythique, le producteur et chef d'orchestre Boncana Maïga (également producteur et animateur de l'émission phare " Star Parade "), qui s'est vu confier en 2010 la réalisation de la cérémonie officielle : une symphonie du cinquantenaire, interprétée à la date anniversaire. " Il s'agit de rassembler tous les instruments traditionnels et les chansons emblématiques qui ont accompagné ce demi-siècle. Plus d'une heure pour évoquer cette épopée, à travers des passages réorchestrés et arrangés. Il faut bien se rendre compte que l'un de nos meilleurs ambassadeurs reste la musique ", insiste celui que l'on surnomme ici le Maestro.

lemonde.fr

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