(Le Pays 24/09/2010)
Louncény Camara a été élu à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) guinéenne par les membres de ladite structure qui étaient présents à une séance plénière le 22 septembre 2010. Ce, en remplacement de Ben Sékou Sylla, décédé à Paris le 14 septembre dernier. Seulement, aussitôt élu, le syndicaliste se trouve dans le viseur des partisans du candidat Cellou Dalein Diallo.
Ces derniers contestent en effet sa neutralité arguant qu’il est militant du parti d’Alpha Condé. On sait déjà que la CENI est au coeur des contestations entre les deux candidats au second tour de la présidentielle guinéenne. Le camp d’Alpha Condé, on s’en souvient, avait d’ailleurs obtenu la condamnation à la prison ferme du défunt président de cette institution. Ce verdict avait été sujet à polémique au regard des conditions dans lesquelles la procédure judiciaire avait été menée. Par la suite, ce camp avait également récusé la désignation de la vice-présidente de ladite CENI pour assurer l’intérim. Aujourd’hui, c’est l’autre camp, celui de Dalein Diallo, qui pointe un doigt accusateur sur le nouveau président. Une sorte de réponse du berger à la bergère.
La bataille fait rage autour de la structure en charge de l’organisation du scrutin depuis un certain temps. Chaque camp veut s’assurer que ce n’est pas un commis de l’adversaire qui en tient les rênes. Cette préoccupation est du reste compréhensible. Seulement, on espérait que les positions allaient évoluer pour parvenir rapidement à un consensus, vu que l’essentiel réside dans le respect des règles du jeu et non forcément dans la personne du responsable de la CENI. Erreur : le conflit persiste et on le voit avec cet épisode. C’est dire que même la dernière sortie de Sékouba Konaté n’est pas vraiment parvenue à consacrer la fin de la récréation.
Certes, l’on est d’avis que le président d’une telle institution doit être au-dessus de la mêlée. C’est une exigence légitime. Mais, l’on a du mal à comprendre l’incapacité des deux parties à trouver un compromis utile. Le diable est assurément dans les détails. A vouloir trop fouiner, chacune des parties trouvera toujours quelque chose à redire. Cela signifie, en un mot comme en mille, qu’il n’y a pas un minimum de confiance entre les deux camps. De ce fait, quelle que soit la personne qui sera désignée pour piloter cette structure, il y aura toujours problème. Faut-il un ange pour faire enfin le consensus ? Telle est la question que l’on se pose en désespoir de cause. Même coloré, le président de la CENI ne devrait pas arriver, en principe, à orchestrer à lui tout seul la prise en otage de la structure pour peu que les autres acteurs jouent à fond leur partition.
C’est à se demander finalement s’il n’est pas mieux de reprendre le processus sans ces candidats qui ont suffisamment fait la preuve de leur incapacité à s’assumer. En tous les cas, dans ce contexte où le pays est l’otage des deux camps, il n’y aurait rien d’étonnant si l’armée, à bout de patience, venait à reprendre les choses en mains, histoire de sauver la démocratie qui fait ses premiers pas.Relwendé Auguste SAWADOGO
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