(La Libre 29/09/2010)
Les accords de partenariat économique seront-ils signés fin 2010?
Légèrement plus petit que MM. Van Rompuy et Barroso - mais au moins 20 cm d’épaules en plus -, le président sud-africain Jacob Zuma a donné mardi à Bruxelles une conférence de presse avec les présidents du Conseil européen et de la Commission, à l’issue du 3e sommet UE-Afrique du Sud. Juste avant, sa ministre de l’Education de base, Angie Motshekga, avait signé avec la commissaire européenne chargée de l’Education, Androulla Vassiliou, le plus important programme de soutien financier de l’UE en faveur de l’Afrique du Sud, pour plus de 122 millions d’euros.
M. Van Rompuy a indiqué que l’UE "premier partenaire commercial de l’Afrique du Sud et premier donateur" en Afrique, attendait en retour un appui de Pretoria à sa politique sur le Soudan, sur le climat et aux discussions du G20 sur la finance globale à Séoul.
M. Barroso s’est félicité de ce sommet destiné "à élargir notre relation" avec l’Afrique du Sud, soulignant qu’aucun pays n’avait progressé grâce à la seule aide, qu’il fallait aussi privilégier le commerce. Rappelons que Pretoria et Bruxelles ont entamé depuis plusieurs années des discussions difficiles à propos des Accords de partenariat économique (APE), qui doivent remplacer les Accords de Lomé puis Cotonou, qui donnaient aux ACP (pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique) un accès privilégié aux marchés européens, en vue de les aider à se développer.
L’UE fait valoir que les APE doivent être conformes aux règles de l’OMC (Organisation mondiale du Commerce), qui instaurent le libre marché. Certains pays des ACP - dont l’Afrique du Sud - jugent que les APE proposés leur sont par trop défavorables et tentent de les modifier.
"Je suis heureux de pouvoir dire que nous avons l’objectif commun de con clure (un tel accord) avant la fin de l’année", a déclaré le président Zuma lors de la conférence de presse. Une formulation bien peu encourageante, que Robert Davies, ministre sud-africain du Commerce et de l’Industrie, s’est chargé d’éclaircir ensuite, devant quelques journalistes.
"Il y a eu quelques progrès sur certains points", a-t-il déclaré, mais il reste tant de sujets de désaccord - "et à la fin il faudra bien faire le bilan des avantages et des coûts" des APE proposés par Bruxelles - qu’il "sera difficile de conclure avant la fin 2010".
L’Afrique du Sud s’inquiète surtout de la clause de la nation la plus favorisée, qui veut que si un droit de douane avantageux est accordé à un partenaire économique de l’Afrique du Sud, celle-ci doit donner le même à l’UE. Celle-ci, de son côté, négocie plusieurs APE différents avec les pays de la zone australe: donner libre accès à l’UE à la production industrielle du Lesotho ou à celle de l’Afrique du Sud ne représenterait pas la même concurrence pour les produits européens... A l’inverse, si l’UE craint d’être envahie par la production sud-africaine, Pretoria redoute que les clients que sont pour elle ses voisins soient envahis par la production européenne, au détriment de la sienne. Certaines exigences de Bruxelles tendent à éviter "des pertes minuscules pour l’UE mais qui nous causent des dommages énormes parce qu’elles créent des brêches dans l’entente" des pays de la zone australe, explique M. Davies. De facto, alors que la politique officielle de développement de l’UE affirme soutenir les blocs régionaux en vue de favoriser l’intégration des pays en développement, Bruxelles est en train de casser la SADC (union économique d’Afrique australe).
MFC
Mis en ligne le 29/09/2010
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