vendredi 24 septembre 2010

(Le Monde 24/09/2010)
Les insurgés islamistes d'al-Shebab ont lancé jeudi 23 septembre une nouvelle attaque à Mogadiscio contre les forces gouvernementales et la force de paix de l'Union africaine (Amisom). Au moins dix-neuf civils ont été tués et quatre-vingt-six blessés dans le bombardement d'un marché, ont indiqué des sources médicales et des témoins.
Les combats ont éclaté à l'aube dans plusieurs quartiers de la capitale somalienne. Les insurgés ont attaqué les positions des forces du gouvernement de transition (TFG) et de l'Amisom sur les lignes de front du nord et du sud de la ville, avec de violents échanges d'artillerie. "Je n'ai jamais vu un tel bain de sang, neuf personnes sont mortes d'un coup à Bakara" quand un obus de mortier s'est abattu sur un camion rempli de passagers, a raconté un témoin, Abdirahman Adan. "La plupart ont été victimes de bombardements sur le marché de Bakara", un bastion de l'insurrection, a indiqué le chef du service des ambulances de Mogadiscio, Ali Muse. "C'est un désastre, ils ont tué des civils innocents en bombardant un marché densément peuplé", a-t-il accusé.
Les combats se poursuivaient de façon sporadique à la mi-journée dans différents quartiers de la capitale. Cette nouvelle attaque des shebabs intervient après la violente offensive qu'ils avaient lancée le 23 août dans la capitale et qui avait duré près d'une dizaine de jours. Les forces du TFG avaient alors abandonné plus d'une dizaine de leurs positions avancées sur les lignes de front, forçant l'Amisom à intervenir pour les remplacer. A l'issue de cette offensive, les shebabs se sont notamment rapprochés à un pâté de maisons d'un axe stratégique, l'avenue Maka al-Mukarama qui relie le port et l'aéroport, un corridor vital pour la force de paix.
LES CIVILS, PRINCIPALES VICTIMES DES AFFRONTEMENTS
Les civils sont de loin les principales victimes de la bataille de Mogadiscio. S'il n'existe pas de données fiables sur leur nombre exact, on estime que plusieurs milliers d'habitants de Mogadiscio sont morts dans les combats ces trois dernières années et que des centaines de milliers ont été déplacés au moins une fois.
Plusieurs associations de défense des droits de l'homme ont accusé les deux camps de tirs indiscriminés sur des quartiers densément peuplés. L'Amisom affirme tout faire pour épargner les civils tandis que le gouvernement a assuré que des insurgés qui ont péri dans ces combats étaient parfois inclus dans les bilans en tant que civils. "Au moment où ils arrivent à l'hôpital, les corps ont été débarrassés de leurs armes, munitions et autre attirail et ils ont l'air de civils ordinaires", affirmait récemment le ministère de l'information dans un communiqué. "Nous savons que des civils sont blessés ou tués dans les combats (...), mais nous soupçonnons qu'une partie des pertes civiles enregistrées soient aussi composées d'extrémistes tués dans les combats", poursuivait le communiqué.
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