(Le Figaro 23/09/2010)
Lancien chef de guerre libérien Prince Johnson, responsable de la mort de centaines de civils et de la torture à mort d'un président, a obtenu mercredi le feu vert de la Commission électorale pour être candidat à l'élection présidentielle prévue à la fin 2011.
"LUnion nationale pour le progrès démocratique (National Union for Democratic Progress, parti de Prince Johnson, ndlr) a rempli toutes les conditions pour être certifié en tant que parti légal", a déclaré mercredi le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), James Fromayan.
Prince Johnson étant absent du pays, cest le secrétaire général de son parti, Emmanuel Lomax, qui s'est vu remettre le certificat de légalité du parti. "Ceci est une grande victoire pour nous", a-t-il dit, avant que quelques centaines de partisans - majoritairement des ex-combattants - se mettent à célébrer l'évènement.
"Des gens vous diront que notre candidat, Prince Johnson, a fait la guerre aux Libériens", leur a lancé M. Lomax. Mais "la vérité, c'est que ce sont les politiciens, y compris la présidente Sirleaf, qui ont planifié cette guerre, et qu'ils nous ont utilisés pour faire le sale travail", a-t-il soutenu.
Prince Johnson, qui siège aujourd'hui au Sénat, restera dans l'histoire comme un chef de faction sanguinaires, ayant contribué à plonger le pays dans une série de guerres civiles (1989-2003) qui ont fait quelque 250.000 morts.
En 1990, il avait fait filmer ses hommes torturant à mort le président Samuel Doe en 1990, pendant qu'il buvait tranquillement une bière.
Mais, en 2004, de retour au pays après douze ans d'exil au Nigeria, il avait dispensé un message de paix et de réconciliation pour se faire élire au Sénat.
Comme l'ancien président Charles Taylor, il est visé par un rapport de la Commission Vérité et Réconciliation, qui non seulement demande quil soit traduit en justice pour les crimes quil a commis pendant la guerre, mais aussi quil ne puisse plus occuper un poste officiel pendant 30 ans.
Si ces recommandations de la Commission Vérité étaient appliquées, Prince ne pourrait être candidat.
Dans ses conclusions, la commission avait souhaité que la présidente ne puisse plus être élue non plus, en lui reprochant d'avoir financièrement soutenu la guerre civile au Liberia.
Elue en 2005 première femme présidente d'Afrique, Ellen Johnson Sirleaf est candidate pour un deuxième mandat en 2011 et bénéficie d'un très fort soutien des Etats-Unis.
L'ancienne vedette internationale du football George Weah, candidat malheureux à la présidentielle de 2005, se présentera de nouveau face à elle.
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