(Le Pays 30/09/2010)
Tous ceux qui doutaient de la capacité du président de la RDC (République démocratique du Congo) à suspendre l’exploitation illégale des minerais à l’Est de son pays auront eu tort. Ils avaient alors les raisons de leur doute, tout comme Kabila avait la certitude de sa force de frappe.
L’Est de la RDC, qui s’est avéré depuis belle lurette un véritable no man’s land ou très exactement un far west, échappant au contrôle du régime, est désormais sous surveillance de l’armée régulière. Et mieux, celle-ci semble avoir réussi la prouesse de suspendre toute exploitation minière dans cette localité. D’aucuns ne tarderaient pas à dire qu’il est trop tôt pour le président congolais de crier victoire. La RDC a longtemps souffert de voir une grande partie de la richesse de son sous-sol piller par des individus sans foi ni loi.
Cette suspension, si elle aboutissait à la pacification totale du nord et du sud-Kivu, constituerait une grande victoire pour Kabila, l’homme qui aura réussi la prouesse de reconquérir ce far west. La région des Grands lacs en général s’en féliciterait d’ailleurs, d’autant plus que les revenus des minerais de cette zone ont toujours alimenté les rebellions, que ce soit en RDC ou dans les pays limitrophes de la RDC comme l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi. Ainsi, pacifier cette zone reviendrait à leur fermer le robinet financier. Auquel cas, ces différentes rébellions risquent de disparaître.
Mais l’action du président congolais, bien que louable dans son principe (restaurer l’autorité de l’Etat sur tout le territoire national), suscite des interrogations : pourquoi est-ce seulement maintenant que Kabila ouvre l’oeil sur la sécurité de la région alors qu’il n’est pas au matin de son arrivée au pouvoir ? Faut-il y voir un calcul politique ? L’année 2011 est une année électorale en RDC.
L’empressement de Kabila à rétablir l’ordre dans l’Est congolais pourrait donc être motivé par des ambitions électoralistes. Les Congolais pourront lui savoir gré, si tout se passe bien, et si le partage des fruits de la richesse nationale est équitable, d’avoir réussi là où beaucoup de ses prédécesseurs ont échoué. Mais il ne faut pas occulter le rôle du Rwanda dans la région. Si les soldats congolais peuvent aujourd’hui parader dans le Kivu, c’est bien parce que le Rwanda veut.
C’est le nouveau climat fait d’apaisement entre Kigali et Kinshasa qui permet sans doute, en grande partie, cette reconquête de l’Est. En tout état de cause, tout le mal que l’on souhaite au président congolais est qu’il réussisse son pari de débarrasser son pays des prédateurs de tout acabit. L’on souhaite par ailleurs que les immenses richesses de cette partie de la RD Congo servent à tous les Congolais et non à une minorité. C’est alors que Kabila aura mené un combat utile pour tous.
Boulkindi COULDIATI
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