(Afriscoop 24/09/2010)
(AfriSCOOP Abidjan) — Les années 70 sont écrites en lettres d’or dans les annales qui retracent le passé glorieux de la Côte d’Ivoire de Félix Houphouët-Boigny. A cette époque lointaine, le pays était plus prestigieux, enrichit qu’il avait été par les immenses revenues du cacao et du café. Aujourd’hui, en proie à une crise, dont ses principaux acteurs politiques viennent de constater la fin, il aspire à cette gloire perdue.
Son économique dépassant de loin celles des pays de la sous-région, la Côte d’Ivoire s’était bâti une réputation à la dimension de son emblème : l’éléphant. Plus tard, l’on dira même de lui qu’il était l’éléphant d’Afrique. En somme, les années 70 ont marqué d’une pierre blanche la marche de cette nation vers le développement. C’était l’époque chancelante du « miracle ivoirien ».
Ce rêve, le peuple de Côte d’Ivoire le caresse toujours à la veille de l’élection présidentielle prévue le 31 octobre 2010. Eux qui ont vécu une guerre militaire (en septembre 2002), frôlé l’affrontement civil, connu au moins trois tentatives de coups d’Etat, dont l’une a réussi (décembre en 1999) et été troublés par de nombreux « complots » politiques s’en veulent, en effet d’avoir perdu la fasse.
C’est même souvent qu’on entend les Ivoiriens se lamenter, en reprendre avec regret un célèbre adage selon lequel : « on ne se souvient du vrai bonheur que lorsqu’on l’a perdu »
La nostalgie de l’époque presque paradisiaque est toujours vive au point où personne ne veut faillir aujourd’hui en la tâche qui lui incombe de réinstaller le pays dans la noblesse d’antan. En tout cas, les personnalités en ce moment même au pied du mur dans les préparatifs du scrutin d’octobre ne veulent se rendre responsable de l’échec de la Côte d’Ivoire à se remettre debout.
Que ce soit Laurent Gbagbo président de la République, Guillaume Soro Premier ministre, Youssouf Bakayoko président de la Commission électorale indépendante (CEI) et les 13 autres candidats (ils sont quatorze, le chef de l’Etat y compris), nul n’entend se rendre coupable de ce qu’il conviendra d’appeler le KO ou le chaos (ce pourrait être tout comme), si cela arrivait, d’un pays qui compte pour beaucoup sur le continent et pour l’Afrique de l’Ouest.
Les preuves de cette détermination du pays sont légions à mesure que passe le temps contre lequel les Ivoiriens se battent en réalité, vu qu’il ne leur reste plus qu’une trentaine de jours francs pour réussir une élection qu’ils veulent un « modèle pour les autres pays ».
En effet, ce n’est pas par hasard ou pour plaire aux Ivoiriens que le président Laurent Gbagbo battu au quotidien le rappel de ses compatriotes, en les appelant à « s’apprêter à aller aux élections ». Dès sont retour de la capitale burkinabè où il a pris part à la 7ème réunion du Cadre Permanent de Concertation (CPC), le mardi 21 octobre, le président s’est remis à la sensibilisation, rassurant que plus rien n’empêche son pays à aller au vote.
Laurent Gbagbo continue de jouer ainsi une grande partition, de mobilisation, en montrant comme il n’a eu de cesse à le faire depuis l’éclatement de la crise sa volonté à aller à la paix.
Guillaume Soro emboite le pas à M. Gbagbo, lui qui a saisi de gré la main tendue du président, après cinq bonnes années de belligérance.
Le Premier ministre est crânement à l’œuvre. En sa qualité de maître d’ouvrage du processus électoral, il est en passe de réussir un pari : celui d’organiser des élections « justes et transparentes ».
Hier, il décidait de se faire remplacer, momentanément, à la tête des Forces nouvelles (FN), l’ex-rébellion, pour prendre pleinement en main la résolution de la crise ivoirienne.
Les résultats de cet engagement sont perceptibles, ses troupes ont presque désarmé, ses ex-combattants sont encasernés, d’autres démobilisés. Et la réunification du pays est en cours avec le redéploiement de la douane aux frontières nord et ouest de la Côte d’Ivoire.
Bâton de pèlerin au poing, le Premier ministre vient de boucler une tournée auprès des chefs traditionnels, chefs religieux, responsables de partis politiques, candidats à l’élection présidentielle et, enfin, du corps diplomatique et des bailleurs de fonds. Cette tournée qu’il a initiée, après le ‘’dialogue républicain‘’ que Guillaume Soro a négocié et conduit de main de maître, entre les principaux membres du CPC, MM. Gbagbo, Bédié et Ouattara, n’avait qu’un seul objectif : prendre à témoin l’opinion nationale et internationale de la volonté des Ivoiriens à « organiser de bonnes élections ».
Youssouf Bakayoko est lui aussi au carrefour de l’histoire à partir d’où il rassure qu’il compte prendre avec la Côte d’Ivoire le bon départ pour la destination espérée : la prospérité.
En invitant les candidats à signer un code de bonne conduite et en exhortant ces derniers à sensibiliser leurs partisans à « un environnement apaisé, pour des élections sécurisées », c’est sûr que le diplomate qu’il est joue une carte déterminante dans un pays où la psychose d’une tension est perceptible.
Cependant, il reste beaucoup à faire en si peu de temps, une trentaine de jours, au point que l’on pense que le pari n’est pas tenable. La CEI doit, en effet, recruter, former et affecter soixante mille agents électoraux, distribuer 5.725.720 cartes nationales d’identité et cartes d’électeur, « imprimées », dit-on, élaborer un code de bonne conduite et le faire signer solennellement par les candidats, recruter et former des agents d’un observatoire de ce code de bonne conduite, procéder à l’installation dans les régions du pays des représentations de cet observatoire. La CEI doit gérer la question des gens qui auront entre temps perdu leurs récépissés d’enrôlement, veiller à ce que la télévision et la radio (RTI) nationales, veiller à une campagne civilisée, coordonner avec le corps électoral la planification des activités électorales…
En ce qui concerne les candidats, c’est peu dire qu’ils sont gonflés à bloc pour jouer aussi une partition heureuse et constructive. Même si les tâches qui restent à faire par la CEI sont titanesques et que leur exécution relève du « miracle », il faut aider l’institution à sortir son épingle du jeu, selon le Révérend Tagoua Nynsemon Pascal.
Comme ce candidat indépendant, bien d’autres sont optimistes. L’ancien Premier ministre Alassane Dramane Ouattara, président du Rassemblement des républicains (RDR) a repris la route pour la précampagne, pareil pour Albert Toikeusse Mabri président de l’Union pour la Démocratie et pour la Paix (UDPCI). L’ex-directeur général des Douanes ivoiriennes Gnamien Konan poursuit le porte-à-porte, l’ancien ministre des Transports Innocent Anaky Kobenan n°1 du Mouvement des Forces d’Avenir (MFA) est annoncé à Londres…
Bref, à en juger par ce chassé croisé, ce n’est pas se leurrer de croire que la volonté politique est réelle et que la Côte d’Ivoire est à un pas de la renaissance. Sauf cataclysme…
vendredi 24 septembre 2010 par Seraphin KOUASSIPar Seraphin KOUASSI, © AfriSCOOP
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