(Afrique Actu 27/09/2010)
Depuis qu’un mandat d’arrêt international a été délivré contre lui par le procureur de la Cour pénale internationale Luis Moreno Ocampo, le président soudanais, Omar El Béchir, est aux abois. Quoique ses pairs africains, à travers l’Union africaine, disent se désolidariser de cette décision de la CPI en lui exprimant leur soutien, Omar El Béchir joue la carte de la prudence et s’évertue autant que faire se peut à s’attirer la sympathie de la communauté internationale.
La signature , à son corps défendant, d’un accord sur l’autodétermination du Sud-Soudan par un référendum prévu pour janvier prochain, en est une preuve. Certes, le Soudan est une zone stratégique pour bien des pays occidentaux, mais l’épée de Damoclès reste toujours suspendue sur la tête d’Omar El Béchir. Si fait que ce dernier s’emploie insidieusement à saper les efforts de paix en cours à travers ses manoeuvres dilatoires. En effet, le 24 septembre dernier, le ministre soudanais de l’Information, Kamal Obeid, a déclaré que les Sud- Soudanais perdront leur droit d’être des citoyens dans le Nord s’ils votent pour le référendum de l’indépendance prévu sur l’avenir de leur région. Une déclaration inopportune et symptomatique d’une réprobation des autorités soudanaises à voir le Sud-Soudan accéder à la souveraineté.
On le sait. Les autorités soudanaises n’ont jamais véritablement approuvé l’autodétermination du Sud-Soudan d’autant que cette région constitue la vache laitière du pays, en témoignent ses énormes potentialités. Que deviendra le Nord-Soudan sans le Sud-Soudan ? Evidemment un corps sans âme ou une simple épave. De telles déclarations attentatoires au fragile processus en cours ont de quoi inquiéter la communauté internationale, surtout que le Soudan se remet à peine d’une longue guerre civile. Aussi, au-delà de la simple déchéance ethnique, le risque d’une purification ethno-religieuse n’est pas à exclure.
Les autorités soudanaises ont fini par avouer indirectement leur appréhension d’accorder l’autonomie au Sud-Soudan. Pourtant, les Sud-Soudanais sont si désireux de leur indépendance qu’ils refusent tout report de ce scrutin référendaire dont l’issue est plus ou moins connue. Les annus horriblis de la guerre civile du Darfour sont de nouveau à craindre, de sorte que les Nations unies ont vite appelé les deux parties au respect des engagements.
Les pays qui exploitent les matières premières ont aussi réagi avec promptitude. C’est pouquoi, le vendredi dernier, Barack Obama ainsi que plusieurs chefs d’Etat occidentaux et asiatiques ont rencontré, sous l’égide du Secrétaire général des Nations unies, les deux vice-présidents soudanais Salva Kiir et Osman Taha, respectivement du sud chrétien et du nord musulman. Il en a résulté un communiqué qui exprime la résolution du gouvernement soudanais à accepter le résultat dudit référendum. Mais, pour l’heure, tout porte à croire que les autorités soudanaises ne croient pas à une quelconque autonomie du Sud- Soudan. Le chemin paraît encore long pour l’indépendance de cette partie du Soudan.
Boundi OUOBA
Publié par Le Pays le
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