(Xinhuanet 27/09/2010)
YAOUNDE -- Une centaine de permis de recherche, une licence d'exploitation et une autre en cours de délivrance sont en ce moment répertoriés pour la valorisation des ressources minières du Cameroun, a déclaré à Xinhua à Yaoundé le ministre des Mines, de l'Industrie et du Développement technologique, Badel Ndanga Ndinga.
Filiale de l'opérateur minier américain Geovic Mining Group, Geovic Cameroon Plc, entreprise à capitaux mixtes constituée à 39, 5% de parts de l'Etat camerounais représentée par la Société nationale des investissements (SNH), est le détenteur de l'unique licence d'exploitation au profit de l'exploitation d'un gisement de cobalt-nickel-manganèse à Nkamouna dans l'est du pays.
De ce gisement, il est attendu la production d'au moins 4.000 tonnes de cobalt par an qui en est le produit principal, 3.000 tonnes environ de nickel et une trentaine de milliers de tonnes de manganèse, selon des sources officielles qui, début juillet, situaient le début de cette production dans un délai de 30 mois à peu près.
« Le cobalt se chiffre selon le prix du marché, parce qu'il y a un coût à extraire. Si le prix du marché est très haut, on pourrait monter jusqu'à 5.500 tonnes par an. Si le prix reste au- dessous de 20 dollars, là nous allons nous limiter peut-être à 4. 000 tonnes de cobalt par an », avait affirmé à Xinhua le Britannique Richard Howe, directeur général sortant de Geovic Cameroon Plc.
A la suite de la signature de la convention minière avec le gouvernement, la société sud-coréenne C&K Mining n'attend plus que la décision du président camerounais, Paul Biya, saisi à cet effet, pour l'obtention de l'agrément lui ouvrant effectivement la voie à la mise en valeur un gisement de diamant estimé à 740 millions de carats à Mobilong, autre localité de l'Est camerounais. « La demande du permis d'exploitation a été soumise à l'attention du chef de l'Etat », a confié à Xinhua Dr. Paul Ntep Gweth, coordonnateur du Cadre d'appui et de promotion de l'artisanat minier (CAPAM), opérateur technique du ministère des Mines.
« Les discussions sont en cours pour la convention minière avec Cam Iron, qui devrait passer à l'Assemblée nationale [ Parlement] lors de la session de novembre », a ajouté le responsable.
A Mbalam toujours dans l'est du Cameroun, la société Cam Iron, filiale du groupe australien Sundance Resources Limited, a été agréée à exploiter un gisement évalué à 800 millions de tonnes de fer riche et 1,2 millions de t de fer pauvre. De par son importance, ce gisement est classé 4e au palmarès mondial et 2e en Afrique.
D'un investissement chiffré à 3,3 milliards USD, ce dossier met en relief un projet structurant pour le développement du Cameroun avec la construction en vue d'un port en eaux profondes à Kribi, ville balnéaire du sud du pays, et d'un chemin de fer de quelque 490 km entre Mbalam et cette cité pour l'évacuation du minerai vers le marché international.
Fruit d'un partenariat en joint venture entre trois autres compagnies étrangères, Hydromine (Etats-Unis), Hindalco (Inde) et Dubal (Emirats arabes unis), Cameroon Alumina Limited (CAL) s' apprête à son tour à entamer des pourparlers avec les autorités camerounaises pour une convention minière en vue de l'exploitation de deux gisements de bauxite dans le nord camerounais.
D'un à l'autre, ces projets industriels sont révélateurs d'une intense activité à l'heure actuelle dans le secteur minier au Cameroun dont le sous-sol demeure inexploré à 60% et offre par conséquent des opportunités de recherche, soutient le ministère des Mines. En réalité, c'est plus d'un permis d'exploitation qui est mis en oeuvre.
En dehors de Geovic pour le cobalt-nickel-manganèse, Cimencam ( Cimenteries du Cameroun, entreprise avec pour actionnaire majoritaire le groupe Bolloré en France) puis Rocaglia (de sensibilité italienne) en sont détentrices pour l'extraction de marbre. Un autre permis est cité pour l'exploitation de calcaire.
Selon le ministère des Mines, l'or, la bauxite, l'étain, le titane, le disthène, le cuivre, le plomb, le zinc, le chrome, l' uranium, le fer, le manganèse, le diamant, le rutile, les calcaires, les terres rares, le graphite, le wolfram, le colombo- tantalite, l'arsenic, le talc, le phosphate, etc. font partie d'un large éventail d'indices découverts sur la base des prospections multiformes.
Dans son ambition de faire du Cameroun un pays émergent à l' horizon 2035, le gouvernement a fait de la valorisation de ces ressources un des piliers de son action qui, déjà, vise une croissance économique moyenne de 5,5% par an au cours de la période 2010-2020. Il est également question de reprendre le contrôle d'une filière aux mains des réseaux informels et clandestins.
Créé en 2003, le CAPAM, appuyé par des partenaires étrangers, pour la plupart sud-coréens (C&K Mining, Kocam Mining Credit et sa filiale Goldex), révèle la canalisation de plus de 500 kilos d'or dans les circuits formels depuis 2005, plus de 40 tonnes de disthène et 200 mètres cubes de quartzite. « On a commencé à produire du saphir : une vingtaine de kilos. On a aussi commencé à canaliser le rutile (du groupe de Yaoundé) : une tonne », fait également savoir son coordonnateur.
Dr. Ntep Gweth annonce la mise en place bientôt d'une unité pilote de production du sel à Mamfe dans le sud-ouest du pays. « La crise économique [mondiale] de 2008 a ralenti l'activité minière. Ça fait que maintenant on repart. En ce moment, la saison des pluies perturbe aussi un peu le travail », indique-t-il.
Début juillet à Bétaré-Oya, encore une fois dans l'est, le ministre des Mines a inauguré une usine de production semi- industrielle d'or sud-africaine, Caminco, d'une capacité de production de 30 kilos par mois, intégrant trois unités pour l' extraction, le lavage et la concentration du minerai. Deux mois plus tôt, le groupe français Lokamat avait fait son apparition dans le créneau.
Tout ce déploiement amène le coordonnateur du CAPAM à tabler sur des prévisions de production de 11.000 kilos d'or d'ici à 2015. Ses projections portent par ailleurs sur 2.937.202 grammes de saphir à la même échéance, 34.650 tonnes de disthène et 13,2 tonnes de rutile.
En rapport avec les objectifs gouvernementaux, la création récente de CAPAM Holding prévoit la construction d'une usine d' équipements miniers à l'est, avec pour partenaires financiers des investisseurs anglais et techniques sud-africains, en l'occurrence Caminco. « D'autres partenariats sont attendus », souligne Ntep Gweth.
« On va créer des filiales dans les départements avec l' investissement privé, pour valoriser le petite et la grande mine », mentionne-t-il encore.
© Copyright Xinhuanet
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire