mercredi 18 août 2010

Gabon : place aux actes

(Les Afriques 18/08/2010)
Le premier discours d’indépendance du président Ali Bongo Ondimba le 16 août au soir semble devoir marquer un tournant dans son exercice du pouvoir. Elu au terme d’une campagne pendant laquelle il a promis la rupture, il s’y est attelé immédiatement, dans le discours tout au moins. Des actes ont même suivi. Certains symboliques, comme la réduction de la taille de son cabinet ainsi que des ministères, d’autres de plus grande portée comme l’interdiction de l’exportation des grumes, mais les ruptures fondamentales qui doivent refonder les bases de la gestion du pays et enrayer la lente mais régulière récession du pays qui pourrait faire le lit d’une contestation populaire susceptible d’être exploitée par une opposition encore décidée, restaient à venir. Le message à la nation en annonce la mise en œuvre immédiate.
Les deux ruptures fortes concernent l’économie et la gouvernance. « Pendant la colonisation, [le Gabon] était un simple lieu d’exploitation du bois et des ressources minières au bénéfice de l’ancien colonisateur », a-t-il rappelé. Il aurait pu ajouter qu’après l’indépendance le système a peu évolué. Sans le dire, il en tire néanmoins les conséquences. L’objectif d’émergence qu’il assigne à son pays passe par de « nouveaux moteurs de croissance ». L’industrie de transformation du bois, la métallurgie légère, l’écotourisme et l’énergie devant prendre le relais des moteurs traditionnels en déclin, les hydrocarbures, notamment.
Toutefois, il ne s’agit pas d’un simple changement de domaine d’activité. La philosophie de l’exploitation change. La chaîne de valeur doit se faire essentiellement dans le pays pour le bois, le manganèse, le fer et le gaz. Cette rupture ne fera pas que des heureux parmi les entreprises françaises essentiellement.
La seconde rupture concerne la bonne gouvernance. Le président annonce des audits, des poursuites judiciaires contre les mauvais gestionnaires. Les mis en cause devraient être nombreux. Les premières fortes résistances au changement ne devraient pas tarder à se faire entendre. La fête n’a pas été sans étrenne. Bongo a annoncé l’assurance maladie obligatoire, un Institut de cancérologie, de nouvelles routes, de nouveaux barrages hydroélectriques.
Par CES, envoyé spécial
17-08-2010
© Copyright Les Afriques

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire