mercredi 18 août 2010

Les temps forts du discours de Denis Sassou-Nguesso

(Congopage 18/08/2010)
En 1960, nous héritons d’un pays exsangue de 800 000 âmes à 80% analphabètes.
Le Congo en tant que pays est à reconstruire dans toute sa globalité : infrastructures, conscience identitaire dépassant le repli ethnique, les moyens de communication unissant l’espace Congo.
L’indépendance se révèle une farce.
Les compagnies concessionnaires maintiennent sous perfusion l’économie du nouveau Congo dit indépendant.
Les privatisations, la création d’un parti unique dès l’indépendance et la révolution qui s’en suivra quelques années plus tard étaient historiquement conformes aux aspirations citoyennes. Il va de même du besoin du libéralisme et l’instauration du multipartisme des années 90.
« Une période de relative stabilité a pu laisser augurer quelque lueur de progrès et permettre la restauration du multipartisme et de la démocratie pluraliste. Par nos turpitudes obstinées, nous avons brisé l’accalmie et réussi le funeste exploit de plonger le pays dans une guerre civile sans précédent qui l’a laissé exsangue ».
Le génie du Président Denis Sassou-Nguesso :
Heureusement la paix est de retour dit-il.
Le Président promeneur nous amène dans son exercice favori : le voyage !
Le Congo, le pays des ambassadeurs ministres d’Etat, sera présent dans le monde entier promet-il dans son discours devant l’assemblée des parlementaires réunis en congrès.
Le Congo ouvrira des ambassades dans plusieurs capitales et des représentations auprès des organisations internationales les plus importantes. De nouvelles ambassades vont être ouvertes bientôt, notamment auprès des pays du G8 et des pays émergents où notre présence n’est pas effective. Le drapeau vert jaune rouge flottera désormais dans le monde entier.
Le tacle du Président Denis Sassou-Nguesso :
« Le système éducatif congolais qui, pendant longtemps, a été un des meilleurs creusets de pédagogie et de formation d’Afrique, atteignant, dans son régime de croisière, un taux de scolarisation de 99%, s’est brutalement effondré des suites de choix souvent inadaptés. Ces mauvais choix, nous devons le reconnaître, ont engendré de graves dysfonctionnements que nous nous efforçons de corriger ».
Le Président n’a pas daigné indexer l’auteur de ces dysfonctionnements. D’aucuns s’en souviendront du passage au sommet de l’Etat congolais du Président professeur !!!
Cela dit, inconsciemment ou consciemment le Président ouvre enfin le registre de la fêlure de sa sieste à la tête de l’Etat congolais.
En effet, la faillite de l’éducation nationale est à l’image de la faillite générale de la société congolaise.
Promesses du Président Denis Sassou-Nguesso et aveu de l’homme des actions concrètes :
« J’ai parlé du social comme # maillon faible de notre action #, parce qu’une partie considérable de notre population manque du minimum nécessaire. C’est notre plus grand défi. L’eau, l’électricité et les soins de santé ne sont pas encore à la portée de tous. L’emploi non plus. Cette situation est aggravée par le dépeuplement de nos campagnes au profit des deux principales villes du pays, Brazzaville et Pointe-Noire, qui abritent à elles seules plus de la moitié de la population nationale ».
=> C’est le point d’ancrage de ce papier et le point fort du discours du Président le 13 août 2010.
Mais, avait-il besoin de retourner ce canif dans le cœur meurtri des congolais ?
Monsieur le Président, nous rappelle qu’il a failli en son action à la tête de l’Etat congolais ; toutefois, il s’obstine à s’y maintenir sans aucun espoir de changement y compris son gouvernement pléthorique et incompétent…
Pays sans éducation, dépourvu de système de santé, sans eau potable ni électricité où le taux de chômage a largement dépassé les limites du supportable, le Président a été incapable de souligner le pourquoi de cette incapacité chronique. Cependant, le Président pense que : « les échecs au plan social sont imputables, pour une large part, aux contre-performances de notre économie ». Mais diable qu’est ce que Monsieur le Président entend par contre-performances !
Monsieur le Président, permettez-moi de vous dire que votre bilan économico-social est calamiteux. Ce n’est pas moi qui le dit, mais vous-même, cf. votre aveu : le maillon faible de votre action.
Le chemin d’avenir, la nouvelle espérance : les volets de la jouissance de l’homme des masses !
Le 1er volet de jouissance du Président est la paix. Sans eau potable, sans électricité, sans système de santé et sans éducation, les congolais s’enivrent en effet dans la paix sous la contrainte des trains convoyés par des hommes armés de lance-roquettes et kalachnikovs.
Le 2ème volet de jouissance du Président est l’assainissement de l’environnement économique et financier, qu’il dit « mené avec rigueur et méthode » avec une équipe ministérielle pléthorique, incompétente et kleptomane. Aucun de ses ministres n’a ni projet ni programme d’action. Tout est résumé en palabres (discours, conférences, promesses, arrogance et mabanga au rythme du ndombolo). Pouâh !
Le 3ème volet de jouissance du Président ce sont les grands travaux d’infrastructures de base dit-il exécutés à une cadence globalement satisfaisante. Non Monsieur le Président, globalement Brazzaville est une ville sans eau potable et sans électricité. En plus, l’aéroport de Brazzaville est inachevé. Personne ne croit d’ailleurs qu’il ressemblera un jour à l’aéroport d’Addis-Abeba. Avec quel personnel (corrompu) et infrastructures (eau & électricité) croyez-vous pouvoir manager les services d’un aéroport moderne ?
La pilule d’endormissement de l’homme des masses :
« J’ai décidé d’abroger le décret du 28 décembre 1994 portant suspension des effets financiers à la suite d’un avancement ou de toute autre promotion dans la fonction publique ». Attention, ça sera en janvier 2011. Le salaire minimum dans la fonction publique s’envolera alors à plus de 25%. Le président avoue avec insistance comme s’il avait été sous pression : « Le revenu de chaque fonctionnaire, dès janvier 2011, sera augmenté d’une partie des effets financiers de sa titularisation, de son avancement, de son reclassement ou de sa promotion, naguère suspendus ».
Rappelons que ce chapitre social a été très applaudi exagérément par le congrès des parlementaires patriotiques et démocrates soucieux et responsables du devenir de leur pays :
la gratuité du traitement du paludisme chez la mère enceinte et chez l’enfant de 0 à 15 ans ;
la gratuité du traitement du sida pour, notamment, enrayer la contamination mère-enfant ;
Cependant, le Président feint d’oublier que les rares hôpitaux du Congo sont gangrénés par la corruption. Aucun soin gratuit ne sera donc possible. Les infirmiers et les médecins refuseront de soigner les paludéens et les sidéens. Le chapitre social, pourtant lourdement applaudi, est une promesse intenable. Le préalable dans ce domaine est la lutte contre la corruption dont Monsieur le Président tarde à incorporer dans un de ces nouveaux slogans fétiches, du genre « soins pour tous d’ici 2050 ».
La municipalisation accélérée et enrichissante :
Les festivités du 52e anniversaire de l’indépendance et la municipalisation accélérée auront lieu dans le département du Pool en 2012. J’espère au moins que les Ninjas ne vont pas gâcher cette occasion pour la reconstruction, la réhabilitation et le développement du Pool. Dont acte !
P. Gnoka.
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