lundi 6 décembre 2010

Guinée - RESULTATS DEFINITIFS DE LA PRESIDENTIELLE GUINEENNE: Diallo plus sage que Gbagbo

(Le Pays 06/12/2010)
"Comme les décisions de la Cour suprême sont sans appel et eu égard à nos engagements antérieurs, nous ne pouvons que nous conformer à cet arrêté rendu par cette Haute Institution judiciaire de la République (...) La victoire et la défaite sont constitutives de la vie, comme nous l’enseigne la religion." Tels sont, entre autres, les propos tenus, imo pectore, par le candidat malheureux au second tour de la présidentielle guinéenne, Cellou Dalein Diallo, après la proclamation des résultats définitifs par la Cour suprême de son pays dans la nuit du 2 au 3 décembre dernier.
Ainsi, au narcissisme, à l’égocentrisme et au jusqu’au-boutisme qui caractérisent la plupart des candidats perdants sous les tropiques africains et qui conduisent leur pays dans le chaos, Cellou Dalein a plutôt préféré écouter la voix de la sagesse. Le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée, en procédant ainsi, refuse par là même, de rejoindre le lot de ces politiciens sans scrupule, prêts à mettre leur pays à feu et à sang pour accéder au trône ou pour le conserver. Diallo nous offre, en tout cas, l’occasion d’affirmer qu’entre lui et Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire, qui s’est fait investir après un hold-up électoral des plus indéniables de l’histoire, c’est le jour et la nuit. Certes, son adversaire politique, Alpha Condé, a remporté la victoire. Mais il reste entendu que cette victoire, on la doit à eux deux. Qu’il nous soit même autorisé de crier : gloria victis ! (1).
Mais derrière ce patriotisme de Diallo salué par tous, se cache un trésor politique incommensurable. En effet, pour peu qu’il sache se repositionner, son éloignement du palais de Conakry augmenterait son prestige d’autant que l’écart des voix entre lui et son challenger n’est pas aussi grand. En tout état de cause, les jalons d’une paix durable et d’une démocratie dignes de celles qui sont jusqu’ici citées comme référence sont jetés en Guinée. Après plus d’un demi-siècle de dictature avec son cortège de troubles sociopolitiques pour la plupart sanglants, la Guinée a enfin une très belle occasion de sortir définitivement du bourbier. C’est pourquoi Alpha Condé, qui vient d’être porté à la tête de ce pays, devrait se donner cette mission des plus herculéennes mais sans doute des plus indispensables : gommer les clivages ethniques et régionalistes afin de réconcilier les Guinéens avec eux-mêmes. En un mot, travailler à la félicité de tous. Et Condé n’a pas droit à l’erreur. En tout cas, porter l’étiquette d’opposant historique dans une Guinée dirigée par des hommes politiques des plus épouvantables, en dit suffisamment long sur le calvaire qu’il a subi. Des exactions à l’exil politique, il en a vu de toutes les couleurs. Ce qui indique que Condé est mieux placé pour savoir la différence qu’il y a entre un pays où règne une démocratie républicaine et celui où règne l’autoritarisme. L’âge limite fixé par le Code électoral de son pays pour être candidat à la présidentielle est de 70 ans.
Sans doute, Condé sera-t-il, au terme de son mandat, frappé par cette loi. Et vouloir la modifier, serait commettre un péché digne de celui qu’ont commis Adam et Eve en goûtant au fruit que leur a interdit l’Eternel et qui a plongé l’espèce humaine dans la corvée intermittente. En d’autres termes, le désormais président de la République de Guinée n’a pas droit à la moindre dérive. Alors, Alpha Condé, le monde entier vous tient à l’oeil.

Boulkindi COULDIATI
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