lundi 20 décembre 2010

CÔTE D'IVOIRE • Quel rôle pour les Nations unies ?

(Courrier International 20/12/2010)
Le régime de Laurent Gbagbo réclame le départ des troupes de l'ONU et de la France qui sont présentes sur le sol ivoirien. Une très mauvaise idée, estime le quotidien burkinabé Le Pays.
Le 20 décembre a expiré le mandat de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI). Le 18 décembre, dans un trémolo, Laurent Gbagbo en a profité pour oser exiger le départ des forces internationales. Il en oublie même qu'il doit la survie de son régime à ces forces. Mais le communiqué publié à la Radio télévision ivoirienne, ne devra nullement empêcher la communauté internationale et le gouvernement ivoirien sorti des urnes, de s'activer pour changer le mandat des forces internationales. Tout le monde s'entend désormais sur le fait qu'il faut empêcher Gbagbo de nuire. Pour les Nations unies et la France, le régime Gbagbo n'a plus aucune légitimité, et il n'est plus autorisé à parler au nom du peuple ivoirien. Ce, d'autant qu'il a été défait au deuxième tour du scrutin présidentiel du 28 novembre dernier.
En fait, le mandat de la mission de l'ONU arrive à son terme le 31 décembre. La date du 20 décembre concerne le début du processus impliquant les discussions sur le renouvellement du mandat. L'ONUCI [Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire] compte actuellement 10 000 Casques bleus. Elle est appuyée militairement par la France par le canal de la force Licorne. Celle-ci dispose d'environ 900 soldats déployés sur le territoire ivoirien. Sur le terrain, les relations entre les forces de défense et de sécurité ivoiriennes et les Casques bleus se détériorent de jour en jour. Le régime du FPI [Front populaire ivoirien, le parti de Laurent Gbagbo] se livre à des provocations comme s'il était pressé d'en finir avec cette situation qui le tracasse et le compromet de jour en jour. Gbagbo tient à avoir le champ libre pour exterminer ceux qui dérangent son pouvoir évanescent. Convaincu d'être "la seule autorité légale", il cherche désespérément à gérer la sortie de crise à son seul profit. Il sait qu'il faudra un peu de temps pour que les forces internationales changent de mandat et agissent concrètement. Sans doute compte-t-il sur ses protecteurs russes et chinois attirés par l'odeur du pétrole et des autres ressources ivoiriens ?
En attendant, lui et ses complices continuent de narguer, de provoquer et de tuer sans vergogne, après avoir été mis au ban de la communauté internationale. Il leur faut se venger de cette déculottée politique historique. Tout est mis en oeuvre pour faire taire toute voix contraire. Une chape de plomb s'est abattue sur le pays et après les médias internationaux, ce sont les médias ivoiriens plus au moins proches de Alassane Ouattara [Vainqueur de la présidentielle du 28 novembre 2010 selon la commission électorale indépendante et les Nations unies] qui sont frappés d'interdiction. Désormais, seules les thèses qui tentent de justifier l'injustifiable, par un anti-impérialisme d'arrière-garde et les sorties orageuses des Charles Blé Goudé et autres qui organisent et dirigent la répression, ont voix au chapitre. Ce dernier, devenu "ministre de la Jeunesse" tente de mobiliser les jeunes comme aux premières années de crise. Avec dans sa ligne de mire, les Casques bleus et, surtout, Nicolas Sarkozy. Une véritable fuite en avant, qui ne saurait occulter la réalité.
S'il multiplie les exactions avec usage de gaz lacrymogène, tirs à balles réelles qui font des morts et des blessés, c'est que le régime Gbagbo est aux abois. Dans ses derniers soubresauts parmi les plus mémorables, figure l'agression de fidèles musulmans, vendredi dernier, en pleine prière, à Grand-Bassam. Sauf que dans cette ville située sur le littoral ivoirien, à une quarantaine de kilomètres d'Abidjan, on ne se laisse pas faire. Les manifestations se sont donc multipliées à la suite de violences et d'arrestations ciblées. Elles ont engendré la colère des femmes qui ont envahi la rue. Cette révolte des femmes de Bassam contre le pouvoir de Gbagbo est tout un symbole. C'est une page de l'histoire de la Côte d'Ivoire qui vient de se rouvrir. Elle rappelle étrangement le combat mené par les populations ivoiriennes insoumises, et surtout la détermination des femmes de cette région du pays contre la domination coloniale. Une lutte décisive dans le combat mené pour l'indépendance de la Côte d'Ivoire. Avec la répression à Grand-Bassam, Gbagbo et ses amis viennent de s'isoler d'une autre partie du peuple ivoirien.
Scandaleuses et inadmissibles, ces répressions à répétitions de populations désarmées, ces violences faites à des femmes sans défense montrent qu'il y a urgence à changer le mandat des forces internationales. La Haut- commissaire aux droits de l'homme vient du reste de rendre public un bilan effrayant : 50 morts et plus de 200 blessés. C'est dire qu'après les nombreuses condamnations, le Conseil de Sécurité doit agir et vite. Fort, en cela, de l'appui du nouveau pouvoir ivoirien sorti des urnes, du soutien des instances africaines dont la RADDHO (Droits humains), la CEDEAO [Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest] et l'UA [L'union africaine]. Il faut arrêter de tergiverser et de s'enliser dans les sables mouvants de la bureaucratie lourde et des intérêts divergents. Certes, parler de plus en plus de "Monsieur Gbagbo", et non plus du président ou de son gouvernement, confirme bien que la page est tournée. Mais cela ne suffit pas. Il faut neutraliser, et définitivement, les fossoyeurs de la Côte d'Ivoire.
Scandaleuses et inadmissibles, ces répressions à répétitions de populations désarmées, ces violences faites à des femmes sans défense montrent qu'il y a urgence à changer le mandat des forces internationales. La Haut- commissaire aux droits de l'homme vient du reste de rendre public un bilan effrayant : 50 morts et plus de 200 blessés. C'est dire qu'après les nombreuses condamnations, le Conseil de Sécurité doit agir et vite. Fort, en cela, de l'appui du nouveau pouvoir ivoirien sorti des urnes, du soutien des instances africaines dont la RADDHO (Droits humains), la CEDEAO [Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest] et l'UA [L'union africaine]. Il faut arrêter de tergiverser et de s'enliser dans les sables mouvants de la bureaucratie lourde et des intérêts divergents. Certes, parler de plus en plus de "Monsieur Gbagbo", et non plus du président ou de son gouvernement, confirme bien que la page est tournée. Mais cela ne suffit pas. Il faut neutraliser, et définitivement, les fossoyeurs de la Côte d'Ivoire.

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