mercredi 1 septembre 2010

Tripartite Chine-OCDE-Afrique : RDC, grand perdant

(Le Potentiel 01/09/2010)
L’Afrique continuera-t-elle à demeurer le dindon de la farce de grandes puissances ? C’est la question que se posent certains observateurs qui soupçonnent la Chine et les Occidentaux de rééditer le « commerce triangulaire » d’alors en initiant la tripartite Chine –OCDE- Afrique. De la sorte, ils pourraient se faire du beurre sur le dos du continent noir, lequel sera réduit au simple rôle de pourvoyeur des matières premières dont les autres ont besoin pour leurs industries. Perçoit-on ce danger à Kinshasa ?
La forte percée de la Chine en Afrique a toujours été mal perçue par le bloc occidental qui voit en cette nouvelle stratégie chinoise une perte annoncée des avantages acquis au terme de la colonisation. La RDC en avait d’ailleurs fait les frais dans sa longue négociation avec le Fonds monétaire international en vue de la conclusion d’un nouvel accord formel au titre de la Facilité élargie de crédit.
Dépourvu de tout moyen de défense, et malgré l’intransigeance de la Chine à ne pas changer d’un iota le partenariat conclu avec la RDC, le gouvernement congolais a fini par capituler, acceptant la mort dans l’âme le réajustement du partenariat sino-congolais suivant les exigences posées par les services du FMI.
Mais, c’était sans compter avec la ferme volonté du bloc occidental de ne pas perdre l’Afrique, particulièrement la RDC, pays aux immenses potentialités naturelles, pour la plupart, non encore exploitées.
L’Occident a fini par trouver un raccourci. Il s’agissait essentiellement de garantir son droit de regard sur tout ce que la Chine entend entreprendre en Afrique, surtout dans le domaine des infrastructures. La Belgique, puissance coloniale de la RDC, a poussé son outrecuidance jusqu’à un « droit moral » sur la RDC.
La rencontre projetée septembrecourant à Kinshasa entre la Chine, l’Afrique et le cartel des pays développés, regroupés au sein de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), s’inscrit dans ce schéma. Elle est destinée à sceller le rapprochement entre la Chine et le bloc occidental pour mieux contrôler l’Afrique, et par ricochet la RDC.
Ainsi, les Chinois et les Occidentaux ont décidé de faire fonctionner une tripartite en associant l’Afrique. Pour concrétiser leur initiative, ils ont programmé quatre rencontres sous forme de conférences, qui se tiendront pour les deux premières sur le continent africain et les deux dernières dans l’Empire du soleil levant. Apparemment, la démarche de la Chine et de l’Occident serait une action de bonne intention à l’endroit d’un partenaire qui continue à marquer le pas sans arriver à décoller économiquement.
L’intérêt de cette coopération tripartite, estiment les experts chargés de préparer lesdites rencontres, consisterait à connaître l’impact des infrastructures réalisées en Afrique par les entreprises chinoises et de ce que les autres donateurs comme l’OCDE (Organisation de coopération économique) pourraient apporter comme contribution à côté de l’expertise et de l’aide chinoise. Aussi le thème principal desdites conférences est-il intitulé : « Les infrastructures en Afrique ».
Du coup, il ressort entre les lignes le jeu des intérêts des uns et des autres, en l’occurrence de la Chine et l’Union européenne, notamment. Car, une chose est de prétendre aider l’Afrique dans son programme de réduction de la pauvreté, une autre est de mettre à sa disposition des moyens matériels et financiers nécessaires à la réalisation de cet objectif.
D’aucuns relèvent qu’à ce sujet, tous les partenaires traditionnels de l’Afrique ont toujours fait preuve de réserve. Ils font semblant de tendre le bras mais les Africains ne saisissent que le bout des doigts. Mirage ? C’est le lieu de s’interroger.
D’autant qu’il y a longtemps que l’Afrique ne bénéficie pas de nouvelles technologies et d’infrastructures pouvant lui permettre d’installer des usines de transformation des matières premières dont elle dispose en si grand nombre.
LE MARIAGE D’INTERET
Que la Chine et l’Occident acceptent de se mettre ensemble pour réduire la pauvreté en Afrique à partir des infrastructures routières laisse un goût d’arrière gorge. L’on y note un hic. C’est l’inquiétude de la voir devenir le dindon de la farce d’une tri-coopération dans laquelle elle ne verra que du feu. Ceux qui font cette analyse prennent le cas de la RDC choisie pour abriter la première conférence de la tripartite Chine-OCDE-Afrique.
Suite aux pressions faites par le FMI et l’Union européenne sur le gouvernement congolais, celui-ci a, le 17 septembre 2007, signé un accord de protocole avec trois entreprises chinoises portant financement en vue du développement des travaux d’infrastructures en échange de l’exploitation des ressources naturelles de la RDC. Des 9 milliards USD de départ, il n’en est resté que 6. Cela au motif que le deuxième volet des investissements en infrastructures prévus dans le partenariat sino-congolais portait des germes d’un nouveau cycle d’endettement.
La Chine a fait preuve de flexibilité. Soit ! Mais aujourd’hui, la démarche de la tripartite comporte un flou que d’aucuns s’empressent d’assimiler à une exclusion des entreprises congolaises du partenariat sino-congolais. En réalité, soutiennent ceux-ci, les Occidentaux, et particulier les Européens, auraient convenu d’un deal pour faire la sous-traitance de ce marché mirobolant.
Si cela se confirmait, la relance de l’économie congolaise tant chantée serait compromise. Raison pour laquelle, la tripartite est comparée à une réédition du commerce triangulaire de l’époque dont le profit échappait totalement à l’Afrique.
Puisque la première conférence aura lieu à Kinshasa, l’élite congolaise doit anticiper et ne pas tomber dans les lamentations qu’on lui reconnaît.
C’était aussi pour le gouvernement de mettre en place un programme national pour faciliter l’émergence des entreprises congolaises. Il s’agit d’une question d’intérêt national qui tient à la survie des entreprises congolaises.
En lieu et place de s’opposer au contrôle de l’Afrique en général, et de la RDC, en particulier, l’Occident – démunie et financièrement limitée – n’a trouvé mieux que de composer avec le nouveau dragon de l’Asie, c’est-à-dire la Chine. Il y a risque cependant que ce rapprochement se fasse au détriment de la RDC. Ce n’est donc pas par hasard que la Chine et le cartel des pays développés ont porté leur dévolu sur Kinshasa pour la tripartite Chine-OCDE-Afrique.
Au-delà de cette rencontre, il y a un message que Kinshasa doit bien capter pour ne pas se retrouver dans la position du dindon de la farce.

Par Le Potentiel
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