mercredi 1 septembre 2010

Côte d'Ivoire - Nomination de Généraux, créations de CRS, construction d’Ecole de guerre…Gbagbo se barricade derrière l’Armée / 28 généraux pour quoi faire?

(Le Patriote 01/09/2010)
Une main de fer, dans un gant de velours. Sous les apparences d’un régime civil, la Refondation se présente depuis quelques jours sous son vrai aspect. Celui d’un régime dirigé en réalité par les militaires. Ou du moins, un pouvoir que celui qui l’exerce a ‘’confié’’ ou à la limite ‘’abandonné’’ entre les mains des hommes en armes. Tout concourt à le penser. Tant le candidat du FPI a donné le pouvoir à l’armée, pardon à une partie de l’armée. Son discours à Divo à l’occasion de l’installation de la Compagnie républicaine de Sécurité (CRS 3) dans cette ville est révélateur de sa volonté de se barricader derrière la grande muette. En effet, les consignes de Gbagbo à l’endroit des éléments de cette nouvelle unité dans la cité du Djiboua sont claires et les non-dits de ces propos sont limpides. Morceaux choisis : « (…) Nous demandons à la CRS de mater tous ceux qui sont contre la République. Vous avez pour ennemis, je dis bien ennemis et non adversaires, tous ceux qui sont contre la République et la paix. Vous avez pour ennemis tous ceux qui veulent troubler les élections en Côte d’Ivoire. (…) Vous n’êtes pas des juges. Vous êtes des combattants de la République. Votre rôle c’est d’obéir et non de réfléchir. S’il y a des dégâts, les juges apprécieront. S’il y a des erreurs, on va régler ça. Mais sachez que je vous ai envoyés ici pour que tous ceux qui s’opposent à la paix soient matés», leur a-t-il doctement expliqué. Pour qui connaît les règles de ce métier, nul doute que les jours à venir seront chauds dans la paisible cité de Divo. Car, ce sont des ordres que Gbagbo, de surcroît chef suprême des armées, a donnés. Et dans l’armée, un ordre, ça s’exécute. Autre lieu, même intention, même consigne et même résultat attendu. Aux festivités du cinquantenaire de la Côte d’Ivoire qui a été célébré à l’occasion de la fête nationale le 7 août dernier à la Présidence de la République, Gbagbo a encore parlé. S’adressant à toute la hiérarchie militaire au sein de laquelle il avait auparavant élevé certains aux grades supérieurs, il a livré un message qui a donné froid dans le dos. Devant Mangou, Guiai Bi Poin, Kassaraté, Brindou M’Bia, et tout ce que le pays compte de soldats dans tous les corps d’armée, le chef de file de la Refondation ne s’est pas du tout fait prier pour rappeler à ces derniers que leur destin est lié au sien. « (…) Mon Général, transmettez mes salutations à tous les militaires. J’ai dit aux officiers avec qui j’étais, il y a quelques jours à Yamoussoukro, qu’une des caractéristiques de cette crise, c’est que l’Armée est restée en place. Il y a beaucoup de gens qui circulaient dans les casernes, la nuit, en disant: ‘’faites ceci ou cela’’. Les officiers sont là: si moi, je tombe, ils tombent aussi. (…) Il y en a qui croient qu’un coup d’Etat est facile! C’est comme un édifice qui a plusieurs poteaux. Si tu le fais tomber, tes poteaux tomberont aussi. Je voudrais féliciter l’Armée qui est restée républicaine. (…). Ce qu’il faut retenir dans ce discours, c’est que le candidat demande aux militaires, notamment aux Généraux qu’il venait de grader de tout mettre en œuvre pour que lui Gbagbo ne ‘’tombe’’ pas. Mais c’est à Mama dans son village natal où il a reçu les populations du Moyen-Cavally samedi dernier, que le chef de l’Etat a étonné plus d’un. Dans les promesses qu’il leur a faites, il a annoncé la construction d’une «Université et d’un Centre Hospitalier Universitaire (CHU).» Il a également promis qu’il construirait des routes, notamment ‘’l’autoroute de l’ouest’’ dont le ‘’ financement existe déjà’’. On connaît le sort réservé à de telles promesses, qui sont devenues le sport favori du candidat du FPI à la présidentielle prochaine. Mais Gbagbo lâchera par la suite, à la stupeur générale : «Nous allons construire une Académie militaire à l’ouest et mettre les jeunes au travail». Construire une Ecole militaire, donc de guerre, pour un pays qui a plutôt besoin d’infrastructures telles des centres de santé, des école, des usines et autres sociétés pour résorber le chômage des jeunes qui a atteint un record inégalable dans la sous-région. En tout état de cause, faire appel aux militaires pour régler un certain nombre de choses a été constant sous le régime de la Refondation. En mai 2005, il a annoncé, dans un discours à la nation, la nomination d'un gouverneur et de préfets militaires dans l'Ouest du pays qui avait été marqué par des tueries en masse d'autochtones et d'allogènes de la région et des destructions de campements et villages à Guitrozon et à Petit Duékoué dans la région de Duékoué qui ont fait plus de 100 morts. Laurent Gbagbo qui venait de rentrer d'un périple dans cette région où il dit avoir vu "les effets de la barbarie lâche, une population meurtrie dans sa chair et dans son âme et qui s'interroge sur son avenir...", a promis la nomination d'un gouverneur militaire à Duékoué et de préfets militaires à Duékoué, Guiglo, Toulépleu et à Bloléquin qui devenait dans la foulée, un département.
Il a par ailleurs engagé les spécialistes de la question à mettre en place un PC Opérationnel Intégré qui fonctionnera 24 heures sur 24 dans la ville d'Abidjan divisée en cinq zones couvertes par des Unités d'Intervention Décentralisées qui "combineront des détachements d'infanterie" (Armée, gendarmerie et police). Il a relevé que le PC Opérationnel Intégré sera placé sous l'unique tutelle du ministère de la Défense. En procédant ainsi, Gbagbo nous rappelle peut-être l’origine de son accession au pouvoir un certain 26 octobre 2000 où il a prêté serment. Son régime a toujours été militaire, car c’est avec un groupe de militaires et de gendarmes qu’il a pris le pouvoir. Avec ce que cela a entraîné comme dégâts, l’obligeant à reconnaître qu’il «a été élu dans des conditions calamiteuses.» Au départ, il avait voulu cet aspect de son régime. Mais très vite, il s’est rendu compte que les élections sont annoncées pour quelques semaines et qu’il aura sans doute encore besoin de ce groupe pour la sale besogne. A ce rythme, l’on est tenté de conclure que c’est une junte qui dirige le pays. D’autant plus que le pouvoir de Gbagbo repose sur une partie de l’armée. Celle qui lui est redevable. C’est à elle qu’il s’adresse chaque fois que la présidentielle se profile à l’horizon. Heureusement que la majorité des hommes en armes se tient en dehors de ce débat !
Yves-M. ABIET
28 généraux pour quoi faire?
Ça fait frémir. La Côte d’Ivoire compte désormais 28 généraux en fonction pour à peine 50.000 hommes. La moisson est bonne et même très bonne pour le commandement de l’Armée, la Police et de la Gendarmerie nationale. Les cadeaux d’anniversaire du cinquantenaire de l’indépendance continuent de pleuvoir. Oubliés par le chef suprême de l’Armée Ivoirienne, la presse nationale s’est fendue en avocat des flics. Pourquoi pas eux ? Ils ne restaient plus que nos valeureux flics pour que le marché des étoiles se referme silencieusement. Dans les couloirs du cabinet du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité et de la Direction générale de la Police nationale, quatre noms circulent. Ces nouveaux contrôleurs généraux ont pour noms Gnaba Kpaboué , DGA chargé de la police judiciaire (dont dépend la Police criminelle et la Police économique), Boblahi Junior, tout puissant directeur de cabinet du ministre Désiré Tagro, Blé Tapé et Yao Siagbé Inspecteur des services de police. Ils rejoignent ainsi leurs devanciers, les contrôleurs généraux, Brédou Mbia (Directeur général de la Police nationale), Gaoussou Ouattara ( Directeur de l’Inspection générale des services de police), Kouassi Yao (Directeur adjoint de l’Inspection), Yapo Kouassi (ex DG devenu Inspecteur), Lago Daleba Bernard ( Conseiller du ministre), Adjoussou Désiré (Président de la commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères), Kili Fiacre ( DG de l’office nationale de la protection civile). La Police frôle donc de justesse la dizaine de généraux avec neuf élus. Elle se classe derrière les FANCI (12 généraux) et la Gendarmerie (5). Mais au juste 28 généraux pour quoi faire ? Et c’est à ce niveau que les analystes se perdent en conjectures. Parce que ni le format des personnels ni les faits d’arme à l’actif des commandements respectifs ne peut justifier cette floraison d’étoiles. Laurent Gbagbo, himself, plantait déjà l’environnement le 7 août dernier lors de la célébration de la date de l’accession à l’indépendance. «Si je tombe, vous tombez», crachait-ils au grand commandement des FDS. Quelques semaines après à Divo à l’occasion de l’installation de la 3ème caserne de la Compagnie républicaine de sécurité, le candidat de la minorité présidentiel appelle les agents à réprimer les manifestations. Les opposants sont présentés comme les ennemis de la République. Le plaisir s’arrête là. Le régime est aux abois et navigue à vue. Le jour de l’élection présidentielle, l’on ne serait pas étonné de voir le chef de l’Etat en treillis pour bien situer les enjeux.
Coulibaly Brahima
Nomination de Généraux, créations de CRS, construction d’Ecole de guerre… Un policier s’indigne : «Ces promotions sont injustes»
Un agent de la Police qui a requis l’anonymat nous a fait parvenir cette contribution relative aux nouveaux grades que Gbagbo a distribuées dans récemment dans l’armée. Selon lui ces différentes promotions ne se sont pas faites dans les règles de l’art. Nous vous proposons son point de vue.
Les distributions de grades se poursuivent au sein des Forces de Défense et de Sécurité de Côte d’Ivoire. Après les FANCI et la gendarmerie, la Police nationale vient d’enregistrer l’arrivée de quatre (04) nouveaux contrôleurs généraux et de nombreux colonels et colonels majors nommés à titre exceptionnel. Le décret présenté par le ministre de l’Intérieur a été signé par Monsieur le Président de la République, chef suprême des Armées dans la soirée du mercredi 25 août 2010. Ainsi, sont nommés contrôleurs généraux, Blé Tapé (Inspecteur), Niabo Eugène (DGA), Boblae Jean (Directeur de cabinet adjoint du ministre) et Yao Siagbe (Préfet de Police de Daloa).
Les grades de colonels majors ont été distribués à titre exceptionnel à Sami Bi (DGA), à Kouadio Godrin (DGA) et à Djama Djama (Conseiller technique au cabinet du ministre). Excusez du peu!
Dans les services et casernes de la Police, ces nominations suscitent en ce moment, les commentaires les plus divers au sein des troupes.
-En effet, pour nombre de Policiers, ces promotions sont injustes en ce qu’elles ont été faites au mépris des critères d’ancienneté, de compétence et de mérite personnel.
-En cause également, les nominations exceptionnelles qui ont tendance à devenir la règle à la Police. Pendant que des anciens remplissant les conditions statutaires sont arbitrairement recalés, l’on fait faire des pas forcés à des jeunes qu’on bombarde de grades à titre exceptionnel pour les placer indûment à la tête de la hiérarchie, sans se préoccuper des sentiments de frustration créés chez les laissés pour compte.
-En cause enfin, l’influence trop forte du politique, surtout depuis 3 ans, dans l’évolution de la carrière des Policiers. Par exemple, pour les dernières nominations, les indiscrétions qui ont filtré çà et là, indiquent que le ministre Désiré Tagro n’a pas hésité un seul instant à balayer du revers de la main, le classement par ordre de mérite arrêté par la commission d’avancement pour lui substituer son propre classement en vue de récompenser ses proches ou les gens recommandés.
Les observateurs avertis de la vie de l’institution militaire estiment qu’avec ce type de nomination où les cadets sont promus à la place de leurs aînés, l’autorité que confère le grade n’a plus de sens, dans la mesure où celui qui arbore l’insigne du grade sait qu’il ne tire sa légitimité que du favoritisme et du népotisme; toutes choses en contradiction totale avec les valeurs d’une armée ou d’une Police républicaine.
Les nostalgiques regrettent l’époque où les avancements au cours de la carrière, bien qu’au choix, se faisaient avec justice et équité, sans distinction d’origine sociale ou régionale, d’ethnie ou d’obédience politique. Mais le sage de Yamoussoukro ne disait-il pas que «le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu»?
NB: Le titre et le chapeau

sont de la Rédaction
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