mercredi 15 septembre 2010

Angola -Le journaliste Alberto Chakussanga assassiné

(Afriqu'Echos Magazine 15/09/2010)
Animateur en langue umbundu sur la radio Despertar, organe quasi officiel du parti de l’opposition Unita, Alberto Chakussanga a été retrouvé mort, le 5 septembre 2010, dans sa cuisine atteint d’une balle dans le dos tirée, selon l’hypothèse la plus probable, d’une arme silencieuse. Même si le mobile du crime n’est pas encore connu, l’hypothèse d’un assassinat politique est avancée par certains qui pensent que la victime aurait payé ses critiques virulentes contre le régime. L’Ong Reporters Sans Frontières « tout en exhortant les acteurs politiques à ne pas politiser ni envenimer cette affaire », se dit « frappée par la coïncidence entre ce tragique incident et la crispation politique observée ces derniers temps entre le MPLA (parti au pouvoir) et l’UNITA (opposition), dont la radio est proche ».
Pour rappel, Alberto Chakussanga est le premier journaliste tué en Angola depuis 2001, un homicide qui intervient dans un contexte politique tendu comme l’indique un communiqué de Reporters Sans Frontières : « Deux jours après ce crime, le porte-parole du MPLA, Rui Falcão, s’en est directement pris à la ligne éditoriale de la Radio Despertar l’accusant de lancer des appels successifs à la désobéissance civile : ‘C’est une situation grave qui nous préoccupe, c’est la raison pour laquelle j’en appelle à tous les militants du parti, aux sympathisants, aux amis en vue de ne pas réagir à une quelconque provocation, incitation ou invitation qui contrarient la loi et l’ordre. (...) L’attitude et les appels de Radio Despertar sont basés sur les discours que les dirigeants de l’UNITA, en particulier son président, Isaias Samakuva, prononcent de plus en plus ces derniers jours’". Une réaction du Conseil National de Communication Sociale (CNCS), l’instance de régulation des médias a été, par ailleurs, souhaitée par le ministère de la communication qui a appelé les différentes entités « à prendre leurs responsabilités ».
Au regard de ce contexte, reporters Sans Frontières « recommande au gouvernement angolais qu’aucune piste, ni professionnelle ni politique, ne soit écartée. Nous demandons aux autorités de garantir qu’une enquête approfondie fera la lumière sur cet assassinat, véritable coup de tonnerre pour la liberté d’expression en Angola ». Des préoccupations justifiées par le fait que « Le 2 septembre, soit trois jours avant l’assassinat d’Alberto Chakussanga, le MPLA avait déjà mis en garde les citoyens angolais qui, d’après lui, "conspirent" avec l’étranger pour dénigrer le président de la République, José Eduardo dos Santos, et son gouvernement ».
Le journaliste était marié et âgé de 31 ans et était également professeur à la faculté des lettres de l’université publique "Agostinho Neto".
Afriqu’Échos Magazine (AEM)
mardi 14 septembre 2010 Afriqu’Échos Magazine (AEM)

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