jeudi 2 septembre 2010

Afrique du Sud -Un mouvement social record

(L'Humanite 02/09/2010)
Le gouvernement a revu à la hausse son offre de revalorisation salariale. Les salariés se prononçaient hier sur des propositions critiquées par les directions syndicales.
Après bientôt trois semaines de grève pour les salaires, les fonctionnaires sud-africains devaient se prononcer hier par vote sur une nouvelle offre du gouvernement. Sur injonction du président Jacob Zuma, à son retour d’une visite en Chine, les négociations ont finalement repris pour aboutir, mardi, à une proposition d’augmentation de 7,5 % des salaires (contre 8,6 % revendiqués par les grévistes). Le gouvernement a également revu à la hausse sa proposition de revalorisation de l’allocation logement (800 rands, contre 1 000 rands, soit 107 euros, demandés par les grévistes). Autant de concessions faites sous la pression de la rue, alors que les revendications salariales et le mouvement de grève commencent à s’étendre au secteur privé. Vendredi dernier, le syndicat national des mineurs (NUM) a évoqué la possibilité de rejoindre le mouvement en solidarité avec les fonctionnaires. « Ils doivent résoudre le problème et s’ils ne le font pas, nous allons nous rallier à la grève du secteur public jeudi », a prévenu son porte-parole, Lesiba Seshoka. Un ultimatum repris dans de nombreuses branches, qui fait craindre au gouvernement l’extension du mouvement à des secteurs clés de l’économie. Sur le plan politique, Jacob Zuma n’a pas le choix : il lui faut préserver l’unité de l’Alliance tripartite que la puissante centrale syndicale Cosatu, à l’origine de ce mouvement, forme avec l’ANC et le Parti communiste. Alliance qui « risque d’imploser à cause de divergences fondamentales », a mis en garde, la semaine dernière, Zwelinzima Vavi, le secrétaire général de la Cosatu.
Dans ce contexte, Jacob Zuma est contraint de donner des gages aux syndicats et à la gauche de l’alliance, qui ont fortement appuyé son ascension. Quitte à rompre avec les équilibres budgétaires invoqués par l’État depuis le début de la grève. « Nous avons confiance dans les négociateurs qui sauront, des deux côtés, trouver bientôt une solution et aider le pays à sortir de cette situation déplaisante le plus vite possible », a déclaré Zuma.
Mais, en dépit des nouvelles propositions concédées par le gouvernement, l’incertitude demeurait, hier, sur la réponse de grévistes déterminés à en finir avec les salaires de misère et engagés dans le plus important mouvement social que le pays ait vécu depuis trois ans. Leur réponse sera connue aujourd’hui.
Rosa Moussaoui

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