mercredi 4 août 2010

Le Bénin face à l’affaire Yayi Bony: Un cas d'école qui fait pâle figure

(Walfadjiri 04/08/2010)
Présenté comme l'un des pays les plus stables d'Afrique, le Bénin figure également, depuis quelques années, parmi les premières démocraties sur le continent. Et l'élection de Yayi Bony, à sa tête en avril 2006, avait fini de renforcer cette position. Mais la récente affaire ‘d'escroquerie’, le mettant au centre d'un grand scandale, semble ternir un cas d'école inédit en Afrique.
En Afrique, le Bénin était fréquemment pointé du doigt pour avoir réussi une expérience séduisante. En effet, c'est en 2006 que ce pays a décidé de porter à sa tête un technocrate débarqué des arcanes des milliers financiers africains. Cela, en tournant la page des politiques qui semblaient plutôt préoccupés par des intérêts personnels. C'est ainsi que l'ancien directeur général de la Banque ouest africaine de développement (Boad) est élu président de la République du Bénin. Cela avait suscité plein d'espoir dans bon nombre de pays africains où les élites ont commencé à croire en leur capacité à aller au sommet. Mais, aujourd'hui, après la révélation de cette affaire aux relents de scandale impliquant au premier chef le président Boni dans son pays, l'on se demande si les technocrates demeurent la réelle alternative en Afrique. D'autant que l'actuel président de la République béninoise était présenté comme un ‘messie’. Celui qui allait engager son pays dans un processus de développement.
L'affaire, pour laquelle le successeur du président Mathieu Kérékou est poursuivi par 50 députés de son pays, est aux antipodes de ses engagements de campagne électorale. En effet, élu dans un contexte très difficile, Yayi Boni avait particulièrement mis l'accent sur une politique sociale de qualité, pouvant permettre de résorber grandement le chômage dans son pays. ‘Il était vu comme un messie et un docteur capable de soigner notre économie’, ironisait, en février dernier, l'homme politique Andoche Amegnissé. Mais la véritable problématique demeure l'avenir de ce cas d'école qui commençait pourtant à faire tache d'huile sur le continent. Cela, avec un sursaut général des mouvements citoyens qui participent de plus en plus à la gestion des affaires publiques.
Et sur ce point, la tendance était favorable à l'expérience béninoise. Car, nombreux sont ceux qui pensent que cette alternative axée sur les technocrates était le seul moyen de propulser les pays africains sur la voie du développement. La conception collective étant que cette catégorie de dirigeants reste plus prompte à mener la lutte contre la corruption, les gabegies et autres formes de malversations. Mais cette affaire Yayi Boni, qui éclabousse la mouvance politique béninoise, risque de se présenter comme une illusion pour les adeptes de l'alternative technocratique à la tête des pays africains. Et pour cause, elle prouve que les politiques ont encore du chemin devant eux, en ce qui concerne la convoitise du pouvoir.
Ce scandale dit ‘affaire Madoff béninoise’ consisterait à un éventuel favoritisme du président Boni à l'endroit d'une société de service ayant conduit 200 mille épargnants à la ruine. Une affaire au parfum de conflit d'intérêt qui risque de coûter son fauteuil au président béninois ; du moment que d'autres révélations font état du financement de partis de la mouvance présidentielle par cette dite société.

Ab. A. AGNE
© Copyright Walfadjiri

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