mercredi 4 août 2010

Guinée Bissau - Désordre au sommet d’un Etat narcotique

(L'Observateur Paalga 04/08/2010)
S’achemine-t-on vers un Etat sous mandat en Guinée- Bissau ? C’est la question que l’on est en droit de se poser après l’acceptation du gouvernement d’accueillir une mission étrangère dite de stabilisation.
Y a-t-il meilleur choix pour rétablir l’ordre dans ce pays abonné, depuis son indépendance en 1974, aux putschs qui le plongent, de façon permanente, dans une instabilité politique et militaire ?
Une situation qui, faut-il le souligner, freine le développement économique de la Guinée- Bissau, à la traîne au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) dont il est membre. Il règne au sommet de cet Etat un véritable bordel qui le rend ingouvernable. Quoi de plus normal, quand on sait qu’il est dominé par une armée dont la majorité des hauts gradés sont soupçonnés d’être les patrons d’un réseau de narcotrafiquants.
Faut-il voir à travers cette acceptation de la présence d’une mission étrangère de stabilisation une démission des autorités bissau-guinéennes face à leur devoir ? Ou cela s’explique-t-il par la pression de la communauté internationale pour un rétablissement de l’ordre en Guinée-Bissau ? Peu importe la motivation de cette décision, l’essentiel est que cela puisse effectivement favoriser un retour à la normale dans ce pays. En attendant, sa concrétisation est soumise à l’approbation du Parlement et, bien sûr, à celle l’incontournable armée qui échappe au contrôle des dirigeants.
Mais que peut bien faire véritablement cette mission pour une réelle stabilisation si ce n’est d’œuvrer à éradiquer les gangs de narcotrafiquants, toujours prêts à en découdre avec tout régime qui compromet leurs intérêts ? Le président Bacai Sanha n’a-t-il pas exprimé, début juillet dernier, son ras-le-bol en déclarant ne “pas accepter d’être des otages éternels entre les mains des militaires” ? Ce, après avoir brandi une menace d’exclusion des forces armées bissau-guinéennes contre tout militaire qui s’adonnerait au narcotrafic. Il se rappelle certainement le double assassinat, en mars 2009, du chef d’état-major, le général Batista Tagmé Na Wai, par suite d’un attentat à la bombe, et de son prédécesseur, le président Joao Bernardo Vieira.
Récemment, précisément le 1er avril dernier, c’est le général Antonio Indjai qui a fait un coup d’Etat au chef d’état-major le général José Zamora Induta, dont il était l’adjoint, avant de faire séquestrer, par des militaires qui lui sont proches, le Premier ministre, Carlos Gomes Junior. C’est d’ailleurs le général Indjai, à la surprise générale de l’opinion bissau-guinéenne et internationale, qui a été nommé au poste de chef d’état-major, par le président Malam Bacai Sanha.
En guise de désapprobation de cette investiture, l’Union européenne a dit son intention de “réexaminer” son aide au développement à la Guinée-Bissau. Pour ce qui est de la mission étrangère de stabilisation, on a annoncé qu’elle comprendrait des éléments de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEdEao), de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) et de l’Union africaine. Cependant, on ignore, pour l’instant, le nombre et le statut des hommes qui la constitueront, tout comme les pays d’où proviendront ces forces.
On espère que cette force favorisera la reprise du processus de réformes dans les secteurs de la défense et de la sécurité, bloqué par le putsch au sein de l’armée.

Hamidou Ouédraogo
© Copyright L'Observateur Paalga

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