jeudi 5 août 2010

Bénin - Yayi Boni dans de sales draps !

(Le Messager 05/08/2010)
Ce n’est pas chaque jour que l’on le voit en Afrique. Un président en exercice interpellé par les représentants du peuple qui pensent que celui-ci a manqué de respecter le serment qu’il a fait à son investiture, ce qui est ni plus ni moins qu’un parjure. Le Bénin qui passe pour être un exemple de démocratie sur le continent le démontre à suffisance avec cette motion de censure que cinquante (50) des quatre vingt trois (83) députés que compte le Parlement au pays de Mathieu Kérékou, sont sur le point d’initier à l’encontre du chef de l’exécutif.
Il convient de relever que cette « affaire » a quelque peu porté préjudice aux festivités marquant le cinquantenaire de l’indépendance de cette République, dimanche 1er août 2010. A en croire notre confrère de Rfi, Frédéric Couteau, l’objet du scandale, renvoie à « la fameuse affaire ICC Services », une entreprise qui a contraint à la faillite à près de 200.000 citoyens béninois dans un style non loin de celui de Mardorff au pays de l’Oncle Sam, l’année dernière. En effet c’est par des placements de fonds utilisés comme appât que cette société a su se jouer de ses épargnants.
Concrètement, les membres du Parlement dans leur majorité réclament la mise en accusation de Yayi Boni pour « forfaiture et parjure ». Ils tancent le président d’avoir d’une manière ou d’une autre encouragé les activités de ICC Services, et, notre confrère de Rfi de dire : « C’est un peu l’histoire de l’arroseur arrosé… » On se souvient que Yayi Boni, alors candidat indépendant avait promis de pourchasser et extirper de la société béninoise la corruption qui la sclérose.
Le pays un quotidien burkinabé que relaie Couteau s’en rappelle : « candidat indépendant, Yayi Boni, ancien banquier, (…) avait été élu en mars 2006 avec plus de 70% des votes, (…) avec un programme qui visait la restauration des valeurs républicaines, principalement la lutte contre la corruption qui gangrenait alors l’administration en place. » Résultat des courses, dans cette croisade contre la corruption, c’est plusieurs personnes qui sont embêtées mêmes celles qui sont considérées proches du chef de l’Etat comme le ministre de l’Intérieur limogé « il y a trois semaines ». Et le quotidien de s’interroger sur l’opportunité de ce scandale. « En tout cas, l’ironie du sort a voulu qu’en fin de mandat, il (Yayi Boni) doive lui-même batailler fort pour se sortir de scandales financiers. Aura-t-il la sérénité nécessaire pour sauver sa présidence s’il aspire vraiment à se succéder à lui-même ? »
Si ce scandale ne peut pas être déterminant pour l’avenir de cet ancien banquier chevronné à la tête de l’Etat béninois, il a quand même le mérite de démontrer avec aisance l’expression de l’exercice du sacro saint principe de la séparation de pouvoirs si chère à la démocratie. Surtout en Afrique où il très souvent difficile d’établir la frontière entre ces trois entités que sont l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Ces cinquante députés sortent du lot de ceux qu’on retrouve le plus souvent dans nos hémicycles où on a plus une assemblée de béni-oui- oui qu’autre chose face à l’exécutif qui reste le seul maître à bord.
Au Bénin, le « groupe des 50 » montre fort à propos que personne n’est au-dessus de la loi même…le président de la République. C’est une grande première qu’il faut apprécier à sa juste valeur et un exemple qui devrait avoir un effet boule de neige dans nos démocraties. C’est seulement par cette voie que le mode de vie des populations se verra changé.

Jacques Willy Ntoual.
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