jeudi 2 décembre 2010

La Côte d'Ivoire attend dans la nervosité l'annonce des résultats électoraux

(Le Monde 02/12/2010)
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a réclamé la publication "sans délai" des résultats de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire, après l'expiration des délais fixés. "Le secrétaire général souligne la nécessité pour la commission électorale indépendante d'achever son travail et d'annoncer les résultats provisoires sans plus de délai, a souligné un porte-parole du chef de l'ONU. Il demande à toutes les parties ivoiriennes et aux institutions de faire preuve de responsabilité et de s'abstenir de toute initiative jusqu'à l'annonce des résultats provisoires."
Malgré les pressions exercées par certains gouvernements étrangers, la commission électorale a laissé passer la date butoir de mercredi minuit sans publier les résultats, trois jours après le scrutin de dimanche. Environ quarante minutes avant l'expiration du délai, le président de la CEI avait affirmé à la télévision que la commission "continuait de travailler" pour annoncer les résultats. Les appels se sont multipliés mercredi dans le monde pour que la CEI proclame enfin le nom du vainqueur du second tour entre le sortant Laurent Gbagbo et l'opposant Alassane Ouattara.
GBAGBO COMPTE SUR L'ANNULATION DE L'ÉLECTION
Mais le camp Gbagbo compte sur l'annulation par le Conseil constitutionnel de votes "frauduleux" dans le nord, tenu par l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) depuis le coup d'Etat manqué de septembre 2002. Pascal Affi N'Guessan, directeur de campagne du président ivoirien, a affirmé que les manœuvres d'intimidation des électeurs pratiquées par les FN dans le nord du pays avaient dissuadé les partisans du président sortant d'aller voter.
Toute l'élection pourrait être annulée si les plaintes déposées par Gbagbo sont retenues par le Conseil constitutionnel. Or les adversaires de Gbagbo estiment que la plus haute cour du pays n'est pas neutre car elle est dirigée par Paul Yao N'Dré, un proche allié politique de Gbagbo. Alassane Ouattara, homme du Nord qui dément tout lien avec les ex-rebelles, a jugé "inacceptable" le retard dans l'annonce des résultats et demandé à Gbagbo de les respecter, mais il n'est pas allé jusqu'à revendiquer la victoire. Ses alliés affirment que Gbagbo bloque la publication des résultats parce qu'il sait qu'il a perdu et que porter plainte devant le Conseil constitutionnel, après avoir empêché la commission électorale de diffuser les résultats, serait illégal.
Le second tour de la présidentielle, dimanche, était censé couronner le processus de réunification et de réconciliation d'un pays resté scindé en deux pendant des années. Les Nations unies ont averti mercredi la classe politique ivoirienne qu'elle pourrait être tenue responsable d'éventuelles violences. Laurent Gbagbo avait terminé en tête du premier tour, le 31 octobre, avec 38 % des voix contre 32 % à Alassane Ouattara, qui a reçu le soutien public de l'ancien président Henri Konan Bédié (25 % au premier tour).

LEMONDE.FR avec AFP
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