(Le Monde 23/12/2010)
Le nouveau président guinéen Alpha Condé, qui avait été investi mardi à Conakry en présence de 13 chefs d'Etat africains, a reçu mercredi la démission du gouvernement de transition conduit par Jean-Marie Doré auquel il a assuré qu'il avait "assumé parfaitement" sa mission.
"Votre mission étant de conduire la transition jusqu?aux élections libres et transparentes et d?assurer la paix et la tranquillité dans le pays, malgré quelques dérapages dus aux conditions de campagne des candidats, vous avez assumé parfaitement votre mission", a déclaré Alpha Condé, premier président démocratiquement élu de l'histoire de la Guinée, après 52 ans de dictatures.
"Aujourd?hui, la Guinée est citée en exemple (...) dans la sous-région, quand on voit un peu ce qui est en train de se passer", a-t-il dit, faisant apparemment allusion à la Côte d'Ivoire voisine, plongée depuis la présidentielle du 28 novembre dans une très grave crise politique qui a fait au moins 50 morts, selon l'ONU.
"Je pense que le peuple sera reconnaissant et j?espère que vous continuerez à servir la Guinée, quelles que soient vos nouvelles fonctions", a déclaré à M. Doré le nouveau président, qui doit rapidement constituer un gouvernement.
La campagne pour cette première élection libre, en Guinée, avait été troublée par des affrontements politico-ethniques. L'état d'urgence avait été instauré le 17 novembre après trois jours de violences durement réprimées par les forces de l'ordre ayant fait au moins sept morts et plusieurs centaines de blessés, dans les fiefs électoraux du candidat perdant, Cellou Dalein Diallo.
M. Diallo, après avoir dénoncé des fraudes, avait finalement accepté les résultats définitifs et reconnu la victoire d'Alpha Condé.
De son côté, Jean-Marie Doré a estimé que le gouvernement qu'il avait dirigé depuis le début de l'année 2010 avait su "maîtriser et contenir toutes les turbulences pour mener le navire Guinée au port". Il a assuré qu'à aucun moment le peuple de Guinée ne "s'était départi de son soutien" à son gouvernement.
Ces derniers mois, M. Doré avait été très contesté par le camp du candidat Diallo et dans la presse. Il avait notamment été accusé d'avoir tout fait pour retarder l'organisation du second tour, qui avait finalement eu lieu quatre mois après le premier.
En attendant la mise en place du nouveau gouvernement, les ministre des Finances et de la Sécurité resteront en place pour "assurer leur intérim", selon M. Condé.
Dans un communiqué, le ministère de la Sécurité a annoncé dans la soirée : "Sur instruction du président, il est demandé aux ministres sortants et aux hauts cadres de l?Etat (...) de surseoir à tout déplacement hors du territoire national jusqu?à la nomination de leurs successeurs et la passation de service".
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