(Le Télégramme 04/12/2010)
C'est officiel : AlphaCondé, 72ans, est le nouveau président de la Guinée. En dépit des incertitudes et des violences qui ont émaillé les quatre mois de campagne électorale, il semble que la situation se soit enfin stabilisée dans le pays.
La Guinée sort de cinquante années de dictature ininterrompue, et c'est le premier scrutin qui se soit déroulé dans une transparence saluée par l'ensemble des observateurs internationaux. Né à Boké, en Basse-Guinée, Alpha Condé est malinké, bien que la région soit majoritairement soussou. Élève en primaire à Conakry, puis au «Séminaire», un collège religieux, il rejoindra à 15 ans, à Toulouse, le lycée Gambetta. Toulouse était, après Paris, l'antenne la plus importante de la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France (FEANF). Dès cette époque, il ira aux réunions de la FEANF et à celles du Parti communiste africain (PCA), dont presque tous les dirigeants vivaient à Toulouse.
Un ami de Kouchner
Son premier bac en poche, il monte à Paris et suit sa terminale au lycée Turgot. C'est là qu'il deviendra l'ami de Bernard Kouchner. Son engagement dans la lutte pour l'indépendance de son pays et de toutes les colonies en Afrique est alors entier. Il sera un partisan de Sékou Touré et fêtera l'Indépendance de la Guinée en 1958. Docteur en Droit, professeur à La Sorbonne, il va très vite rompre avec le régime dictatorial de Sékou Touré, puis du général Conté, et s'affirmer comme un opposant irréductible de l'autoritarisme, de la violence, de la corruption. Contraint pendant plus de trente ans à vivre en exil, souvent dans la clandestinité, il sera condamné à mort par contumace en 1970, arrêté en décembre1998 et emprisonné vingt-neuf mois. En dépit de cet acharnement et des menaces de mort qui le visent, il parviendra à fonder le Rassemblement du peuple de Guinée, à être élu député et à s'imposer comme leader de l'opposition. Également candidat en1993 et1998 à l'élection présidentielle, il sera obligé de se retirer. En prenant la tête de la Guinée, Alpha Condé devra relever un défi digne de Sisyphe: consolider la démocratie, changer radicalement les pratiques de gouvernement, atténuer les tensions ethniques et, enfin, redynamiser une économie exsangue.
Jean Bothorel vient de publier un livre d'entretiens avec Alpha Condé, «Un Africain engagé», aux éditions Jean Picollec.
Jean Bothorel
© Copyright Le Télégramme
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire