samedi 4 décembre 2010

Côte d'Ivoire - L'ONU, Obama et Sarkozy appellent Gbagbo à s'incliner

(Le Parisien 04/12/2010)
La plus grande confusion règne depuis jeudi soir en Côte d'Ivoire, où Laurent Gbagbo et l'opposant Alassane Ouattara se disputent la victoire à la présidentielle. Vendredi soir, l'ONU, les Etats-Unis, l'Europe et la France ont appelé le chef de l'Etat ivoirien sortant à s'incliner devant «la volonté du peuple». Ils ont formellement reconnu son rival Ouattara comme le président élu;
Jeudi, la Commission électorale indépendante (CEI) avait crédité Ouattara de 54,1% des voix, résultats aussitôt invalidés par le Conseil constitutionnel, proche de Gbagbo.
Vendredi après-midi, ce dernier a annoncé la victoire définitive du chef de l'Etat sortant à l'élection du 28 novembre avec 51,45% des suffrages, accusant l'opposition de manœuvres frauduleuses dans les départements du nord du pays.
L'ONU félicite Ouattara
Alors que les partisans du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) d'Alassane Ouattara dénonçaient un putsch, le secrétaire général de Nations unies, Ban Ki-Moon a officiellement «félicité Alassane Ouattara (...) pour son élection et demande au président élu de travailler pour une paix durable, la stabilité et la réconciliation en Côte d'Ivoire». Auparavant, le représentant onusien en Côte d'Ivoire, Youn-jin Choi, avait assuré que le scrutin s'était «globalement déroulé dans une atmosphère démocratique». La chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, a emboîté le pas à l'ONU.
L'appel d'Obama et de Sarkozy
 son tour, Nicolas Sarkozy a lancé «au président Laurent Gbagbo et à tous les responsables civils et militaires ivoiriens pour qu'ils respectent la volonté du peuple, s'abstiennent de toute initiative de nature à provoquer la violence et coopèrent à l'établissement durable de la réconciliation, de la paix et de la stabilité en Côte d'Ivoire». Dans un second communiqué, l'Elysée précise que le chef de l'Etat s'est entretenu avec Ban Ki-moon, Gbagbo et Ouattara», sans préciser le contenu de ces conversations.
Interrogé vendredi sur la situation de la communauté française en Côte d'Ivoire, le porte-parole du Quai d'Orsay; Bernard Valero a répondu :«Nous sommes très vigilants». Mercredi, la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, avait estimé qu'il n'y avait pas de raison d'être inquiet pour les ressortissants français, malgré la tension post-électorale.
Le président des Etats-Unis, Barack Obama, a lui aussi félicité Alassane Ouattara «pour sa victoire» .«La Côte d'Ivoire est désormais à la croisée des chemins. J'appelle toutes les parties, dont le président sortant Laurent Gbagbo, à reconnaître et respecter ce résultat.»
«On s'en fout de l'ONU, on s'en fout des Blancs»
La décision des Nations unies a été très mal accueillie par la présidence ivoirienne. Un des proches conseillers de Gbagbo a accusé Youn-jin Choi, le représentant local de l'ONU de devenir «un agent de déstabilisation» encourageant aux «violences» et non «un agent de paix». L'ambassadeur ivoirien auprès de l'organisation mondiale a menacé
de demander le «départ immédiat» du fonctionnaire international.
Reste à savoir comment les choses vont évoluer en Côte d'Ivoire où les frontières ont été fermées jeudi soir par l'armée et où la diffusion de chaînes étrangères a été interdite. Cette élection, qui était censée mettre fin à une décennie de crise dans ce pays coupé en deux entre un sud loyaliste et un nord aux mains d'une l'ex-rébellion depuis un putsch raté contre Laurent Gbagbo en 2002, risque de provoquer des affrontements, voire une guerre civile.
Dans des quartiers populaires d'Abidjan, des partisans d'Alassane Ouattara ont dressé vendredi des barricades et brûlé des pneus. «On nous vole notre victoire !», criait l'un d'eux. Mais respectant le couvre-feu mis an place au moins jusqu'à dimanche, ils sont finalement rentrés chez eux avant 20 heures. Des incidents faisant plusieurs blessés avaient éclaté dans la matinée. Dans le bastion d'Alassane Ouattara, à Bouaké (où les résultats ont été invalidés par le Conseil constitutionnel), des avaient dressé des barricades en différents points de la ville, en scandant «Gbagbo voleur». Elles ont été enlevées en fin de journée.
Mais à Yopougon, dans le fief du chef de l'Etat à l'ouest du pays, ses inconditionnels avaient exulté aux cris de «Gbagbo président» et «on a installé Gbagbo». «On s'en fout de l'ONU, on s'en fout des Blancs», lançaient quelques-uns après la déclaration de Ban Ki-moon.

Leparisien.fr
04.12.2010
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