(Ouest-France 03/12/2010)
La tension montait, hier soir, dans le pays. Le Conseil constitutionnel, à la solde du chef de l'État,rejette le résultat de la présidentielle, remportée par l'opposant Alassane Ouattara avec 54,1 % des suffrages.
La présidentielle menace de virer au scénario catastrophe, en Côte d'Ivoire. Hier soir, l'armée a annoncé la fermeture de toutes les frontières « jusqu'à nouvel ordre ». Les chaînes d'informations étrangères ont été suspendues. Quelques heures plus tôt, l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara, 68 ans, avait été déclaré vainqueur de l'élection.
Selon la Commission électorale indépendante, l'opposant obtient 54,1 % des voix, contre 45,9 % au chef de l'État sortant, Laurent Gbagbo. Le président de la CEI, Youssouf Bakayoko a donné lecture du résultat dans l'après-midi, devant une poignée de journalistes, à l'hôtel Ivoire, un établissement du nord d'Abidjan qui abritait une partie de l'équipe de campagne de Ouattara.
Ce résultat, Gbagbo le rejette. « Il est sans validité juridique », affirmait, hier soir, le directeur de campagne du vaincu, Pascal Affi N'Guessan. Motif : le délai imparti à la CEI pour publier les résultats ayant expiré mercredi à minuit, Bakayoko n'avait plus compétence pour proclamer quoi que ce soit. C'est désormais au seul Conseil constitutionnel qu'il revient de valider l'élection.
Huit tués à Abidjan
Peu après le président du Conseil constitutionnel, Paul Yao N'dré, un membre du Front populaire ivoirien de Gbagbo, déclarait à la télévision que le résultat n'est « pas valable ». Le Conseil dispose de sept jours pour examiner d'éventuels recours. Et des recours, il y en a : le FPI exige l'annulation pure et simple du scrutin. Ses électeurs, clame-t-il, n'ont pu accéder aux bureaux de vote dans le nord du pays, contrôlé par l'ex-guérilla des Forces nouvelles depuis la tentative de putsch de 2002.
Alassane Ouattara gardait le silence, hier soir, face à ce qui ressemble à une « entourloupe » juridique. L'ancien Premier ministre a tout à craindre d'un dérapage. Il justifierait l'intervention des forces armées, contrôlé par Laurent Gbagbo, et la suspension de tout le processus électoral. Dans la nuit de mercredi à jeudi, l'attaque d'une permanence du Rassemblement des républicains (RDR), le parti de Ouattara, dans le quartier de Yopougon, s'était soldée par huit morts.
Le camp Ouattara semble miser, pour l'heure, sur la pression internationale. C'est elle qui a forcé Gbagbo a organiser ce scrutin. C'est elle qui a obligé le Président à accepter la candidature de Ouattara, un musulman du Nord écarté des précédents scrutins, la classe politique du Sud mettant en doute son « ivoirité ».
Hier soir, l'ambassadrice américaine auprès de l'Onu, Susan Rice, déclarait le Conseil de sécurité prêt à prendre « les mesures appropriées » contre quiconque entraverait le processus électoral. Un avertissement on ne peut plus clair à Laurent Gbagbo.
Ouest-France
vendredi 03 décembre 2010
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