(Le Nouvel Observateur 23/12/2010)
L'interdiction de visa décidée par l'Union européenne à l'encontre du président autoproclamé et de 18 proches est entrée en vigueur mercredi, en attendant l'adoption d'autres sanctions.
L'Union européenne a réclamé mercredi 22 décembre le départ immédiat de Laurent Gbagbo, à l'occasion de l'entrée en vigueur d'une première série de sanctions contre le président autoproclamé ivoirien et son entourage qui pourraient être élargies et renforcées prochainement.
Dans une déclaration diffusée mercredi soir, Maja Kocijancik, porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, a souligné qu'il importait "que la passation de pouvoir prenne place sans délai et sans autres préalables", la victoire d'Alassane Ouattara aux élections présidentielles ne pouvant être "soumise à une quelconque nouvelle évaluation ni remise en cause".
"Le seul dialogue possible est celui qui permettrait le respect du résultat de l'élection et la passation effective du pouvoir", a souligné la porte-parole.
L'UE a également insisté "sur la levée du blocage de l'hôtel" où se trouvent Alassane Ouattara et les membres de son gouvernement, et réclamé qu'ils "puissent exercer leur liberté de mouvement, y compris l'accès aux bâtiments officiels et à la radio-télévision ivoirienne".
Au moins 50 mortsLa situation en Côte d'Ivoire se dégrade depuis plusieurs jours alors que Laurent Gbagbo est de plus en plus isolé par la communauté internationale qui a reconnu la victoire de son adversaire Alassane Ouattara à la présidentielle du 28 novembre. Les violences dans le pays ont fait au moins 50 morts, selon l'Onu.
L'UE n'a pas été convaincue par la "main tendue" par Laurent Gbagbo mardi soir dans un discours télévisé à son rival, estimant, selon des diplomates européens, qu'il s'agissait d'un "faux message d'apaisement" en contradiction totale avec les agissements du camp pro-Gbagbo.
L'interdiction de visa décidée par l'UE à l'encontre de Laurent Gbagbo et de 18 membres de son entourage, est entrée en vigueur mercredi à la mi-journée, en attendant l'adoption prochaine de gels de leurs avoirs, en préparation.
Y figurent notamment l'épouse légale de Laurent Gbagbo, Simone, ainsi que son épouse coutumière Nadiana - dite "Nady" - Bamba, ainsi que des membres du premier cercle du pouvoir comme Désiré Tagro, ex-ministre de l'Intérieur devenu secrétaire général de la présidence ou Pierre Brou Amessan, patron de la radio-télévision d'Etat RTI.
Pression sur l'entourage de GbagboIls y côtoient le chef de la Garde républicaine, le général Dogbo Blé, et celui du Cecos (unités spéciales), le général de gendarmerie Georges Guiai Bi Poin, qui sont accusés par les pro-Ouattara d'être derrière certaines des exactions rapportées ces derniers jours, par l'Onu notamment.
Selon des diplomates européens, la liste, qui s'ajoute à une première liste de trois noms cibles depuis 2006 de gels d'avoirs et d'interdictions de visas, est "évolutive" et peut être élargie ou réduite en fonction du comportement des uns et des autres responsables du camp Gbagbo sur place.
Selon un diplomate, l'UE espère ainsi "faire vaciller le pouvoir" de Laurent Gbagbo en faisant pression sur son entourage, dans l'armée notamment.
15.000 Français sur place
Alors qu'une évacuation des quelque 17.000 ressortissants de l'UE sur place -dont quelque 15.000 Français- n'est "pas à l'ordre du jour", selon des diplomates, plusieurs pays comme la France, l'Allemagne ou la Belgique ont conseillé à ceux qui le pouvaient de quitter au moins provisoirement le pays.
En parallèle, la Commission européenne a débloqué mercredi 5 millions d'euros pour faire face à un afflux de réfugiés dans les pays voisins de la Côte d'Ivoire.
Jusqu'à présent, quelque 11.000 Ivoiriens, dont la majorité sont des femmes et des enfants, ont fui vers le Liberia, la Guinée et le Ghana, selon Bruxelles. Les fonds débloqués pourraient permettre de venir en aide à 100.000 personnes.
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