mercredi 4 août 2010

RDC - Campagnes électorales anticipées. 2011 : pouvoir et opposition à couteaux tirés !

(La Prospérité 04/08/2010)
*La bataille pour le maintien ou l’alternance au pouvoir s’annonce imprévisible en RD-Congo. 2011 sera totalement une année différente des autres. Les électeurs l’ont compris. Les politiciens aussi. Voilà qui pousse ces derniers à anticiper la campagne électorale, avant le premier coup de sifflet de la CENI. Les chaînes des télévisions sont envahies à longueur de journées par les partisans du maintien et ceux de l’alternance, chaque camp se prévalant de ses atouts, s’évertuant en même temps à dénigrer l’autre. Hier, devant les professionnels des médias, le porte-parole du Gouvernement, M. Lambert Mende Omalanga a rappelé la mesure d’interdiction de tout message de propagande électorale en dehors de la période de la campagne électorale telle que fixée par la CENI. Mais bien avant, la note circulaire du Ministre de la Communication et Médias avait soulevé un tollé du côté de l’opposition qui, elle, estime que c’est la majorité au pouvoir qui a privatisé la chaîne nationale pour les besoins de sa propagande qu’elle a lancée, à travers notamment, les quelques réalisations des chantiers. Dans l’opinion, l’on note toutefois qu’il sera très difficile de contenir les ardeurs des uns et des autres à l’approche des échéances. Surtout avec la floraison des radios et télés appartenant, pour la plupart, aux chefs des partis politiques. Vite le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel ! Découvrez, dans cette édition, l’exposé intégral du Ministre Mende, lors du point de presse qu’il a animé hier, en rapport avec les questions d’actualités en RD-Congo. POINT DE PRESSE DU GOUVERNEMENT PONTS SAILLANTS I. LE NAUFRAGE DU HB YEDU A LONGOLI – MANGUTUKA (FLEUVE CONGO) Dans la nuit de mardi 27 à mercredi 28 juillet 2010, s’est produit un naufrage sur le fleuve Congo en amont de Maluku (et non sur la rivière Kasaï) qui a entraîné la disparition et la mort de dizaines de personnes. Une « baleinière » dénommée HB Yedu, en provenance de Vanga dans le Kwilu en province du Bandundu, a chaviré avec corps et biens. Cet accident déploré sur nos eaux fluviales, a braqué les projecteurs des médias étrangers sur la RD Congo. Pas toujours pour compatir aux malheurs des familles congolaises éprouvées, mais souvent pour peindre en noir notre jeune nation et ses efforts de reconstruction. Avec une certaine légèreté, les faits ont été exagérés dans le but apparent d’entretenir cette image catastrophique de la RD Congo que certains médias diffusent avec délectation aux quatre vents pour des raisons évidentes. En dehors du fait qu’une embarcation a chaviré dans la nuit du mardi à mercredi la plupart des informations livrées à l’opinion par les grands médias du monde à ce sujet sont erronées. Parce que selon les informations disponibles auprès des services des ministères des Transports et Voies de communication et des Affaires Humanitaires du Gouvernement Central ainsi que des provinces de Kinshasa (lieu de l’accident) et du Bandundu (origine de l’embarcation), et le lieu de l’accident et le nombre de victimes communiqués sont faux. L’embarcation naufragée le mercredi 28 juillet est en effet partie de Vanga, dans le district du Kwilu au Bandundu. Elle transportait à son bord des marchandises, des produits agricoles et 135 personnes, aussi bien les passagers ayant payé que les « fraudeurs » identifiés et comptés après le départ de la baleinière, selon le capitaine qui a survécu au drame, contrairement aux informations selon lesquelles tout le monde aurait péri dans ce naufrage. C’est près de Longoli sur le fleuve Congo, à quelques kilomètres d’un petit port de l’Onatra nommé Mangutuka, que le naufrage a eu lieu. Pas sur la rivière Kasaï qui est un affluent du fleuve. Sur les 135 passagers, 86 qui se sont agrippés tant bien que mal à des objets flottants, ont survécu. Ils ont été pour la plupart conduits à Maluku siège de la commune la plus proche des lieux par les soins des autorités provinciales de Kinshasa. Certains d’entre eux ont d’ores et déjà regagné leurs familles à Kinshasa ou au Bandundu. Sur les 49 personnes qui ne sont pas arrivées à Maluku, il a été signalé 7 morts dont un enfant dont les corps ont été repêchés aux environs de Maluku. Dans les jours qui ont suivi le naufrage, 10 ont été retrouvés à Kinsuka soit 17 morts confirmés qui ont été inhumés par les soins de la municipalité de Kinshasa. Les autres passagers, soit 36 personnes, n’ont pas encore été retrouvés et sont donc portés disparus jusqu’à preuve du contraire. Il y a fort à craindre qu’ils ne soient morts noyés mais il n’est pas exclu que certains aient été secourus sans le signaler aux services compétents. Il n’y a donc jamais eu 140 pertes en vies humaines dont il a été question sur certains médias. A cet égard, on peut déplorer que la presse nationale, plus proche des services compétents pour ce type de problèmes que la presse étrangère, se soit laissée aller à relayer les nouvelles catastrophiques diffusées par les médias étrangers sur un événement qui se déroulait dans la ville – Province de Kinshasa. On a noté, néanmoins, une exception que la tutelle ne peut pas ne pas féliciter. C’est le travail courageux réalisé par la chaîne Télé 7 qui a dépêché à ses risques et périls un reporter sur les lieux du drame, le seul à avoir ramené ce triste événement à ses justes proportions. Il n’y a pas de doute sur la propension, viscérale, de certains médias étrangers à véhiculer une image apocalyptique de la RD Congo. Un accident fluvial s’est produit sur notre fleuve. Ces médias ont déversé des tonnes de (faux) reportages sur les morts. Mais sont restés muets sur les survivants qui ont tout perdu de leurs petits commerces, et qu’il faut maintenant rapatrier auprès des leurs à Vanga au Bandundu. C’est de ces compatriotes que M. le Ministre des Affaires Sociales, Humanitaires et Solidarité Nationale vous entretiendra bientôt. II. L’OPERATION RUWENZORI CONTRE L’ADF – NALU AU NORD – KIVU Dans le but de mettre fin, une fois pour toutes, aux atrocités infligées aux paisibles populations congolaises du Grand Nord congolais par les terroristes du groupe armé ougandais ADF-NALU, le Chef de l’Etat en sa qualité de Commandant Suprême des FARDC a approuvé l’Opération Ruwenzori qui est en train d’être conduite par le Commandant de nos forces au Nord-Kivu. Cette offensive vise à libérer l’espace des territoires de Beni et Lubero de l’étreinte criminelle de ces bandes armées qui doivent être désarmées et arrêtées, rapatriées ou, à défaut neutralisées. Elle est la réponse du Gouvernement et du Haut Commandement militaire congolais à une série terrifiante d’exactions, pillages, extorsions, vols et viols commis au cours de ces derniers mois par ces rebelles étrangers au préjudice de notre peuple. Le Gouvernement ne partage pas le point de vue de ceux qui pensent qu’il faut rester les bras croisés face au martyre imposé à nos populations sous prétexte d’éviter les dommages collatéraux. Nous avons pris les mesures qui s’imposent pour réduire autant que faire se peut les souffrances de la population à la suite de cette opération de sécurisation. D’aucuns parmi les médias dits globaux n’ont pas trouvé mieux que d’instrumentaliser cette agression de rebelles ougandais de l’ADF-NALU contre notre peuple pour tourner la RD Congo en dérision. Un quotidien de grande audience dans le Nord de la Belgique a ainsi annoncé le plus sérieusement du monde que l’organisation terroriste Al Qaeda opérerait déjà dans le Grand Nord congolais. Il faut juxtaposer cette fausse allégation (l’ADF-NALU écumait cette partie de notre pays des décennies avant la création d’Al Qaeda, mais ce label présente pour ce journal l’avantage de faire fantasmer l’opinion occidentale et particulièrement les investisseurs qui penseraient à venir dans notre pays) avec les pressions exercées sur le Gouvernement pour s’abstenir de toute action par ceux qui prétendent protéger la population civile en laissant les terroristes tranquilles pour bien saisir leurs véritables motivations. On a de plus en plus du mal à saisir la rationalité de ceux qui plaident pour l’inaction des FARDC face à ce groupe armé étranger mais s’abstiennent de prêter main forte aux actions « soft » d’une ONG congolaise comme le PAREC qui a réussi à obtenir le désarmement volontaire et la relocalisation de plus de 350 rebelles rwandais des FDLR avec des maigres moyens mis à disposition par le Chef de l’Etat et le Gouvernement. Le Gouvernement s’était félicité en 2006 lorsque menant un projet de désarmement d’un groupe armé national près de Moba au Katanga le PAREC a reçu un appui très apprécié de la MONUC (MONUSCO) à l’époque. Notre souhait est de voir le PAREC qui, avec le seul appui du Gouvernement, est en train de réussir de manière significative ce type d’action au Nord-Kivu, recevoir d’autres soutiens substantiels pour cette action qui mérite d’être soutenue. A titre d’illustration, j’informe l’opinion de ce qu’à la suite d’une réunion entre les autorités congolaises, leurs homologues du Rwanda et le PAREC qui vient de se tenir à Goma, un groupe de 41 FDLR démobilisés volontaires seront rapatriés tout aussi volontairement dans leur pays le 18 Août prochain. III. L’INTERDICTION DE LA PROPAGANDE ELECTORALE ANTICIPEE DANS LES MEDIAS Il y a quelques jours, le Ministère de la Communication et des Médias a rappelé dans une note circulaire adressée aux opérateurs des médias l’interdiction légale de tout message de propagande électorale en dehors de la période de la campagne électorale telle que fixée par la Commission Electorale Nationale Indépendante. Ce rappel avait été rendu nécessaire à la suite d’un rapport de nos services de Monitoring selon lequel un certain nombre de médias audiovisuels (pas tous) se permettaient de diffuser des messages de propagande électorale en rapport avec les scrutins de 2011. Il s’agit ni plus ni moins d’une violation de la loi en vigueur en la matière qui fixe la période autorisée pour la campagne électorale entre trente jours au maximum avant la date du scrutin et vingt-quatre heures avant cette date. J’ai constaté non sans surprise que cette mise en garde adressée exclusivement aux opérateurs des médias qui relèvent de la tutelle du Ministère de la Communication et des Médias a déjà provoqué des réponses tonitruantes de certaines personnalités s’exprimant pour le compte des partis politiques qui n’ont nullement été interpellés par ma note circulaire pour la simple raison que les partis politiques relèvent du Ministère de l’Intérieur. Je voudrais donc saisir l’opportunité que m’offre ce point de presse pour réitérer cette mise en garde aux opérateurs des médias qui doivent bien noter qu’il n’y a aucune forme d’exception lorsqu’il s’agit d’appliquer les lois de la République. IV. LE POINT D’ACHEVEMENT DE L’IPPTE ET LE CLIMAT DES AFFAIRES EN RDC Grâce à une discipline librement consentie par les différentes couches de la population congolaise sollicitées par le Président et le Gouvernement de la République, et à l’amélioration du climat des affaires, notre pays est parvenu début juillet 2010 à atteindre le point d’achèvement de l’IPPTE et à se débarrasser d’une partie substantielle de la dette odieuse contractée dans le passé et qui hypothéquait tous nos efforts de décollage économique. 10 milliards sur les 13 milliards de l’encourt global de cette dette qui représentaient 125% de notre Produit Intérieur Brut nous ont donc été remis, ramenant notre endettement à près de 3 milliards, soit un taux de 25% du PNB, ce qui marque une sacrée différence. Beaucoup de choses ont été dites à cet égard, notamment sur les initiateurs de ce développement heureux après lequel la plupart des dirigeants qui se sont succédés à la tête de notre pays ont couru en vain jusqu’au 1er juillet dernier et sur les rumeurs faisant état d’une persistance en RD Congo d’un climat défavorable aux affaires. En félicitant l’ensemble des Congolais pour avoir accepté de bon cœur les sacrifices que nécessitaient les critères à rencontrer pour atteindre enfin le point d’achèvement de l’IPPTE, il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de reconnaître que le grand mérite en revient au Président Joseph Kabila et au Gouvernement Muzito qui ont eu la force de demander et maintenir vaille que vaille lesdits sacrifices à tous. Ce fut loin, très loin, d’être chose aisée, raison sans doute pour laquelle personne n’avait réussi à mener une telle action jusqu’au bout auparavant. Le dire n’équivaut pas à rabaisser ou galvauder les autres apports de toute nature. Les tentatives du gouvernement canadien et de certains de ses alliés de circonstances d’empêcher l’atteinte du point d’achèvement de l’IPPTE n’avaient manifestement pas grand chose à voir avec les conditionnalités requises au titre de cette initiative que la RD Congo s’était fait de remplir. Il s’agissait, à notre point de vue, d’exigences superfétatoires par lesquelles un pays membre du Conseil d’Administration du FMI tentait de mettre à profit le débat sur la conclusion de l’IPPTE pour donner l’avantage à des intérêts privés dans le règlement d’un contentieux entre lesdits intérêts et le Gouvernement de la RDC. En droit cela s’appelle conflit d’intérêts (définition). V. LES INQUIETUDES DE LA VOIX DES SANS VOIX ET D’AMNESTY INTERNATIONAL Un communiqué de l’Ong « la voix des sans voix » (VSV) daté du jeudi 29 juillet dernier alerte sur la situation d’insécurité dans laquelle se trouveraient la veuve Chebeya et les enfants de l’infortuné Directeur de la VSV. Il appert, dans ce texte, des malentendus que le Gouvernement se fait l’obligeance d’élucider. En effet, ledit communiqué s’inquiète de la présence mercredi 28 juillet dernier devant la résidence de feu Floribert Chebeya, d’un véhicule aux vitres teintées à 14h00, puis de deux véhicules dont la première vers 19h00 et 20h00. Ce constat fonderait ainsi le sentiment d’insécurité de la part de la famille Chebeya et des membres de la VSV qui parlent de « visites insolites ». La VSV demande aux pouvoirs publics d’assurer la sécurité de la veuve et des enfants du défunt Floribert Chebeya parce qu’elle les estimait en danger, on ne peut que s’étonner de voir que quand des mesures concrètes sont prises pour ce faire, c’est la même VSV qui est la première à alarmer l’opinion sans plus en référer à ceux à qui ils ont demandé protection. Dans la pratique, les services compétents répondent à ce genre de demande qui est tout à fait légitime par une gamme variée de modalités appropriées selon les circonstances. Notamment, ils peuvent poster des agents à pied ou à bord de véhicules banalisés, même à l’insu du demandeur, pour accomplir leur tâche de sécurisation de celui-ci. Les services spéciaux qui ont été instruits pour prendre en compte la requête de la VSV et de la famille Chebeya relayée du reste par quelques diplomates en poste à Kinshasa font leur travail. Nous devons donc appeler les membres de la VSV à garder leur calme. Cela étant dit, le Gouvernement déplore la tendance de certaines ONG à proclamer des gens coupables de certains crimes sans en avoir la moindre preuve de même que l’habitude de supputations infondées que l’on diffuse comme une information vérifiée. C’est le cas de l’affirmation selon laquelle l’inspecteur Général suspendu de la PNC continuerait « à diriger la police à partir de sa résidence » ou qu’il aurait toujours la « haute main » sur le fameux « bataillon Simba ». On a même pu lire : « Après avoir tué le chef de famille, Numbi et ses hommes du fameux bataillon se considèrent-ils tout permis pour s’en prendre par la suite à la veuve et aux enfants Chebeya ? ». Les membres de la VSV, comme toute personne, ont le droit d’émettre des hypothèses face aux phénomènes qu’ils analysent, mais ils ont également, comme tout le monde, l’obligation de respecter les grands principes qui fondent le droit judiciaire congolais, à savoir la présomption d’innocence. Le Gouvernement réitère ses admonitions sur l’obligation pour tous de respecter l’indépendance de la justice qui se trouve ainsi malmenée. Souhaiter soi-même l’arrestation d’une personne pour des motifs subjectifs peut se comprendre, mais prétendre dicter sa conduite à la Justice en lui exigeant d’arrêter tel ou tel en dehors de la rationalité propre au fonctionnement de ce corps est attentatoire à son indépendance et comme tel intolérable dans un Etat de droit. Le Gouvernement déplore également les allégations de l’ONG internationale Amnesty International, rendues par Madame Claire Morclette, qui prétend, à tort, que le procès sur l’affaire de l’assassinat le 31 juillet 2005 à Bukavu de Pascal Kabungulu, Secrétaire Exécutif de l’Ong « héritiers de la justice » qui avait commencé au niveau du tribunal militaire de garnison de Bukavu aurait été suspendu au bout de deux semaines et transféré au Conseil de guerre de garnison de Bukavu. La crainte d’Amnesty International serait que cinq ans après les faits, « les présumés assassins, libérés depuis, ne soient jamais jugés ». La vérité est que le dossier de l’activiste des droits de l’homme Pascal Kabungulu pris en charge au départ par la Justice militaire du Sud-Kivu a été transmis à l’Auditorat général, qui l’a transféré pour compétence au Parquet Général de la République à Kinshasa du fait de l’implication d’un Vice-Gouverneur de province, privilège de juridiction oblige (litispendance). Il est en cours. Le fait que le procès n’ait pas pris fin ne signifie nullement qu’il a été suspendu. De telles déclarations ne reflétant en rien la réalité reviennent trop souvent sur notre pays. Juxtaposées à d’autres du même genre entendues depuis quelques mois, elles donnent l’impression qu’elles ne visent qu’à coller à la justice congolaise l’image d’une justice « faillie », incapable de mener à bout des procès dont les activistes des droits de l’homme attendent beaucoup. Cette thèse, qui, si elle retenait une large adhésion, est susceptible de donner de la consistance au schéma de delégitimation des institutions de la RDC, en l’espèce ses cours et tribunaux. Faux débat s’il en est, puisque, par exemple, personne n’a jamais fait grief au TPIR ou aux Cours et Tribunaux partout ailleurs qui n’ont pas à ce jour conclu sur des affaires pendantes depuis plus de cinq ou dix ans.

La Pros.
© Copyright La Prospérité

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire